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Renforcez le Traité de Non-Prolifération — ou Sinon…

14 mai 2005
par Gordon Prather


Une des accusations les plus hilarantes contre Bolton-le-dingue dit qu'il était récemment trop préoccupé à gagner sa confirmation, en tant qu'ambassadeur auprès des Nations-Unies, pour préparer la délégation américaine à la Septième Conférence de Révision du Traité sur la Non-Prolifération des armes nucléaires [TNP].

Ceux qui ont lancé cette accusation présument que Bush et Bolton veulent renforcer le TNP. Faux. Le renforcement du TNP lors de la 6ème Conférence de Révision, il y a cinq ans, fut trop important au goût de Bush et de Bolton,.

Le rapport final de cette 6ème Conférence de Révision commençait par réaffirmer les recommandations contenues dans la 5ème Conférence de Révision. Mais cela a pris aux délégués de la 7ème Conférence de Révision deux semaines rien que pour se mettre d'accord sur un programme, car la délégation américaine — conduite par Bolton et Rademaker, son subordonné, — refusait que le rapport final de la 6ème Conférence de Révision puisse être même discuté, et encore moins réaffirmé.

Le Brésilien Sergio Duarte, qui préside cette 7ème Conférence de Révision, affirme que le programme de la conférence, où "la révision sera conduite à la lumière des décisions et des résolutions prises lors des conférences précédentes, est conforme aux préoccupations des délégations qui ont souligné que les décisions prises lors des conférences de révision précédentes — et en particulier celles de 1995 et de 2000, sur un Moyen-Orient libéré des armes nucléaires et les '13 étapes pratiques' vers le désarmement — ne doivent en aucune sorte être réduites."

Le rapport de la 6ème Conférence de Révision affirmait entre autres :

" L'engagement sans équivoque de la part des États dotés d'armes nucléaires à parvenir à l'élimination complète de leurs armes nucléaires et par là même au désarmement nucléaire que tous les États parties se sont engagés à réaliser en vertu de l'article VI."

Désarmer ?

" L'importance et l'urgence de poursuivre le processus de signature et de ratification sans conditions et conformément aux procédures constitutionnelles afin de permettre l'entrée en vigueur, dans les meilleurs délais, du Traité d'interdiction totale des essais nucléaires."

Ratifier le Traité d'interdiction totale des essais nucléaires ?

"La [6ème] Conférence réaffirme que l'Agence [AIEA] est l'autorité compétente chargée de vérifier et d'assurer … le respect des accords de garantie … en vue de prévenir le détournement de l'énergie nucléaire destinée à des fins pacifiques pour fabriquer des armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires. … La Conférence croit fermement que rien ne doit être fait pour affaiblir l'autorité de l'AIEA à cet égard."

Ne pas récuser l'autorité de l'AIEA ?

"La [6ème] Conférence note que les Etats dotés d'armes nucléaires réaffirment leur engagement envers la résolution 984 (1995) du Conseil de sécurité des Nations Unies relative aux garanties de sécurité pour les Etats non dotés d'armes nucléaires Parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires."

Donner des assurances à l'Iran que les Etats-Unis ne l'attaquerons pas avec des armes nucléaires ?

Quiconque pense que Bush et Bolton veulent renforcer un traité qui comporte déjà de telles exigences pour les Etats-Unis est aussi fou que les Likoudniks.

Donc, le sous-fifre de Bolton, Rademaker, a dit à la Septième Conférence de Révision :

"Le TNP est fondamentalement un traité de sécurité mutuelle. Il est clair que la sécurité de tous les états membres dépend de l'adhésion ferme par toutes les parties aux normes de non-prolifération du traité. Les principaux bénéficiaires du traité sont les états membres qui ne possèdent pas d'armes nucléaires parce qu'ils peuvent être assurés que leurs voisins ne possèdent pas d'armes nucléaires.

"L'observance stricte des obligations de non-prolifération est essentielle à la stabilité régionale, à la prévention de la course à l'armement et pour empêcher que les ressources nécessaires au développement économique ne soient gaspillées dans la recherche déstabilisatrice et improductive de telles armes."


Attendez une minute. C'est quoi ce truc "pour empêcher les ressources d'être gaspillées"?

Vous avez bien entendu. C'est la position Bush-Bolton-Likoudniks selon laquelle l'Iran ne respecte pas les obligations du TNP parce qu'ils ont contracté avec la Russie pour construire une centrale nucléaire à Bushehr.

L'Iran est riche en pétrole. Donc, l'Iran n'a pas besoin de centrales nucléaires. C'est pourquoi, l'Iran doit avoir un programme d'armement nucléaire.

Ainsi, si le TNP n'empêche pas dès à présent les Iraniens de "gaspiller" des ressources dans des activités "économiquement improductives", alors il doit être modifié afin qu'il le fasse.

Et si la Septième Conférence de Révision refuse de faire cette modification, ainsi que quelques autres émanant de Bush et de Bolton, au TNP ?

Et bien, Rademaker suggère que la Septième Conférence de Révision approuve comme alternative l'Initiative de Sécurité contre la Prolifération, concoctée par Bush et Bolton.

L'Initiative de Sécurité contre la Prolifération est un effort global dont le but est de mettre fin partout dans le monde aux livraisons et aux systèmes de distribution d'ADM et matériels apparentés.

Annoncé par le Président Bush le 31 mai 2003, elle a pour origine la Stratégie Nationale de Lutte contre les Armes des Destruction Massive, émise en décembre 2002.

"Cette stratégie reconnaît qu'il faut des outils plus énergiques pour mettre en échec la prolifération des ADM à travers le monde, et identifie spécifiquement l'interdiction comme le domaine où il faudra insister le plus."

Des outils plus énergiques ? Tels que des attaques préventives contre des activités "économiquement improductives" en Iran ?

Restez branchés, surtout en juin et en juillet.


Le physicien James Gordon Prather était haut fonctionnaire en charge de "la mise en application des sujets techniques en relation avec la sécurité nationale"au sein de l'Agence Fédérale à l'Energie, de l'Administration à la Recherche et au Développement de l'Energie, du Ministère de l'Energie, du Secrétariat à la Défense et du Département de l'Armée. Le Dr Prather a aussi été l'assistant parlementaire pour les affaires de sécurité nationale du sénateur républicain de l'Oklahoma, Henry Bellmon — membre de haut rang de la Commission au Budget et membre de la Commission à l'Energie et aux Affectations du sénat. Le Dr Prather travaillait auparavant comme physicien en armes nucléaires au Lawrence Livermore National Laboratory de Californie et au Sandia National Laboratory du Nouveau Mexique.