La Paix Mondiale par les Armes Nucléaires
Nous avons le Dr Folamour pour Président
Par John Blair
CounterPunch, 7 mars 2006
Sommes-nous en plein cauchemar ? Réveillez-moi, SVP ! Docteur Folamour est-il vraiment notre président ?
Malheureusement, nous ne rêvons pas. George W. Bush a décidé que le monde avait besoin d'une nouvelle course à l'armement nucléaire. Et il l'a montré en se rendant en Inde et en y signant un accord qui sabote les cinq décennies de réussite du Traité de Non-Prolifération nucléaire (TNP), que l'Inde avait refusé de signer.
En conséquence, l'Inde, approvisionnée par les Etats-Unis et avec leur accord, sera capable de construire un plus grand nombre d'armes nucléaires. Elle pourra ainsi prendre le dessus sur notre autre "allié" de la région, le Pakistan, que l'Inde adore haïr et qui possède, lui aussi, l'arme nucléaire.
Pendant près de 50 ans, le TNP a bien rendu service. Mais l'Inde a toujours été au ban des nations par rapport à ce traité et elle a refusé de faire partie du club nucléaire plus large constitué de l'Angleterre, de la France, de la Chine, de la Russie et des Etats-Unis. L'Inde, le Pakistan, Israël et la Corée du Nord ont aussi développé des armes nucléaires mais ces pays éprouvent des difficultés à les fabriquer en grand nombre, à cause de leur manque de combustible nucléaire de qualité militaire.
Pendant toutes les années 70, le monde a vécu dans la peur d'un programme accéléré de développement d'armes nucléaires et de leur utilisation en Asie Centrale lorsque l'Inde et le Pakistan ont régulièrement utilisé la menace nucléaire l'un contre l'autre.
Apparemment, pendant cette période, Bush était bien trop dans les vapeurs de l'alcool pour se souvenir de tout cela. Alors, non seulement il vient de se rendre en Inde pour l'encourager à accueillir encore plus de délocalisations d'emplois, mais il lui a pavé la route pour qu'elle initie une course à l'armement avec le Pakistan et peut-être même avec la Chine, en acceptant de vendre du combustible nucléaire et des pièces de réacteurs américains à un pays qui a refusé d'autoriser des inspections en règle de leur programme nucléaire ou de signer le TNP.
Oui, l'Inde est la plus grande démocratie du monde mais cela ne la rend pas automatiquement digne de confiance sur la plus grave de toutes les questions. Après tout, c'est un pays qui a testé les armes nucléaires contre la quasi-totalité de l'opinion mondiale, qui a arrosé le monde avec de hauts niveaux de radiation juste pour montrer ses muscles à son voisin et ennemi juré, le Pakistan. Bien sûr, le Pakistan attendra de nous que nous leur accordions un traitement similaire même s'il abrite ben Laden, notre grand ennemi qui semble nous faire si peur.
Et si nous passons un tel accord avec l'Inde, que restera-t-il de notre haute moralité pour dire à l'Iran que de leur côté ils ne peuvent pas avoir de bombes atomiques. Ne soutiennent-ils pas que leur programme nucléaire est seulement pacifique ?
Ce fut Nixon qui signa le TNP original et la chute de l'Union Soviétique permit de démanteler un grand nombre de têtes nucléaires dans le monde. Mais Bush semble vouloir saboter cet effort et lancer une nouvelle course à l'armement, qui pourrait, cette fois, s'avérer plus dangereuse que celle entre les Soviétiques et les Américains. En effet, celle-ci aura lieu entre voisins, dont nous savons qu'au moins un des deux est le foyer d'un grand nombre de terroristes. Pas besoin de missiles balistiques intercontinentaux puisqu'ils ont une frontière en commun.
Ces dernières semaines ont révélé une situation où tout le monde peut voir que ce ne sont pas les intérêts américains que Bush a en tête. De la vente des Ports à cette absurdité, l'Amérique sera perdante. Pendant ce temps-là, les amis de Bush dans les grandes entreprises et l'industrie de l'armement récolteront d'énormes bénéfices au fur et à mesure que la Terre s'enfoncera dans une plus grande confusion. Pouvons-nous nous permettre encore trois années à ce rythme ? Je ne le pense pas.
Il reste à espérer que Richard Lugar, en tant que président de la Commission des Affaires Etrangères du Sénat, mettra fin à cet accord en cours et dira à Bush qu'il doit servir les intérêts américains au lieu de ceux des hommes d'affaires qui l'ont porté au pouvoir. John Blair préside le groupe de pression pour la préservation de l'environnement, Valley Watch et a été le lauréat en 1978 du Prix Pulitzer pour ses photographies de presse.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean-François Goulon