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La Chine laisse les Etats-Unis et l'Inde derrière elle

Par M K Bhadrakumar

Asia Times Online, le 15 décembre 2007
article original : "China leaves the US and India trailing"

Pratiquement pas une semaine ne se passe sans que Delhi fasse le point sur "l'encerclement" rampant chinois de l'Inde. Jeudi, les médias indiens ont rapporté que Delhi avait refusé à la compagnie chinoise de fret aérien, Great Wall Airlines, d'atterrir à Bombay ou à Madras, puisque ces deux villes indiennes ont des "installations nucléaires clés", que les avions chinois pourraient reconnaître.

C'est vraiment faire feu de tout bois, alors que personne n'imagine ce que ces deux villes indiennes vieillissantes pourraient cacher et que Google Earth n'a pas encore observé. Comme on s'y attendait, cela n'a pas plu à Pékin. Certains penseurs stratégiques indiens vont jusqu'à dire que la Chine applique une politique de "limitation de l'expansion" de l'Inde — comme si l'éléphant indien solitaire était pris de folie furieuse dans la cour asiatique et avait besoin d'être enchaîné.

En réalité, la dernière source d'irritation n'aurait pas dû être la reconnaissance aérienne, mais la victoire contrariante de la Chine — battant des rivaux redoutables comme les Etats-Unis, le Canada et la Russie — dans l'appel d'offre massif pour les mines de cuivre afghanes. Mais la communauté stratégique de Delhi ne le sait pas, vu que les médias indiens n'en ont pas parlé.

Si les penseurs indiens avaient eu vent de cette information sur l'Hindou Kusch, ils se seraient arraché les cheveux de désespoir. Dans l'histoire moderne, la Chine n'a jamais été un acteur en Afghanistan. C'est vraiment une provocation inutile de la part des Chinois d'être aussi intrépides vis-à-vis des Taliban et d'Al-Qaïda. Tandis que l'Inde est fière d'être un donateur majeur pour la reconstruction afghane — construisant des routes, des ponts, des hôpitaux, un bâtiment pour le Parlement et même, chose curieuse, des toilettes publiques — la Chine marche en avant et remporte l'appel d'offre pour le gisement de cuivre d'Aynak, dans la province afghane du Logar bordant Kaboul, qui est affiché comme l'une des plus grandes mines de cuivre du monde.

Ce projet implique 4 milliards de dollars d'investissements par le Groupe Métallurgique Chinois, qui sera de loin le plus gros investissement étranger en Afghanistan et qui fournira du travail, selon les estimations, à 10.000 personnes. Fait révélateur, ce projet comprend le développement d'un système de chemin de fer reliant l'Afghanistan à la Chine. (Le Népal a cherché aussi à obtenir l'extension du système ferré chinois pour relier Lhassa à Katmandou.)

Le contrat pétrolier entre Pékin et Téhéran

Ces Chinois audacieux font du saut à la perche par-dessus les chaînes himalayennes impénétrables avec une belle désinvolture dans leur goût prononcé pour globaliser et intégrer.

Mais la mère de tous les encerclements chinois de l'Inde reste toujours très inaperçue à Delhi — l'axe Pékin/Téhéran. Il est largement reconnu que si les Etats-Unis n'ont pas été capables de faire voter une résolution plus dure contre l'Iran par le Conseil de Sécurité des Nations-Unies, au sujet de son programme nucléaire, c'est en grande partie à cause de la répugnance chinoise d'y participer.

Mais ce qui s'est passé dimanche dernier est un nouveau coup de tonnerre. China Petroleum Corporation, mieux connue sous le nom de Sinopec Group, a signé un contrat avec le Ministère du Pétrole iranien pour le développement des champs pétroliers et gaziers de Yadavaran au sud-ouest de l'Iran.

L'estimation actuelle du coût de ce projet est de 2 milliards de dollars. Selon ce contrat, la Chine prendra à son compte tout l'investissement nécessaire pour développer ces champs. La première phase est de produire 85.000 barils par jour et la deuxième phase y ajoutera 100.000 barils. Selon les estimations iraniennes, Yadavaran a sur place des réserves de 18,3 milliards de barils de pétrole et 12.500 milliards de mètres-cubes de gaz.

