L'Exposition des Horreurs se Dévoile
Les Américains rejoindront-ils les Irakiens,
les Libanais et les Palestiniens
comme victimes des Néocons ?Par Paul Craig Roberts
CounterPunch, 20 juillet 2006
Qu'est-ce qui explique l'indifférence de l'administration de Bush au massacre de civils en Irak, au Liban, et à Gaza?
En date du 19 juillet au matin, les bombardements israéliens des zones résidentielles civiles et des infrastructures publiques libanaises ont assassiné 300 Libanais, en ont blessé 1.000, et déplacé 500.000. Le Premier ministre libanais a déclaré que l'attaque d'Israël a causé "des pertes inimaginables" et que son gouvernement cherchera des réparations auprès d'Israël.
À Gaza, Israël a assassiné de grandes quantités de civils palestiniens ces derniers jours.
En Irak, les civils paient un tribut quotidien de plus de 100 morts.
Ces morts ne sont pas des miliciens du Hezbollah. Ce ne sont pas des membres des milices. Ce ne sont pas des insurgés d'Al-Qaïda ou sunnites. Ce sont des civils.
Frustré par le Hezbollah, Israël se défoule sur des civils infortunés, sachant que les Etats-Unis protégeront Israël d'une condamnation du Conseil de sécurité de l'ONU.
Frustré par les insurgés sunnites, les Etats-Unis ont incité les conflits sectaires.
Bush a éludé les questions de l'ONU, de nos alliés européens et du Premier ministre libanais, qui tous appellent et supplient Bush de faire pression sur les Israéliens pour qu'ils stoppent leur lâche massacre aérien de la population civile libanaise.
Le Guardian a rapporté hier que Bush a donné à Israël le feu vert pour attaquer le Liban et a donné à Olmert une autre semaine pour pilonner le Liban.
La secrétaire d'état des USA, Condi Rice, a annoncé qu'elle se rendra au Moyen-Orient pour résoudre "la crise", lorsque que ce sera approprié. Apparemment, le temps approprié n'est pas quand les gens meurent et quand un pays, qui venait juste de récupérer de la dernière invasion israélienne, est à nouveau transformé en décombres par les bombardements.
Combien de crimes de guerre Israël doit-il encore commettre avant que Bush et Condi Rice mettent de côté leur indifférence ?
Le 19 juillet, les Israéliens ont tourné leur attaque aérienne contre la partie chrétienne de Beyrouth. Les Chrétiens libanais peuvent remercier le pasteur évangéliste américain John Hagee, qui a jeté son église du Texas, forte de 18.000 membres, derrière l'agression israélienne.
Bush ne peut pas réclamer le soutien public pour son indifférence.
Le 19 juillet, à midi, sur les 800.000 personnes ayant participé au vote rapide de CNN, 55% d'entre elles ont dit qu'elles s'opposent à l'attaque d'Israël contre le Liban. Résultat [éloquent] malgré le fait que les reportages TV aux Etats-Unis expliquent les nouvelles d'un point de vue pro-israélien.
De même, en Israël un sondage publié par le quotidien israélien Yedioth Aharonoth a montré que 53 % des Israéliens interrogés ont dit qu'Israël devraient tenir des négociations pour assurer la libération du soldat israélien capturé à Gaza, alors que 43 % soutenaient une opération militaire.
Un sondage organisé par le journal israélien Haaretz signale que 28 % des Israéliens croient qu'Israël devrait immédiatement arrêter le bombardement Liban, 7 % que le bombardement devrait continuer jusqu'à ce que les soldats capturés soient libérés et 14 % que les bombardements devraient continuer jusqu'à ce que le Liban accepte de désarmer le Hezbollah - Une tâche que l'invasion israélienne a rendue plus impossible que jamais.
Si ces sondages sont fiables, on peut conclure que les peuples étasunien et israélien sont plus moraux, et davantage concerné par la vie humaine, que ne le sont les dirigeants de ces deux pays.
Bush ne peut pas non plus prétendre qu'il soutient Israël parce qu'il est l'ami d'Israël. Si Bush était l'ami d'Israël, il n'aurait pas donné le feu vert à l'agression israélienne, qui créera plus de haine d'Israël.
