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"Ils essayent d'intimider et de faire taire ceux qui
critiquent la politique étrangère des Etats-Unis"

Un professeur d'université qui soutient
le Venezuela a été interrogé par le FBI

Par Elena Shore

New America Media - 10 mars 2006


Un professeur de l'université de Pomona, qui critique ouvertement la politique américaine au Venezuela, a été interrogé le 7 mars par deux agents du Département du Shérif de Los Angeles et du Détachement Spécial Antiterroriste du FBI le JTTF, dans ce qu'il appelle une intimidation.

Mercredi, aux heures de travail (vers 14h40-14h45), ces enquêteurs ont rendu visite à Miguel Tinker-Salas et l'ont interrogé pendant environ 20 minutes dans son bureau de Pomona College, à Claremont (Californie). Les enquêteurs se sont identifiés mais leurs noms ne sont pas divulgués à la demande du FBI.

Tinker-Salas déclare que les agents lui ont dit qu'ils s'intéressaient à la communauté vénézuélienne et qu'ils s'inquiétaient qu'il puisse être impliqué dans le terrorisme. Ils lui ont demandé s'il avait des relations avec l'ambassade ou le consulat du Venezuela et si quelqu'un dans le gouvernement vénézuélien lui avait demandé de s'exprimer sur les affaires en relation avec le Venezuela.

"Ils allaient à la pêche", raconte Tinker-Salas, "pour intimider et faire taire ceux qui portent une analyse critique sur la politique étrangère américaine".

Après leur départ, plusieurs étudiants qui étaient à l'extérieur de son bureau racontèrent au professeur que les détectives leur avaient posé des questions sur son milieu, ses cours et ses opinions politiques. Et qu'ils ont même pris des notes sur les dessins qui se trouvent sur sa porte.

Selon Tinker-Salas, les détectives lui auraient dit que cette enquête faisait partie d'une politique plus large consistant à interroger des personnes sur divers campus. Il ne sait pas si d'autres professeurs ont été interrogés, mais les agents qui lui ont rendu visite n'auraient pas interrogé l'autre professeur de Pomona College, qui est lui aussi d'origine vénézuélienne Le FBI a refusé de commenter cet incident.

Professeur d'histoire latino-américaine et chicano, Tinker-Salas pense qu'il a été visé à cause de ses opinions politiques tranchées sur la politique que les Etats-Unis mènent vis-à-vis du Venezuela et de l'Amérique Latine. Tinker-Salas, qui vit aux Etats-Unis depuis le lycée et qui est citoyen américain, est né au Venezuela. Historien remarqué et commentateur sur CNN-espagnol, il n'a jamais caché son soutien conditionnel au gouvernement démocratiquement élu du Président Hugo Chavez et il critique ouvertement la tentative [des Etats-Unis] de "saper la démocratie" en Amérique Latine.

Selon l'ACLU du Colorado, le détachement antiterroriste du FBI, qui opère dans tout le pays, viole le Premier Amendement en assimilant la protestation non-violente à du terrorisme intérieur.

"Le FBI traite de façon injustifiable la protestation publique non-violente comme si c'était du terrorisme intérieur", dit Mark Silverstein, le Directeur Juridique de l'ACLU du Colorado, à la suite de la publication de nouveaux documents obtenu du FBI sous la Loi Liberté de l'Information (FOIA) du 8 décembre 2005.

"Les priorités déplacées du FBI menacent de dissuader la critique légitime de la politique du gouvernement. Et pendant ce temps-là, on gaspille l'argent du contribuable qui devrait être orienté vers les enquêtes sur les vrais terroristes".

Elena Shore écrit pour New America Media


Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean-François Goulon