L'Iran est déjà le troisième plus gros fournisseur de pétrole brut de la Chine, mais les Iraniens sont tout simplement enchantés. Le Ministre du Pétrole, Gholam-Hossein Nozari, a été rapide à souligner que cet accord avec la Chine défie les tentatives de Washington de bloquer les investissements étrangers en Iran. Sinopec s'est contentée de dire : "Nous sommes très contents de signer ce contrat … la Chine a l'intention d'acheter du GNL [Gaz Naturel Liquéfié] à l'Iran et nous espérons parler plus tard d'un projet sur le GNL".

Cet accord sino-iranien a été conclu dans la semaine qui a suivi le NIE américain [National Intelligence Estimate] sur le programme nucléaire iranien, qui a brisé, de façon concluante, toutes les conspirations élaborées par la coterie des néoconservateurs au sein de l'administration Bush pour lancer une attaque militaire contre l'Iran. Pékin a vraiment rapidement manœuvré.

Mais ce qui ressort, c'est que Pékin a anticipé depuis longtemps l'inévitabilité de, précisément, un tel virage à 180° de la politique des Etats-Unis vis-à-vis de l'Iran. Plus important, elle a commencé à manigancer comment elle pourrait prendre un avantage optimal lorsque la question iranienne irait inexorablement vers son dénouement. Pékin a estimé que le temps était essentiel. Pékin pouvait visualiser le jour où Téhéran aurait des clients concurrents du monde occidental cherchant à accéder à son pétrole et à son gaz.

La prise de Pékin sur la question iranienne

Déjà, en mai dernier, le quotidien gouvernemental China Daily faisait le commentaire suivant : "Cette politique [de Washington consistant à refuser de passer des contrats avec l'Iran] ne peut plus marcher. La réalité du Moyen-Orient est que les Etats-Unis ne peuvent pas ignorer l'Iran".

Et dès le début du mois de juin, des experts chinois de cette région avaient déjà affirmé : "L'Iran, avec aucun concurrent géopolitique, est devenu le 'patron' dans la région du Golfe Persique. Puisque les Etats-Unis sont tombés dans le bourbier irakien, l'Iran a conclu que les Etats-Unis n'oseront pas utiliser la force contre eux. Par conséquent, ce pays maintient une détermination stratégique forte et refuse de faire des concessions sur la question nucléaire.

Cet environnement favorable, doublé d'une détermination stratégique, a gagné à l'Iran un certain statut d'équilibre avec les Etats-Unis dans la compétition du Golfe Persique. C'est cet équilibre du pouvoir qui a forcé les Etats-Unis à s'asseoir et à parler avec l'Iran. L'Iran a donc gagné la bataille pour sa survie et le statut de puissance régionale".

Ce spécialiste anonyme, de l'Institut de l'Asie et de l'Afrique qui dépend de l'Institut Chinois des Relations Internationales Contemporaines, qui a écrit ce commentaire pour le Quotidien du Peuple, est allé jusqu'à donner son pronostique avec une prescience extraordinaire. Il a écrit : "En dépit d'un grand nombre de variables et de la situation compliquée au Moyen-Orient, il y a une chose qui reste claire : Les Etats-Unis ne peuvent pas inverser leur déclin actuel au Moyen-Orient. L'ascension de l'Iran et ses gestes de défi accélèreront un peu plus le déclin de la présence des Etats-Unis au sein de la région. Dans ce 'nouveau Moyen-Orient' qui émerge, l'Iran jouera certainement un rôle qui ne peut pas être ignoré."

A partir de la fin-juillet, Pékin savait que son affirmation était parfaite et que la position des Etats-Unis vis-à-vis de l'Iran s'érodait rapidement.

