Hugo Chavez à Londres
"On accuse à présent le Venezuela
d'être une nation impérialiste !"Par CounterPunch News Service
CounterPunch, 17 mai 2006,
Traductions: Lawrence Pirela et Jean-François Goulon
Chavez lors de sa conférence de presse à Londres le 15 mai 2006 (AP/Alastair Grant)
Hugo Chavez, président de la République Bolivarienne du Venezuela,
Bonjour !
Le Maire de Londres, Ken Livingstone
Bien, allons-y ! Je voudrais prendre la première question de la radio et de la télévision. Après cela, peut-être la presse nationale et ensuite la presse et les médias vénézuéliens. Y a-t-il quelqu'un, ici, de la radio ou de la télévision ? SVP, donnez votre nom et l'organisation que vous représentez et attendez le micro.
Journaliste de CNN
M. le président, vous êtes venu dans ce pays et vous n'avez pas été invité par Downing Street. Est-ce que la raison pour laquelle vous n'avez pas rencontré Tony Blair est due au fait que vous ne vouliez pas le rencontrer ou est-ce lui qui ne voulait pas vous voir ? Quelle est la situation actuelle ? Comment pensez-vous tirer parti de votre pouvoir en tant que pays producteur de pétrole pour influencer la politique étrangère des autres pays ?
Président Chavez
De quel média ?
Assistance
CNN
Hugo Chavez
Ah ! Mes très chers amis de CNN ! Bien, merci pour votre question, hein !
C'est une question de spéculation au niveau mondial. Le simple fait, simple et que tout le monde comprend, de ma visite privée à Londres, grâce à l'invitation du Maire Livingstone et d'un groupe de syndicats, comme vous le savez, ainsi que d'un nombre important de députés travaillistes et de nombreux amis que nous avons ici en Grande-Bretagne !
Puis, la nuit dernière, voyez-vous, je lisais les gros titres de la presse internationale et dans un grand nombre de journaux, un article était répété, sans beaucoup de créativité, qui, sans aucun doute, prétend manipuler, prétend diminuer l'importance de cette rencontre à Londres, en commençant par son aspect humain.
Nous sommes venus remercier le maire [de Londres] pour son soutien, les membres travaillistes du Parlement pour leur soutien, les syndicats pour leur soutien à la révolution bolivarienne ; et, aussi pour saluer les Britanniques, pour rencontrer des dirigeants d'entreprises ; il y a des investissements britanniques importants au Venezuela, comme vous devez le savoir ; le Venezuela est aujourd'hui un pays idéal pour y investir, pour continuer d'y investir et pour renforcer nos relations mutuelles.
Enfin, ceci est une nouvelle approche avec la Grande-Bretagne, avec son histoire, avec les 200 ans de relations que nous avons, depuis l'époque du Général Miranda et de Bolivar.
Alors donc, il y a eu un effort pour manipuler quelque chose qui est si évident que je ne sais pas si vous me pardonnerez, je vois que vous êtes un journaliste d'expérience, mais que vous me posiez cette question-ci, quelque chose de si idiot ! Je ne vous traite pas d'idiot, mais la question est idiote.
La salle
(Rires)
Président Chavez
C'est comme si je me rendais, je vais vous donner un exemple, comme si je me rendais à Madrid, comme toute personne qui se rend à Madrid pour voir des parents et qu'on lui demande, je ne sais pas, pourquoi il ne s'est pas rendu au palais, rendre visite au Roi Juan Carlos. Je suis venu ici en visite privée. Vous devez savoir, surtout ceux qui gravitent dans ces cercles, qu'il y a différents niveaux de visites. Il y a les visites d'Etat. Il a été convenu que je ne rendrai pas visite à la Reine, je salue la Reine, mon respect et mon affection à la Reine ; je n'oublierai jamais ma rencontre avec elle, très aimable ; que je ne rencontrerai pas le Premier ministre, je salue le Premier ministre. À présent, je ne suis pas venu pour cela, pour le dire simplement, à cause de la stupidité de cette idée, je suis venu en visite privée et vous le savez tous : je ne suis pas venu en visite d'Etat, ni en visite officielle, ni même en visite de travail ; il y a trois niveaux de visites, comme vous devriez le savoir, et tous ceux qui ne le savent pas, qu'ils regardent dans le livre des protocoles de la planète ! Dans le monde entier il y a un protocole dans les relations entre gouvernements et Etats, hein ! Voici pourquoi je dis qu'elle est stupide cette idée qui a été manipulée dans je ne sais combien de journaux, en unes, et dans les reportages principaux à la télévision, essayant de réduire cette visite amicale, si plaisante, cette rencontre très importante aujourd'hui ici à Londres. Vous comprenez ?
