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La Chine et l'enfant unique

repris de radio86.fr, le 30 mars 2008 [*]


C'est au cours des années 70 que la Chine commence à insérer dans son discours des "conseils" sur la natalité. Aujourd'hui, de nombreux démographes sont encore divisés sur la réelle nécessité de cette politique. Comment et pourquoi cette politique a-t-elle été installée ? Quels ont été les moyens employés pour la faire respecter ? Où en est la Chine dans sa politique ?

La "naissance" de cette politique

Lorsque les communistes ont pris le pouvoir en 1949, la Chine compte environs 560 millions d'habitants. La mentalité chinoise à l'égard des enfants était la suivante : " Plus de bras, plus de force". Le taux de fécondité est à ce moment de 5,7 enfants par femmes. Dans les années soixante-dix, le gouvernement crée un planning familial afin de limiter la surpopulation du pays dans les années futures. La politique de l'enfant unique n'existe pas encore. Ce planning ne se contentant que de favoriser les ralentissements des naissances par des encouragements à n'avoir un deuxième enfant qu'après un intervalle de quatre ans et en encourageant les reports de mariage et de naissances.

En 1978, Deng Xiaping fixe que le nombre de chinois ne doit pas dépasser 1,2 milliard avant l'an 2000. C'est en 1979 que le gouvernement chinois crée la politique de l'enfant unique. Le slogan de celle-ci est "un couple, un enfant". Cette politique ne se contente plus de conseil, mais a force de loi. Elle figure, depuis 1982, dans la constitution chinoise.

Les méthodes d'application de cette mesure

D'un côté les autorités chinoises tentent de favoriser leur politique par des contrats passer les citoyens pour qu'ils s'engagent à n'avoir qu'un seul enfant. Parallèlement, il diffuse beaucoup d'informations sur les moyens contraceptifs. D'un autre côté, les couples ne respectant pas la norme se voient octroyer une majoration fiscale, ils peuvent perdre leur emploi et, ou, subir une honte sociale. Le gouvernement augmentera aussi l'âge légal du mariage.

Malheureusement, d'après Amnesty International, le gouvernement chinois ne s'est pas contenté de ces méthodes. Les couples se mettant hors la loi étaient fortement réprimés. Pour l'organisation internationale, ces exactions se constituaient d'incendies de maison et d'exécutions. Mais aussi, contre les femmes, de stérilisations et d'avortements forcés.

Le développement historique de cette politique.

Rencontrant une forte résistance de la population, ainsi qu'un fort mécontentement des activités du parti, cette loi a connu plusieurs assouplissements.

En 1984, dans la campagne, le gouvernement autorise une deuxième naissance dans le cas premier enfant est une fille. De plus, les couples issus de minorités ethniques sont autorisés à avoir 3 ou 4 enfants. Une dizaine d'années plus tard, en 1997, les autorités accordent le droit aux couples citadins, composés de deux enfants uniques, de pouvoir avoir deux enfants. Les couples désirant avoir plusieurs enfants y sont autorisés, depuis 2002, sous condition de payer une taxe de 600 euros par naissance. Pour sa part, l'État chinois a versé une prime de 120 euros, en 2004, à tous les couples qui ont eu une fille et qui ont respecté la loi.

Aujourd'hui

Les résultats sont les suivants. Cette politique a fait chuter le taux de fécondité à 1,8 enfant par femmes et a évité 400 millions de naissances. Officiellement, la Chine compte 1,3 milliard d'individus, ce qui correspond aux prévisions de Deng Xiaoping.

Néanmoins, cette loi a eu de nombreux effets pervers. Tout d'abord, le rapport hommes - femme est disproportionné avec un taux de 117-120 hommes pour 100 femmes (le rapport mondial étant de 103-107 hommes pour 100 femmes). Ensuite, elle a conduit certaines populations campagnardes, qui ont besoin de bras pour travailler, à ne pas déclarer leurs enfants. Ces "sans papiers" n'ont aucun droit, à peine celui d'exister, et on les estime à 200 millions.

Mais cette mesure a également engendré des pratiques populaires comme les avortements sélectifs une fois le sexe de l'enfant connu, les infanticides de nouveau-nés, les abandons de filles et le moins bon traitement des filles. Les nouvelles lois

La semaine dernière, les autorités chinoises ont affirmé fièrement que la politique de l'enfant unique avait atteint les effets escomptés. Toutefois, Dans une interview accordée au *magazine "Qiushi"*, le ministre en charge du planning familiale, *Zhang Weiqing*, a admis que cette politique avait engendré des pratiques populaires inacceptables et que le gouvernement allait agir.[1]

Le ministre du planning familial chinois a exprimé son intention d'introduire une nouvelle loi pour rendre illégal la détermination du sexe, à des fins non médicales, lors de la grossesse. Cette nouvelle mesure, dont nombreux décideurs considèrent qu'elle est difficilement applicable, vise à enrayer le phénomène des avortements en cas d'attente d'une petite fille.

Selon lui, Pékin continuera à favoriser cette politique en récompensant les couples respectueux de la loi et en punissant sévèrement, par de lourdes taxes, les transgresseurs.

La population chinoise serait donc réellement autour de 1,5 milliard actuellement. Partant d'un tel chiffre, les démographes s'attendent à 2 milliards de chinois en 2 050. Mais ce n'est pas aussi sûr. André Chieng, Président de l'Asiatique européenne de commerce et Vice-Président du Comité France Chine, est intervenu sur l'antenne de notre partenaire BFM pour commenter l'assertion :" La Chine sera vieille avant d'être riche". Mais il met en garde de ne pas prendre cette phrase à la lettre. Car si les démographes établissent leurs estimations sur des chiffres et des taux de fécondité actuels. Or, celui de la femme chinoise est limité par la loi, et une loi, on peut la changer. Les prévisions quant au nombre de Chinois en 2040 ou en 2050 ne sont donc pas des certitudes scientifiques.

La vision des médias

Pour la Radio Chine Internationale (CRI), comme pour les autres médias chinois, l'attention sur le sujet porte plus sur l'efficience des politiques menées par le planning familial. Malgré tout, ils reconnaissent certains problèmes auxquels la population est confrontée. En Amérique du Nord, les médias insistent sur les problèmes engendrés par la politique de l'enfant unique comme la disproportion des sexes et l'âge de la population. Les médias américains dénoncent, en outre, régulièrement les dérives, populaires ou étatiques, que cette mesure a entraînées.

La BBC pose un regard objectif sur la question. D'une part, le média anglais expose les effets positifs pour le futur de la Chine ; d'autre part, il expose les problèmes existants en parallèle.

En France, les médias, comme "Le Monde" et "Libération", écrivent principalement sur les dérives de cette politique et de ceux qui la font appliquer.

Sources:
Xinhua
CSNews
Notes :
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[*] article de mars 2006.

[1] La politique de "l'enfant unique" a empêché 400 millions de naissances en Chine, selon Pékin

Lire Aussi : Politique de l'enfant unique, entre assouplissement et dérapages