Dans le contexte des pourparlers US/Iran, en juillet, sur les questions de sécurité concernant l'Irak, le Quotidien du Peuple a fait remarquer, "Les Etats-Unis ont fini par reconnaître que l'Iran est un 'acteur du jeu' dans la région … Sous l'angle de la culture géopolitique ou religieuse, l'Iran peut donner toute latitude à son rôle de puissance éclatante ou d'influence sur l'Irak, ce qui est exactement ce que les Etats-Unis refusaient de reconnaître mais qui en sont venu [maintenant] à le reconnaître".

La politique iranienne de l'Inde est en lambeaux

Comment se fait-il qu'une telle sagesse et une telle prévoyance, qui renforce immensément aujourd'hui la main de Pékin dans le Golfe Persique et le Moyen-Orient, ont échappé à la communauté stratégique de Delhi ? Il faut reconnaître que, ces derniers jours, la politique régionale de l'Inde au Moyen-Orient a été secouée jusqu'à la moelle. La communauté stratégique indienne a été très secouée par le NIE.

Ce traumatisme a été d'autant plus douloureux, alors que Delhi venait juste de succomber aux pressions directes de Washington et d'imposer des restrictions bancaires sur Téhéran, au-delà de ce que les deux résolutions du Conseil de Sécurité sur ce pays réclamaient. Selon tous les points de référence diplomatiques, ce fut une décision désastreuse. Peu importe que Washington y ait entraîné Delhi par la pression, malgré le fait que les Américains savaient que le NIE allait finir par être rendu public. Ce qui importe c'est que Delhi semble très stupide et naïve.

Hélas, l'Inde se retrouve face à des dommages collatéraux provenant de la marche arrière que la politique des Etats-Unis est en train d'effectuer au Moyen-Orient et dans le Golfe Persique. L'estimation de Delhi selon laquelle il a toujours été sûr d'accrocher son wagon diplomatique à la caravane israélo-étasunienne dans la région du Moyen-Orient a été mise à l'épreuve. Delhi doit désormais affronter la réalité que jouer le caniche de Washington n'a pas aidé à faire avancer les intérêts de l'Inde à moyen et long termes.

La politique de Delhi au Moyen-Orient reposait sur des suppositions. D'abord, il était présupposé que l'administration Bush finirait par régler la question iranienne à la manière américaine et que la communauté internationale devrait apprendre à vivre avec. Delhi croyait que le mépris stratégique de Washington par le Président iranien Mahmoud Ahmadinejad s'avérerait être niais une fois que la force irrésistible américaine sévirait vraiment.

La communauté de la sûreté indienne est absolument fascinée par la capacité d'Israël à allonger son bras pour écraser l'Iran. Il n'était que logique d'attendre l'après Ahmadinejad pour faire quelque affaire sérieuse que ce soit avec l'Iran. Pendant ce temps, Delhi supposait que calibrer sa politique iranienne à la façon de la pensée israélo-étasunienne était tout simplement la bonne chose à faire.

Donc, la coopération avec l'Iran a été mise en sommeil à presque tous les niveaux. Plus personne ne parlait du "couloir de transport nord-sud" que le gouvernement précédent à Delhi avait initié comme moyen de gagner l'accès à l'Afghanistan et à la région de l'Asie Centrale (et la Russie). Le dialogue stratégique avec l'Iran sur les questions de sécurité régionale a perdu de la traction, même si l'ascendance des forces du militantisme religieux et de la résurgence des Taliban l'exigeaient.

Le projet de gazoduc de l'Iran vers l'Inde en passant par le Pakistan s'est traîné en longueur tandis que Delhi saisissait un prétexte après l'autre pour le maintenir en veilleuse. Le méga accord de 25 années sur le GNL, que le gouvernement précédent indien avait négocié, est devenu moribond. Les dernières restrictions bancaires imposées par Delhi décourageront même le commerce et l'investissement ordinaires.

Delhi suit exactement la ligne israélo-étasunienne

Sans aucun doute, les impératifs des négociations continues sur l'accord de coopération nucléaire civile avec les Etats-Unis ont laissé Delhi avec pratiquement aucune marge de manœuvre pour résister à la pression combinée des Américains et des Israéliens pour réduire la coopération de l'Inde avec l'Iran.