Ken Livingstone
Je vois que nous sommes sur la même longueur d'onde.
Une autre question ? De Reuters ou de DPA (l'Agence de Presse Allemande) ou d'une autre agence ? SVP, attendez le micro, avec Reuters ou DPA.
Journaliste de DPA
M. le président, est-ce que le gouvernement du Venezuela est prêt à couper le flux de pétrole vers les Etats-Unis au cas où ils attaqueraient l'Iran ? Et ma deuxième question, voulez-vous créer un monopole gazier entre le Venezuela, la Bolivie et le Pérou ? Et autre chose, vous avez beaucoup parlé hier soir (inaudible)
Président Chavez
Bien, voici une autre idée qui été utilisée et que l'on peut trouver partout. Le Venezuela est accusé à présent d'être une nation impérialiste. Il y aurait désormais un Chavez impérialiste qui circule pour monopoliser et qui utilise le pétrole pour dominer les autres pays ? Je n'ai aucun doute du fait que cette histoire a été fabriquée à Washington, une histoire qui est envoyée dans le monde entier pour qu'elle soit rapportée par les journalistes, les analystes et les dirigeants politiques. Non ? Ce matin, un dirigeant politique d'un parti d'opposition en Amérique Latine a dit : "Chavez fait la promotion d'une politique de domination" ; c'est moi l'empire maintenant. Comme c'est absurde !
Tout d'abord, nous mettons en avant une politique internationale de respect pour la souveraineté des Etats, des peuples, et nous ouvrons aussi des canaux pour établir un nouveau mécanisme d'intégration, basée sur la solidarité, la solidarité, au-dessus de tout ; basée sur la coopération véritable, sur la complémentation économique, dans le respect des institutions, pour la loi internationale, qui est ce qui n'est pas reconnu à Washington : comment ils violent la loi internationale, comment ils dominent, comment ils commettent des agressions contre le monde à partir de Washington ! Voilà où se trouve le véritable empire et ils veulent à présent accuser les Vénézuéliens d'être des impérialistes ou de lancer des stratégies de domination ou des monopoles. Nous, des monopoles ? Nous combattons les monopoles, nous combattons l'impérialisme.
Ils prétendent tordre la vérité et non seulement la tordre, mais l'inverser. Ils ne pourront pas le faire, ils ne pourront pas le faire parce que nous savons, comme cela se passe à Londres, ici en Grande-Bretagne, combien de soutien nous recevons de la rue, de la jeunesse, des étudiants, des syndicats, des députés, des maires, comme le Maire Livingstone ; malgré tous les mensonges qui circulent sur nous en Grande-Bretagne, Chavez le "tyran", Chavez le "dictateur", Chavez "l'oppresseur", même les gens savent que ce sont des mensonges. Nous n'avons aucun plan pour monopoliser le gaz ; nous n'élaborons que des plans d'intégration tout comme l'Europe. L'Union Européenne a commencé avec l'intégration du charbon et de l'acier ; de la même manière, nous proposons à l'Amérique du Sud, surtout à l'Amérique du Sud, d'utiliser les grandes réserves de gaz du Venezuela, 15.000 milliards de mètres-cube, vérifiées, et qui devraient doubler dans les prochaines années ; ce qui représente les plus grandes réserves de gaz de tout le continent américain, et l'une des plus grandes dans le monde.
Le pétrole vénézuélien, nous avons les plus grandes réserves de pétrole du monde, plus de 300 milliards de barils, réserves vérifiées, et ceci nous voulons le partager avec les peuples du monde entier ; pour que cela ne bénéficie pas seulement à une élite au Venezuela ou d'autres parties du monde. Et à présent, nous avons proposé à l'Amérique du Sud, et nous travaillons dur et vite avec Lula et Kirchner en particulier, et maintenant avec Evo, sur le projet du Grand Gazoduc du Sud. Nous invitons les investisseurs britanniques et européens à regarder ce projet avec intérêt, ce sera un très grand pipeline gazier de 8 mille kilomètres de long, pour assurer un réseau de gaz des Caraïbes à la Patagonie, pour garantir de l'énergie bon marché, propre et à prix réduit à tous les pays et les habitants de l'Amérique du Sud ; de l'énergie pour au moins 150 ans ; voici notre projet, c'est un projet de libération sociale pour promouvoir, enfin, le combat contre la pauvreté et un développement durable et intégral.
