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Présidentielles France-2007


Sarkozy expose sa vision d'une réforme radicale de l'UE

Par Stephen Castle à Bruxelles
The Independent, publié le 9 septembre 2006

article original : "Sarkozy outlines his vision for radical EU reform"

Le favori français dans la course présidentielle, Nicolas Sarkozy, a placé l'Europe au cœur de sa campagne, appelant à un "mini-traité" pour remplacer la constitution européenne et mettre fin au droit de veto des Etats membres.

M. Sarkozy a exposé brièvement sa vision d'une Union Européenne intégrée et revigorée, avec des institutions réformées et simplifiées - mais, sans la Turquie comme Etat membre. "Nous devons dire qui est européen et qui ne l'est pas", a-t-il déclaré. "Il n'est plus possible de garder cette question ouverte".

Des ambitions à plus long terme incluent de nouveaux pouvoirs pour le président de la Commission Européenne dans le choix de son équipe de commissaires, ainsi que la création d'une garde avancée de pays élaborant une intégration plus étroite dans des secteurs-clés. Se préparant pour les élections présidentielles qui se tiendront en France l'année prochaine, M. Sarkozy a soutenu : "2007 sera le [cinquantième] anniversaire du Traité de Rome. Cela donnera l'occasion d'avoir un grand débat démocratique en France. Je n'ai aucune intention de laisser la question de l'avenir de l'Europe en dehors du débat ".

Le ministre de l'intérieur français a déclaré qu'il ne pouvait pas "cacher ses convictions européennes" et a avisé que, s'il est élu, il fera pression pour des réformes radicales.

M. Sarkozy, qui est le président du parti de centre-droit, l'UMP, a appelé pour la mise en place d'un nouveau traité dégraissé, dans les deux ans et sans recours au référendum. Cette idée va effrayer la plupart des politiciens britanniques - y compris Gordon Brown [le prétendant à la direction des Travaillistes et au poste de Premier ministre] - qui ont une préférence pour une approche tout en douceur de la réforme.

Mais la nature visionnaire du discours d'hier a causé un frisson d'excitation à Bruxelles, parce que M. Sarkozy semble avoir de plus en plus de chances de remporter la course présidentielle, l'année prochaine. Le dernier sondage d'opinion lui donne deux points d'avance sur Ségolène Royal, sa probable concurrente du centre-gauche. Elle est attendue à Bruxelles la semaine prochaine et elle est sous pression pour exposer sa propre politique européenne.

M. Sarkozy a déclaré au groupe de réflexion, les Amis de l'Europe, que des éléments-clés de la constitution européenne en panne devraient être votés rapidement, sans passer par un référendum. Avec des élections qui se profilent dangereusement dans 11 pays, dans les 10 prochains mois, M. Sarkozy pense que beaucoup de pays peuvent obtenir un mandat de leurs parlements, plutôt que par plébiscite, pour ratifier un traité dégraissé.

Bien qu'il le nomme "mini-traité", M. Sarkozy a suggéré d'y inclure des éléments substantiels, dont des changements dans le système de vote, la réduction des possibilités de veto, ainsi que la création d'un président permanent du Conseil de l'Europe et d'un ministre européen des Affaires Etrangères. Pour lui, des "réformes institutionnelles urgentes" de ce type sont nécessaires pour échapper à la crise "profonde", créée l'année dernière par les référendums français et néerlandais. Il a ajouté : "Tout ceci pourrait être négocié rapidement, sans rouvrir de débats politiques sur les questions qui ont déjà trouvé un compromis". Le calendrier envisagé signifierait que le mini-traité sera négocié l'année prochaine et ratifié d'ici fin 2008.

Des réformes à plus long terme seraient encore plus ambitieuses. M. Sarkozy a proposé d'abandonner le droit de veto et de créer une nouvelle catégorie de prise de décision pour les domaines sensibles comme la fiscalité, pour laquelle il a dénoncé le manque d'harmonisation. Dans ces domaines, une majorité "super-qualifiée" de 70-80% des voix serait requise pour l'emporter.

Dans une manœuvre qui inquiètera Westminster [le parlement britannique], M. Sarkozy a réitéré son hostilité aux ambitions de la Turquie de rejoindre l'UE. Les négociations avec Ankara devraient être suspendues, a-t-il déclaré, à moins que les Turcs ne respectent leur promesse d'ouvrir leurs ports et aéroports aux bateaux et avions de tous les pays de l'UE, y compris Chypre.

Traduit de l'anglais par [JFG-QuestionsCritiques]