Mais ce n'est qu'une partie de l'histoire. Sur les questions plus larges de la sécurité régionale au Moyen-Orient et dans le Golfe Persique, Delhi a aussi semblé avoir manœuvré avec préméditation à l'intérieur du cadre large du partenariat stratégique en expansion rapide de l'Inde avec les Etats-Unis.

Vraiment, l'estimation de Delhi, dans l'ensemble, n'était pas aussi illogique qu'elle peut le sembler aujourd'hui. C'était une approche qui s'accordait avec les priorités du présent gouvernement indien, consistant à harmoniser la politique régionale de l'Inde avec les stratégies globales des Etats-Unis. Voici comment ils pensaient : l'agenda essentiel de la politique de l'administration Bush au Moyen-Orient consiste à assurer la domination régionale d'Israël et, l'influence des néoconservateurs sur la politique étrangère de l'administration Bush étant ce qu'elle est, étant donné le défi que pose l'Iran à la domination régionale d'Israël, on ne peut s'attendre à ce que l'administration Bush se relâche et qu'elle permette à Téhéran de consolider l'influence stratégique que l'Iran a gagnée depuis l'invasion de l'Irak en 2003.

De plus, il y avait aussi une contrepartie. Des députés américains connus pour leurs liens forts avec Israël se sont dressés et ont constamment rappelé à Delhi, au cours de ces deux dernières années, qu'on ne fait jamais rien pour rien. Ces dernières années, l'Inde a bénéficié d'une affinité excellente avec le lobby juif et les cercles néoconservateurs aux Etats-Unis. Ceux-ci ont une énorme bonne volonté vis-à-vis de Delhi et ils ont constamment démontré leur capacité à influencer le Congrès et les médias américains, ainsi que la Maison-Blanche, sur les questions affectant les intérêts indiens. (Le lobby israélien à Washington a beaucoup contribué à tisser un soutien à Capitol Hill pour l'accord nucléaire.) Delhi a commencé à sentir la pression lorsque les politiciens américains de niveau moyen ont commencé à se moquer sans raison du ministre indien des affaires étrangères et même à s'adresser au Premier ministre demandant des explications sur le délai de Delhi pour signer l'accord de coopération nucléaire.

Qui plus est, la pensée indienne a pris en compte les efforts soutenus de Washington, dans la période récente, pour rapprocher les régimes arabes pro-occidentaux et Israël en un groupement déployé contre l'Iran, la Syrie, le Hezbollah au Liban et le Hamas en Palestine. Delhi a conclu que l'isolement régional de l'Iran était couru d'avance. La supposition sous-jacente, évidemment, était que les régimes arabes pro-occidentaux n'étaient d'aucune humeur pour cohabiter avec le leadership radical à Téhéran et, à la place, qu'ils étaient déjà en pratique sur des termes d'alliance avec Israël.

Delhi a besoin de corriger son cap

Par conséquent, dans la période récente, l'Inde a mis délibérément une distance entre elle et ce qu'elle percevait comme un alignement Iran/Syrie/Hezbollah/Hamas. Mais cela n'a pas arrêté Delhi dans l'expression de son soutien à une solution à deux Etats au problème palestinien. Ce discours reste important pour sa résonance dans la politique intérieure indienne, considérant le fait que l'Inde a un électorat musulman énorme qui suit ardemment les développements dans le monde islamique. Cette rhétorique est façonnée prudemment dans la mesure où elle semble soutenir passionnément la cause palestinienne et qu'elle se prête à une interprétation libre tandis qu'elle ne peut causer aucune contrariété à Israël.

La diplomatie indienne a beaucoup de retard à rattraper. À court terme, Delhi devra payer un prix pour avoir négligé la réalité géopolitique selon laquelle l'Iran est la seule puissance régionale viable au Moyen-Orient et dans le Golfe Persique. Le meilleur espoir de Delhi est que, fidèles à leur pragmatisme inné, les Iraniens laisseront les objets du passé être des objets du passé. Une fois que les Etats-Unis commenceront un engagement complet avec l'Iran, la pression commencera à monter. Ahmadinejad a déclaré : "C'est [le NIE] une étape positive, un pas en avant … S'ils [l'administration Bush] prennent encore une ou deux mesures de ce type, les questions seront totalement modifiées et … le chemin sera pavé pour la résolution des questions régionales et bilatérales."