Vous me posez une question à propos du pétrole et de la relation ou, mieux, de la situation, la grande menace contre l'Iran. Je pense que le monde doit faire tout ce qui est possible pour éviter la folie que représenterait une attaque militaire contre l'Iran, dont nous ne pouvons pas prédire les résultats. D'ici, nous appelons le gouvernement des Etats-Unis d'arrêter sa propagande belliciste, dont l'intention est de jeter le monde dans un abysse constitué de plus de guerres, plus de terrorisme, plus de morts, et plus de désolation. Je pense que l'Europe a un rôle très important à jouer dans ceci et au lieu de soutenir ce penchant vers la guerre, elle devrait aider à l'arrêter, l'Europe à le pouvoir de le faire, le monde a le pouvoir de le faire.
Vous me demandez si le Venezuela suspendrait ses exportations de pétrole vers les Etats-Unis dans le cas d'une attaque contre l'Iran. Je ne peux pas répondre à cette question parce que cela dépendra des circonstances.
J'ai dit que nous ne voulons pas suspendre la fourniture de pétrole à quelque pays dans le monde que ce soit, parce que nous sommes des gens qui agissent avec responsabilité : malgré les agressions de l'empire américain contre nous, nous n'avons jamais cessé de livrer un million et demi de barils par jour de pétrole brut au peuple des Etats-Unis, à l'économie des Etats-Unis ; nous avons là-bas une grande société qui s'appelle Citgo, qui raffine 2 millions de barils de pétrole brut par jour et qui a 14.000 stations service dans les lesquelles nous fournissons du carburant au peuple des Etats-Unis, c'est une responsabilité et nous voulons continuer à tenir cette responsabilité.
J'ai dit que si les Etats-Unis devaient lancer une attaque contre le Venezuela, alors ils pourront oublier le pétrole vénézuélien ; c'est la même chose que l'Iran a dite, l'Iran a dit que s'il y a une agression contre eux, le monde peut oublier leur pétrole.
Maintenant, je vais vous dire quelque chose : étant donné le prix croissant du pétrole, s'il devait y avoir une attaque contre l'Iran - le prix du brut est actuellement de 70 dollars par baril - eh bien, ce prix pourrait dépasser les 100 dollars par baril ! Et les Londoniens, au lieu de payer je ne sais combien leur gallon d'essence, cela pourrait très bien doubler ainsi que dans toute l'Europe et dans le monde entier.
En plus, en plus du fait que nous aboutirions à une situation de plus grande déstabilisation mondiale, voici pourquoi nous devons éviter une nouvelle agression militaire par les Etats-Unis contre qui que ce soit. Nous voulons la paix et le respect de la loi internationale.
Ken Livingstone
S'il vous plait ! Encore une question. Attendez le micro. Ceci n'est que pour vous, ils me voient toutes les semaines.
Journaliste de VTV [Télévision Publique Vénézuélienne], Boris Castellanos
Après votre rencontre, après les discussions, quels sont les points spécifiques qui pourraient être mis en application pour atteindre l'objectif d'une coopération énergétique entre Londres et le Venezuela ? Et pour le Président Chavez, comment cet accord serait exécuté avec l'idée de "Petroeuroamerica", qui a été proposée à Vienne? Considéreriez-vous que ceci est une étape dans cette direction ou une idée séparée ? C'est tout.
Ken Livingstone
Il n'y a aucun doute que le Président [Chavez] peut faire beaucoup de choses pour alléger le fardeau du coût du pétrole et tout ce qu'il fait est bienvenu ; mais nous avons conscience, et nous sommes très conscients, du fait qu'en Occident nous devons ralentir, nous devons réduire la consommation d'énergie, que nous devons être plus efficaces et polluer moins, parce que, comme cela est en train d'arriver en Chine, en Inde et dans d'autres pays où ils se retrouvent dans une situation difficile, ils connaissent des pénuries. Les pays les plus pauvres essayent de sortir de cela, donc, alors l'Amérique aussi et l'Europe doivent freiner un peu l'utilisation et l'abus de leurs ressources, ceci est un objectif de long terme, qui serait d'éviter qu'il y ait un changement climatique plus grand et les conséquences terribles que cela entraînerait.
