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Le Recours Onusien Cinglé de Bush et de Blair

14 mai 2005
par Gordon Prather
© 2005 WorldNetDaily.com


Eh bien voilà, selon Reuters, la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne ont "prévenu" l'Iran jeudi dernier qu'ils vont "interrompre les pourparlers et rejoindre Washington dans la recherche d'une action par le Conseil de Sécurité des Nations Unies si Téhéran persiste dans sa menace de reprendre ses travaux atomiques."

Blair-le-caniche a déclaré promptement : "Nous soutiendrons certainement un recours devant le Conseil de Sécurité si l'Iran rompt ses promesses et ses obligations."

Quels pourparlers ? Quelles menaces iraniennes ? Quelles ruptures ? Quelles promesses iraniennes ? Quelles obligations iraniennes ?

En fait, les ministres des affaires étrangères français-britannique-allemand et iranien se sont rencontrés à Téhéran en octobre 2003 et ont fait savoir que le gouvernement iranien avait été "persuadé" de signer un Protocole Additionnel à ses Accords de Sauvegarde passés avec l'Agence Internationale à l'Energie Atomique et d'entamer immédiatement les procédures de ratification. En attendant, afin de "confirmer ses bonnes intentions", le gouvernement iranien s'est déclaré volontaire pour coopérer avec l'AIEA selon les termes du Protocole Additionnel.

En outre, même si l'Iran dispose du "droit inaliénable" — en tant que signataire du Traité sur la Non-Profilération des Armes Nucléaires — de développer l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, ce dernier a annoncé que — comme "mesure supplémentaire destinée à bâtir la confiance" — il suspendrait temporairement tout enrichissement d'uranium et toutes activités de transformation déjà planifiées ou en cours.

En novembre dernier, les ministres français-britannique-allemand — agissant comme agents de l'Union Européenne — ont entamé des "pourparlers" avec l'Iran en vue d'un "arrangement mutuel acceptable sur le long terme ".

Afin de construire cette plus grande "confiance", l'Iran avait décidé de poursuivre volontairement sa suspension temporaire de toutes activités de retraitement et celles relatives à l'enrichissement, pour y inclure :

· La fabrication et l'importation de centrifugeuses à gaz et leurs composants ;

· L'assemblage, l'installation, l'expérimentation ou l'exploitation de centrifugeuses à gaz ;

· Tout travail en vue de séparer le plutonium, ou de construire ou exploiter toute installation de séparation de plutonium ; et

· Toutes expérimentations ou production de toute installation de conversion d'uranium.

L'AIEA fut notifiée officiellement de cette suspension volontaire et fut invitée à en effectuer le contrôle et la surveillance. Le Conseil des Gouverneurs de l'AIEA fut officiellement notifié que la suspension volontaire par l'Iran ne constituait pas une obligation légale et serait respectée aussi longtemps que les pourparlers euro-iraniens se poursuivaient.

Qu'espéraient donc tirer les Européens de ces "pourparlers" ?

Essentiellement une "normalisation" des relations diplomatiques et économiques avec l'Iran, riche en gaz et en pétrole.

Et l'Iran ?

Eux aussi, voulaient la "normalisation" - la levée des sanctions économiques et de la menace de sanctions imposées pendant plus de vingt ans par les Etats-Unis sur les entreprises russes, chinoises, sud-américaines et européennes qui font des affaires avec l'Iran. Mais par dessus tout, l'Iran voulait une "reconnaissance" tangible par l'UE de leur "droit inaliénable", selon le TNP, de recourir à l'énergie nucléaire à des fins pacifiques.

En fin de compte, l'Iran était en quête de garanties de la part de l'UE afin que ses activités et ses installations "nucléaires" pacifiques soient à l'abri d'attaques ou de destruction.

Alors, bien que Reuters "rapporte" que l'UE rompt les "pourparlers" à cause de la "menace" iranienne de reprendre — ce qui faisait l'objet de leur Accord de Sauvegarde passé avec l'AIEA — la conversion de tetrafluorure d'uranium en hexafluorure d'uranium, il semble plus probable que ce soit l'Iran qui rompe les pourparlers parce que l'UE n'a pas réussi à surmonter les objections américaines pour établir des relations diplomatiques et commerciales normales avec l'Iran, et encore moins à donner des garanties aux Iraniens contre des attaques préventives américaines ou israéliennes.

Que se passe-t-il après ?

Eh bien, les Iraniens se retourneront probablement à la fois vers la Russie et la Chine pour obtenir la reconnaissance "tangible" de leurs droits inaliénables, en même temps qu'une protection contre des attaques préventives américaines ou israéliennes.

Et l'UE dans tout cela ?

Eh bien, le Président Bush — qui n'a même pas pris part à ces "pourparlers" — dit qu'il va porter devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies le fait que l'Iran a décidé de reprendre certaines activités soumises au Protocole Additionnel — suspendues volontairement et temporairement. Et Blair-le-caniche dit qu'il soutient ce "recours".

C'est encore plus cinglé que lorsque Bush-Bolton exigeaient plus tôt dans l'année que le Conseil de l'AIEA rapporte au Conseil de Sécurité Onusien le "programme d'armes nucléaires" qu'ils prétendaient être poursuivi par l'Iran et que le Directeur Général El-Baradei cherchait en Iran depuis deux ans sans trouver la moindre preuve.

Au moins, il y a une disposition dans le statut de l'AIEA — réaffirmée lors de la Conférence de Révision du TNP de 2000 — pour que Bush-Bolton agissent ainsi :

La Conférence réaffirme que l'Agence est l'autorité compétente chargée de vérifier et d'assurer, conformément à son statut et à son système de garanties, le respect des accords de garanties qu'elle a conclus avec les États parties …

Les États parties qui craignent que d'autres États parties ne respectent pas les accords de garanties conclus conformément au Traité devraient faire part de leurs préoccupations à l'AIEA, avec preuves et éléments d'information à l'appui, afin que celle-ci examine la situation, fasse une enquête, établisse des conclusions et décide des mesures à prendre conformément à son mandat.


Le physicien James Gordon Prather était haut fonctionnaire en charge de "la mise en application des sujets techniques en relation avec la sécurité nationale"au sein de l'Agence Fédérale à l'Energie, de l'Administration à la Recherche et au Développement de l'Energie, du Ministère de l'Energie, du Secrétariat à la Défense et du Département de l'Armée. Le Dr Prather a aussi été l'assistant parlementaire pour les affaires de sécurité nationale du sénateur républicain de l'Oklahoma, Henry Bellmon — membre de haut rang de la Commission au Budget et membre de la Commission à l'Energie et aux Affectations du sénat. Le Dr Prather travaillait auparavant comme physicien en armes nucléaires au Lawrence Livermore National Laboratory de Californie et au Sandia National Laboratory du Nouveau Mexique.




Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jean-François Goulon