Deuxièmement, Delhi n'a pas d'autre choix que de revoir sa croyance aveugle dans la capacité des Etats-Unis à influencer les pays de la région du Golfe Persique. La délégation indienne à la conférence régionale de sécurité de dimanche dernier à Manama, au Bahreïn, a été aux premières loges pour voir la réaction moqueuse des responsables arabes au discours donné par le Secrétaire étasunien à la Défense, Robert Gates. Les responsables indiens ont réalisé que, contrairement à ce que Delhi imaginait, les régimes arabes du Golfe ont une attitude complexe vis-à-vis de l'Iran.

Lorsque Gates a maintenu qu'Israël est une puissance bénigne tandis que l'Iran subvertit ses voisins, le Premier ministre Qatari, Cheikh Hamad ben Yassem al-Thani, a répliqué : "Nous ne pouvons pas vraiment comparer l'Iran à Israël. L'Iran est notre voisin et nous ne devrions vraiment pas le considérer comme un ennemi. Je pense qu'Israël, au cours de cinquante années, a pris des terres et expulsé les Palestiniens et qu'il interfère sous couvert de sécurité". Il a appelé les Etats-Unis à discuter directement avec l'Iran. Les autres officiels arabes ont dit des Etats-Unis qu'ils pratiquaient "deux poids, deux mesures".

Une fois encore, Delhi aurait remarqué que l'Iran a été invité pour la première fois à un sommet du Conseil de Coopération du Golfe. C'était à Doha, le 2 décembre. Et il est apparu mardi que pour la toute première fois, le Roi d'Arabie Saoudite Abdallah a fait une invitation au président iranien pour le pèlerinage du hadj à la Mecque. Il y a également des indications selon lesquelles les Saoudiens sont déçus par la rencontre d'Annapolis aux Etats-Unis, qui a eu lieu le 27 novembre, pour discuter d'une solution au problème palestinien.

Le quotidien al-Hayat, détenu par des Saoudiens et qui est publié à Londres a rapporté dimanche dernier que la reprise de l'Accord de la Mecque de février, sponsorisé par les Saoudiens, (impliquant le Hamas et le Fatah) pourrait être dans les tuyaux. Le site internet du Hamas a aussi rapporté que le chef du Hamas, Khaled Meshal, qui est basé à Damas, s'est rendu à Riyad "pour discuter des moyens de restaurer le dialogue national palestinien". Même des Israéliens réfléchis comme l'ancien chef des services d'espionnage, Ephraïm Halevy, sentent qu'il est temps de négocier avec les dirigeants du Hamas — "ceux-là mêmes que son ancienne agence et sa nation ont pris pour cible des assassinats" (pour citer le Wall Street Journal).

Clairement, le point de vue simpliste unidimensionnel de Delhi concernant l'alignement du Golfe Persique, imprégné par la vision des néoconservateurs étasuniens — selon laquelle les régimes arabes pro-occidentaux, plus les Etats-Unis et Israël livrent une guerre d'envergure contre l'Iran — est intenable. Toutefois, tant que cette politique continuera de cadrer avec l'agenda régional des Etats-Unis, les failles sous-jacentes de la politique indienne au Moyen-Orient seront difficiles à éliminer. Le spectre d'un arc d'encerclement chinois au Golfe Persique pourrait juste être le stimulus dont Delhi a besoin pour faire une introspection sérieuse sur où et comment sa politique a piétiné dans sa compréhension du puzzle perse.

M K Bhadrakumar a servi en tant que diplomate de carrière aux services étrangers indiens pendant plus de 29 ans, avec des postes comprenant celui d'ambassadeur en Ouzbékistan (1995-98) et en Turquie (1998-2001).

Copyright 2006 Asia Times Online Ltd/Traduction : JFG-QuestionsCritiques.