Nous avons parlé avec mes collaborateurs, à propos des mesures que nous devrions prendre. Mais ce n'est qu'une partie, le Maire de Caracas sera aussi accueilli ici, avec le président, et mes collaborateurs ont parlé avec lui. Comme je l'ai dit, en septembre, plusieurs évènements culturels se dérouleront. D'abord une manifestation vénézuélienne à Trafalgar Square, puis, l'année prochaine à Caracas. C'est une sorte de première étape pour une compréhension mutuelle, pour un respect mutuel entre nos cultures, entre nos villes. Caracas, une population importante vit à Caracas, comme en Angleterre, il y a d'immenses zones urbaines, donc nous devons beaucoup apprendre les uns des autres. Nous prenons déjà des mesures fortes pour contrôler la circulation, pour contrôler toutes ces choses. Si vous souhaitez des informations sur toute autre chose, nous pouvons vous les donner.
Président Chavez
Merci, Livingstone. Je voudrais seulement ajouter que la coopération entre nous, qui existe déjà à un premier niveau, politiquement, à présent, socialement avec cette visite, nous aspirons à atteindre un plus haut niveau, non seulement en matière d'énergie mais aussi dans la coopération intégrante. Le Maire Livingstone indique déjà quelques projets qui ont été en développement depuis quelques temps avec le Maire Juan Barreto.
Il y a des membres du staff de l'Hôtel de Ville de Londres qui se sont rendus à Caracas à diverses occasions, pour évaluer des alternatives, pour évaluer des projets qui ont à voir, par exemple, avec la circulation, les transports, les transports publics, ici, à Caracas. Le Maire Juan Barreto est ici avec nous.
Bon ! Le problème environnemental et tout ce qui est en relation avec la gestion du gaspillage. Londres est un bon exemple de cela : tout un système de transport et de sécurité publique. J'expliquais à Livingstone que Caracas, bon, est une ville que l'on a apprise à aimer au fil des années ; et, pour moi, pour nous, cela nous fait mal que Caracas, parce que Caracas, de même que les grandes capitales d'Amérique Latine ont beaucoup souffert durant le 20ème siècle sous un modèle ; il faut plutôt dire, l'absence de modèle, la croissance des villes n'a jamais été planifiée comme à Caracas, l'exode rural, des centaines de milliers de ruraux qui se sont retrouvés abandonnés ont déménagé pour les villes et, là, nous voyons Caracas. Caracas, une Caracas où une minorité de gens très riches y vivent et une Caracas où une grande majorité de pauvres y vivent.
Ensuite, un des rêves que j'ai, je le commentais au maire, est de transformer Caracas, ensemble avec les habitants de Caracas, avec les maires de l'agglomération et le Maire du Grand [Caracas] ; ceci est quelque chose qui nécessitera un gros effort et une vaste connaissance ; et la Mairie de Londres a une grande expérience ainsi que la volonté de nous aider, quelque chose que nous remercions tous au nom de Caracas, au nom du Grand Caracas.
C'était une coopération intégrante, où la possibilité était ouverte. Je viens de proposer cette idée, puisque vous commentiez la proposition de Petroeuroamerica que nous avons faite à Vienne. Quelle est la raison de tout cela ? Nous croyons que la crise énergétique continuera de s'accroître. Le Maire [de Londres] a parlé avec une grande conscience du modèle de la consommation énergétique. Je crois que les sociétés qui consomment le plus d'énergie dans le monde, en particulier les pays du Nord, doivent prendre le temps de se regarder en face. Regardez l'exemple que nous fournit ce bâtiment, parce que cet édifice, la structure tire partie de l'énergie solaire. Vous verrez d'autres bâtiments qui sont fermés de toutes parts, pas même la plus petite fenêtre, hein ! Ou alors, les carreaux sont teintés, donc la lumière n'entre pas ; alors, il vous faut je ne sais combien d'ampoules électriques et de réflecteurs allumés 24 heures sur 24. Et toute cette électricité qui est consommée, tout ceci nécessite de l'énergie provenant de centrales thermiques, du pétrole, ou de centrales hydroélectriques.
