accueil > archives > éditos


La plus longue récession jamais enregistrée s’accroche au Royaume-Uni

Par Russell Lynch,
Press Association, le 24 octobre 2009

article original : "Longest recession on record grips UK"


Selon les chiffres pessimistes officiels publiés vendredi, le Royaume-Uni est désormais en proie à la plus longue récession depuis que cette statistique existe.

Les espoirs d’une fin de la récession ont capoté, alors que l’économie [britannique] a reculé de 0,4% entre juillet et septembre – un déclin record pendant six trimestres d’affilée.

Le Bureau National des Statistiques a déclaré que la production a reculé de 5,9% depuis le début de la récession – un chiffre presque aussi mauvais que le recul de 6% du début des années 80.

Le déclin persiste, malgré des taux d’intérêt au plus bas depuis mars (0,5%), une dépense supplémentaire du gouvernement et une stimulation sans précédent de 175 milliards de livres [environ 190 milliards €] de l’offre monétaire, au moyen de l’assouplissement quantitatif [le rachat aux banques par la Banque d’Angleterre de leurs titres pourris].

Cela montre que le Royaume-Uni se traîne derrière les autres économies majeures, comme la France et l’Allemagne, lesquelles sont toutes deux sorties de la récession au deuxième trimestre de cette année.

Le Chancelier [de l’Echiquier] Alistair Darling a dit qu’il était toujours confiant quant au retour de la croissance « au nouvel an », mais la gestion de l’économie par le gouvernement a été fortement décriée par les opposants politiques.

« Cette nouvelle a réduit à néant la revendication du Parti Travailliste, selon laquelle la Grande-Bretagne était mieux placée que d’autres pays pour surmonter la crise », a déclaré le chancelier du gouvernement fantôme, George Osborne.

Le porte-parole libéral-démocrate du Trésor, Vince Cable, a déclaré que l’économie était toujours confrontée à des « problèmes structurels massifs ». Il a ajouté : « Il est essentiel que les ministres expliquent clairement de quelle façon crédible ils vont s’occuper du déficit. »

Les experts étaient prêts à célébrer la fin technique de la récession, alors qu’ils s’attendaient à un modeste 0,2% de croissance, mettant fin à cinq trimestres de déclin.

Mais la livre sterling a baissé face au dollar et à l’euro avec le chiffre extrêmement décevant [qui vient d’être publié], alors que le marché parie sur un soutien plus soutenu de l’économie de la part de la Banque d’Angleterre, avec une extension du programme d’assouplissement quantitatif pouvant atteindre 250 milliards de livres [275 milliards €].

Les économistes ont mis en garde sur un risque potentiel de déflation et ils ont dit qu’il faudrait au moins six ans pour combler le gap laissé par la récession.

« Représentant même une entaille à la sortie potentielle de la récession, le gap de production est probablement déjà au-dessus de 3% du PIB et il est peu probable qu’il se referme avant 2015 », a déclaré Vicky Redwood de Capital Economics

John Cridland, le directeur général adjoint de CBI Business Group, a déclaré que les chiffres étaient « décevants et inquiétants ». Il a ajouté : « La reprise, lorsqu’elle arrivera, sera fragile et volatile ».

Un chiffre plus mauvais que celui attendu pourrait signaler une révision à la baisse des prévisions officielles de croissance dans le Rapport Pré-Budgétaire de novembre – ce qui signifierait une montée de l’endettement public courant au-delà du record actuel estimé à 175 milliards de livres.

Et la pression sur l’économie s’intensifiera en 2010, alors que les mesures de stimulation, comme la réduction temporaire de la TVA et la « prime à la casse », prendront fin. Le chômage grimpe progressivement vers les 3 millions de chômeurs.

La production totale des services, qui représente près des trois-quarts de l’économie britannique, était attendue en croissance, mais, à la place, c’est une baisse décevante de 0,2% sur le trimestre.

Le secteur de la construction est également resté en plein marasme – chutant de 1,1 % au cours de la période – il a chuté d’un gigantesque 14,7% depuis le début de 2008. La production industrielle s’est contractée de 0,7% et a baissé de 13,7% depuis le début de la crise.

L’économiste de IHS Global Insight [le leader britannique en matière d’analyse et de prévision économiques et financières], Howard Archer, a également souligné les défis sévères auxquels le Royaume-Uni est confronté sur le chemin du redressement économique.

Il a déclaré : « Un chômage élevé et croissant, la nécessité pour les consommateurs et les entreprises d’améliorer leurs comptes et les conditions de resserrement du crédit en cours, au milieu des problèmes toujours sérieux du secteur financier, sont particulièrement inquiétants pour les perspectives de croissance.

« En plus de tout cela, l’activité économique sera entravée… par la nécessité d’un resserrement fiscal majeur et étendu afin de contenir les finances publiques épouvantables. »

Traduction [JFG-QuestionsCritiques]