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Hillary, la va-t-en-guerre

Par Pepe Escobar
Asia Time Online, publié le 26 avril 2008

article original : "Hillary, the war chick"

PHILADELPHIE - Lorsque le téléphone sonnera à 3 heures du matin à la Maison-Blanche, que fera l'ardente présidente ? Elle appellera ses généraux et leur ordonnera "de raser l'Iran". Autrement dit : elle ordonnera le massacre de 70 millions de personnes.

Il est 10 heures du soir à l'extérieur du meeting de victoire de la Sénatrice Démocrate Hillary Clinton au Hyatt du centre-ville de Philadelphie, et Mei-ling Wang est très, très en colère. Les fervents supporters d'Hillary et du Sénateur Barack Obama qui sont dans la rue essayent tous de faire plus de bruit que l'autre camp, après que Clinton a battu Obama dans la primaire de Philadelphie, mais ce n'est pas ce qui dérange Wang.

Elle incarne la quintessence du rêve asiatique-américain. Elle a obtenu une maîtrise à Harvard, un doctorat à l'Université du Maryland et elle est professeur-associé à l'Université des Sciences de Philadelphie. Mais elle a choisi de ne pas se contenter de suivre la voie "devenir riche est formidable", ainsi que l'a prôné feu Deng Xiaoping. En tant que co-directrice du Social Exclusion Knowledge Network, elle a été partout dans le monde en développement, travaillant avec les pauvres, les sans-abri, les opprimés et les exclus. Et elle a quelques mots crus à dire aux Clinton.

"Je suis tombée par hasard sur des supporters de Clinton et je leur ai demandé pourquoi elle avait menti sur des questions si importantes. Ils m'ont répondu que tout le monde mentait. Je suis professeur. Je leur ai dit 'Regardez-moi dans les yeux ! Diriez-vous à vos enfants que c'est OK de mentir ?' "

Wang prend la défense d'Obama comme "véritable héros américain", soulignant "qu'au début, il n'avait rien. Cette sorte de personnes que nous, les Américains, admirons est le petit homme, pas quelqu'un qui s'est servi des ressources de son mari [Bill] ou quelqu'un qui a une femme riche comme [le Sénateur Républicain John] McCain". Hillary a gagné en Pennsylvanie grâce essentiellement aux femmes (60% des voix) catholiques (40% des voix) âgées (en deuxième position après la Floride). Les hommes de la classe des cols-bleus - "amers" ou non - y ont aussi contribué. La Pennsylvanie - encore plus rurale que l'Ohio - est l'Etat où la majorité des électeurs (55%) n'ont même pas terminé leurs études secondaires.

Ce que la foule à l'extérieur du meeting de victoire d'Hillary a rendu clair est ce qui a été confirmé par la plupart des sondages. Au moins un quart des électeurs d'Hillary sont si têtus qu'ils ne voteront jamais pour Obama s'il décroche la nomination. Ne se contentant pas de se servir de tous les tours du répertoire des tactiques politiques de brûlis de Karl Rove, promettant ainsi un désastre potentiel au sein du Parti Démocrate, Hillary a dû étendre son approche de "brûlis" au Proche-Orient.

Le facteur (nucléaire) ne sonne jamais deux fois

Dans le programme Good Morning America d'ABC, Hillary a été interrogée sur ce qu'elle ferait en tant que présidente, si l'Iran attaquait Israël avec des armes nucléaires. La supposition qui se cache dans cette question est en elle-même grotesque. L'Iran ne possède pas une seule arme nucléaire, il n'essaye pas d'assembler une arme nucléaire (même les services secrets américains l'admettent), et le Dirigeant Suprême, l'Ayatollah Ali Khamenei, a déjà insisté sur le fait, faisant ainsi écho au leader de la Révolution Islamique, l'Ayatollah Khomeyni, qu'une arme nucléaire - qui implique le génocide de civils - est "contre la loi islamique". Khamenei a insisté sur ceci : "notre bombe nucléaire et notre puissance de feu sont notre foi, notre jeunesse et notre peuple, qui ont été présents sur les scènes les plus difficiles avec une puissance et une foi extrêmes et ils continueront à l'être".

En tout cas, Hillary ne s'est pas démontée. Elle a déclaré : "Dans les dix prochaines années, durant lesquelles ils pourraient considérer de manière irréfléchie de lancer une attaque contre Israël, nous serions capables de les rayer de la carte". Elle admet que c'est "une chose terrible à dire", mais elle ne met pas en doute la médiatisation à outrance de la menace iranienne, car il s'agit d'une véritable outrance, ajoutant : "Ces personnes qui dirigent l'Iran" doivent comprendre ses propos inflexibles. Donc, elle se positionne comme celle qui envoie un message de sagesse selon lequel "nous les dissuaderons peut-être de faire quelque chose qui serait intrépide, irréfléchi et tragique".

Pas un mot de la part d'Hillary au sujet de la néo-colonisation israélienne et de la punition collective infligée à la Cisjordanie et à Gaza. Pas un mot sur les centaines de têtes nucléaires d'Israël - le seul pays du Proche-Orient qui possède des armes nucléaires et qui a annoncé sans subtilité qu'ils n'auraient aucun problème à les utiliser.

Mei-ling Wang a toutes les raisons d'être en colère par ce qu'elle dénonce comme étant les "mensonges" d'Hillary. Preuve de plus que l'acrimonie au sein du Parti Démocrate se répand comme un virus pernicieux : Hillary ne se distingue désormais pratiquement plus du probable nominé Républicain, McCain. Ce dernier, non content de juste contempler une guerre de cent ans en Irak, a déjà chanté sa fameuse parodie des Beach Boys, "Bombardez ! Bombardez l'Iran !". Hillary chante en play-back qu'elle veut terminer la guerre en Irak, mais ensuite elle entame le refrain de "l'oblitération" de l'Iran.

Il est évident que ces deux candidats cèdent aux exigences des escrocs sionistes et du puissant American Israel Public Affairs Committee (AIPAC, le lobby d'Israël aux Etats-Unis). Mais par dessus-tout, Hillary se couvre en ce qui concerne la construction d'une possible attaque contre l'Iran, maintenant que le Vice-président Dick Cheney est libre de poursuivre son objectif ultime avec son atout anti-insurrectionnel, malléable et opportuniste, le Général David Petraeus, promu à la tête du Commandement Central [CENTCOM] DES Etats-Unis.

Le positionnement d'Hillary reflète Washington l'Impériale dans toute sa gloire - et sa prétention démesurée. Pas seulement McCain, Hillary présidente signifiera plus de guerres au Proche-orient. Cela en est assez de la rhétorique d'Hillary au sujet de la "paix au Proche-Orient" ! Mais la véritable tragédie est qu'aucun des supporters véhéments, qui se trouvent dans la rue à l'extérieur du meeting de victoire du parti dans le centre-ville de Philadelphie, ou les électeurs au sens large, ont conscience du vrai visage d'Hillary, la va-t-en guerre.

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