De l'autre côté, bon, l'énergie solaire et éolienne. Voyez la température qu'il fait ici ! Il n'y a pas l'air conditionné, c'est un bon exemple. L'architecte qui a construit ceci, vous m'avez dit que c'est un Normand. Et ensuite, vous voyez une architecture qui est l'opposé total. Les Tours Jumelles du World Trade Center consommaient plus d'énergie que diverses nations africaines.
Un autre problème qui doit être analysé est l'utilisation des véhicules. J'ai appris que le Maire [de Londres] a pris des mesures spéciales pour essayer de réduire la consommation de carburant dans le centre de Londres et inciter à utiliser les transports publics. Regardez, à Vienne nous avons procédé à un vote, avant de partir, et aussi à New York. Comme les Etats-Unis, le Venezuela est un pays producteur de pétrole. Nous connaissons le sujet et l'étudions beaucoup. Nous avons aussi des centres de recherche et d'enquête au sein de l'OPEP [pour savoir] comment nous gaspillons l'énergie - et le pétrole n'est pas une ressource renouvelable ! Et nous le gaspillons, nous n'avons pas conscience dans ce monde de ce que nous faisons. Plus de pétrole a été consommé pendant les vingt dernières années que durant les 200 années précédentes. Un gaspillage de folie ! Et il n'y aura plus d'énergie pour continuer à la gaspiller. Combien de véhicules circulent-ils dans les rues de Londres, ainsi qu'à Vienne ou à Madrid, à New York et aussi à Caracas ? Même à un degré moindre.
Regardez ces véhicules : dans plus de 90 % d'entre eux vous ne voyez qu'une seule personne, celle qui conduit. Une personne occupant un espace de trois mètres sur deux. Ceci est une chose stupide, hein ! C'est le capitalisme, l'individualisme [poussé à l'] extrême. On peut voir des gens conduire à la vitesse d'une tortue, s'arrêtant constamment, ils écoutent de la musique et cela leur prend deux ou trois heures pour parcourir une distance de cinq kilomètres, alors qu'ils auraient pu la parcourir à pied, en vélo, en bus, en métro ou en tramway en 20 ou 30 minutes. Mais non, tout le monde veut sa voiture, une voiture pour tous. Mes frères, notre planète ne peut pas le supporter.
Ce modèle, ce soi-disant American way of life, [le mode de vie à l'américaine], le capitalisme extrême, n'est pas soutenable. La vie sur cette planète s'arrêtera si nous poursuivons dans cette voie. Voici pourquoi nous sommes motivés à rechercher le socialisme et abandonner le capitalisme, l'individualisme, le consumérisme égoïste, la soi-disant création destructrice qui détruit cette planète. Nous sommes tous en danger. Et pas tellement nous, mais nos enfants et nos petits-enfants !
Un peu de temps pour penser à ceci et aux choses intéressantes que nous avons vues ici à Londres, à l'Hôtel de Ville.
Bon ! Donc nous sommes en train d'ouvrir des canaux pour rechercher des mécanismes de coopération qui peuvent inclure des aspects énergétiques. Je commentais cela hier soir, nous aimerions, comme nous avons ici des investissements dans deux raffineries, une au Nord et une au Sud, ce sont de petites raffineries, mais ce sont des investissements à long terme par le Venezuela, nous pourrions utiliser ces raffineries comme point de départ pour aider d'une manière les communautés les plus pauvres à Londres, en Grande-Bretagne, en particulier pendant l'hiver, et si le prix du fioul domestique augmente beaucoup plus.
Par exemple, il y a des pauvres qui peuvent ne pas avoir les moyens de payer leur chauffage lorsque les hivers ici peuvent descendre à une température de combien ? Moins 20, moins 30 parfois, et il y a des gens qui meurent de froid, les pauvres. Nous faisons cela aux Etats-Unis, à New York, à Houston, à Philadelphie, à Chicago ; des centaines de milliers de personnes qui bénéficient d'un programme du gouvernement vénézuélien de fourniture de fioul domestique à prix réduit ou, dans certains cas, comme don, lorsqu'il s'agit des maisons de retraite, des écoles pour les enfants pauvres et les communautés les plus pauvres, etc. Merci beaucoup.
Ken Livingstone
Deux questions ici. Deux questions.