Comme un certain nombre d'auteurs israéliens l'ont précisé, pendant des décennies, Israël s'est battu bec et ongles en vain contre ses voisins arabes.
Dans un article qu'il a écrit pour Haaretz (publié le 19 juillet) Yitzhak Laor fait remarquer que les problèmes d'Israël ne sont pas le résultat d'un bombardement et d'une destruction insuffisants des populations arabes. Pourtant, une fois encore, les militants israéliens "élargissent le cercle des hostilités, y compris contre les civils. Ce que les stratèges d'Israël ont à offrir est encore la destruction d'un autre pays."
Pour Laor, les Américains peuvent le faire en Irak avec moins de conséquences pour eux-mêmes, parce que "les Américains n'ont pas l'intention de vivre dans cette région." Les Israéliens ne peuvent se contenter de sortir les griffes contre, parce que "nous, nous vivons ici."
Parfois, il semble que Bush passe de l'indifférence à la satisfaction avec le massacre de civils musulmans. Bush apparaît même aussi joyeux que s'il avait lancé ses chiens à la chasse à la colombe dans un domaine texan, où la joie réside dans le massacre d'innombrables oiseaux.
Beaucoup de musulmans pensent que Bush et Israël les considèrent comme des animaux bons pour le massacre. Le 17 juillet 17, le néocon John Bolton, ambassadeur (non confirmé) de Bush à l'ONU, a donné du crédit à cette croyance musulmane quand il a annoncé que les Israéliens tués par des terroristes étaient plus importants que les civils libanais tués par Israël. Bolton a déclaré qu'il n'y avait aucune "équivalence morale" entre des civils libanais tués par Israël et des civils israéliens tués par des terroristes musulmans : "Ce n'est tout simplement pas la même chose de dire que c'est le même acte de viser délibérément des civils innocents, parce que l'on veut leur mort, de tirer des roquettes et d'utiliser des dispositifs explosifs ou l'enlèvement comparé aux conséquences tristes et hautement malheureuses de la légitime défense."
Dans l'esprit dérangé de Bolton, les civils libanais ne subissent pas le terrorisme quand Israël les vise délibérément et largue des explosifs puissants sur leurs immeubles, leurs rues, leurs ponts, leurs centrales, et bombardent l'aéroport international de Beyrouth. Ceci, déclare Bolton, est Israël agissant en légitime défense.
Si Israël s'empare de la terre palestinienne ou libanaise et assassine des civils, c'est de "la légitime défense", mais si quelqu'un réplique à l'agression israélienne avec une roquette, c'est du "terrorisme musulman."
Le monde est malade de ce deux poids deux mesures. Malheureusement, pas assez d'Américains et d'Israéliens ne le sont.
En conséquence, le conflit continuera et s'intensifiera. Laor écrit que "le directeur du bureau de l'American Jewish Committee pour Israël et le Moyen-Orient, Eran Lerman, recommande dès à présent de partir en guerre contre la Syrie".
Et c'est ainsi que sont les néoconservateurs américains qui contrôlent l'administration Bush, les groupes de réflexion à Washington et les positions des médias, qui, autrefois, étaient tenus par de véritables conservateurs américains.
Isolés dans le mal, les néoconservateurs exigent avec frénésie et vigueur que Bush rejoigne Israël dans des attaques militaires contre la Syrie et l'Iran afin de "construire la démocratie" et de nettoyer le Moyen-Orient de toute opposition aux intérêts personnels débridés d'Israël. Ce fou de David Horowitz écrit qu' "Israël effectue le travail du reste du monde civilisé".
Les néoconservateurs croient que les Etats-Unis et Israël peuvent extirper l'Islam avec le feu et l'épée et que l'occasion actuelle d'intensifier le conflit courant dans une guerre généralisée au Moyen-Orient ne doit pas être manquée.
Les néocons va-t'en-guerre ont volé le titre de conservateur, le Parti Républicain et une partie du mouvement évangélique.
Les Américains sont-ils trop inattentifs et trop soumis à un lavage de cerveau pour empêcher que leur crétin de président et son gouvernement de néocons déclenchent une guerre dangereuse ?
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Paul Craig Roberts a tenu de nombreuses chaires académiques et a contribué à de nombreuses publications scolaires. Il a été Secrétaire-adjoint au Trésor dans l'administration Reagan.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean-François Goulon