Journaliste de la BBC de Londres, Lourdes Heredia
Bienvenue à Londres. Je suis Lourdes Heredia de la BBC en espagnol. Deux questions. L'une est : si nous regardons les médias ici, comment vous voient-ils, comment vous voient-ils en Europe, c'est comme une seule voix, l'une [des questions] que je veux vous poser est au sujet du processus électoral en Amérique Latine. Il y a des élections au Pérou, des élections au Mexique, mais aussi lorsque nous voyons des critiques vous concernant par la presse, ils disent : eh bien, que vous faites la même chose que vous critiquez Bush de faire ! En d'autres termes, vous êtes soit avec moi, soit contre moi. Donc, voici les deux questions : Que pensez-vous du processus [électoral] en Amérique Latine ? Mais aussi du fait que vous prenez parfois les mêmes attitudes que le Président Bush.
Un journaliste
Je suis d'un quotidien, The Independent. Vous avez parlé avec passion de votre opposition à une attaque des Etats-Unis contre l'Iran. Pouvez-vous clarifier ? Est-ce parce que vous ne croyez pas qu'ils développent des armes nucléaires que l'Iran devrait être autorisé à produire de l'énergie nucléaire ? Quelle est la raison pour laquelle les Etats-Unis ne devraient pas attaquer l'Iran ?
Président Chavez
C'est la première fois que je suis insulté comme cela en public. Être comparé au pire dirigeant génocide dans l'histoire de l'humanité, le président des Etats-Unis, un assassin, un meurtrier de masse, qui devrait être condamné à la prison par une cour criminelle internationale. Je ne sais pas à quoi vous vous référez lorsque vous me comparez au président Bush. Non ! Mais vous pourriez clarifier, j'ai le droit de demander une clarification. Quelles sont ces attitudes que vous dites que j'ai prises ? Qu'est-ce qui vous fait poser cette question ? Vous pourriez clarifier cela ? Quoi, par exemple ? Ai-je envahi un pays ? Est-ce que les Vénézuéliens ont envahi quelque part ? Sommes-nous en train de bombarder une ville ? Faisons-nous la promotion de coups d'état ? Nous servons-nous de la CIA pour tuer des présidents ? Hébergeons-nous des terroristes au Venezuela ?
Assistance
(Applaudissements)
Président Chavez
Voilà qui est Bush ! Voilà pourquoi je pense avoir le droit, en tant qu'être humain, de vous demander de clarifier votre question, s'il vous plaît. Oui ?
Journaliste de la BBC de Londres, Lourdes Heredia
Non, c'est simplement que "Vous êtes avec moi ou contre moi". Par exemple, pour clarifier la question que mon collègue de CNN a posée comme "idiote", bien, pourquoi une question peut-elle être idiote ? C'est cette attitude, "Soit vous êtes avec moi, soit vous êtes contre moi". Donc, c'est à propos de cette attitude ; et un peu à propos de ce qu'on lit. Si vous voulez mon opinion personnelle, pourquoi ne pas m'accorder une interview personnelle et je vous répondrai.
Président Chavez
J'espère bien ! Venez à Caracas quand vous voulez. Vous êtes invitée, s'il vous plaît.
Maintenant, je ne suis pas contre ce journaliste qui a posé cette question, mais j'ai le droit de penser, tout comme vous avez ce droit, la liberté de penser, bon, la liberté de penser et j'ai le droit de donner mon opinion sur cette question, mais j'y ai répondu, je n'ai pas demandé à la sécurité de le faire sortir, je ne ferai jamais cela, ou de l'attaquer. J'ai même clarifié, afin que personne ne puisse comprendre de travers, j'ai dit : "je ne dis pas que vous êtes stupide", c'est l'idée qui a couru partout, hier, dans le monde, dans presque tous les grands quotidiens et les médias : "Chavez se rend à Londres, il est reçu par le Maire Livingstone, mais ne sera pas reçu par Blair ou par la Reine", alors c'est de la manipulation, claire, donc, et ce que je fais est de confronter cette idée.
Maintenant, à propos de ce point où vous me comparez au Président des Etats-Unis, c'est un peu gros ! Non ?
Une fois, Fidel Castro m'a comparé à lui et je lui ai dit : "Ne m'insulte pas", parce que nous revenions d'Afrique et je l'appelais de l'avion et lui ai dit : "Fidel, attends-moi là-bas, j'atterris à la Havane dans trois heures, je veux te parler" ; et il m'a dit : "Où es-tu ?", je suis en vol, en l'air ; "Ah ! Tu es en avion, oui. Seuls toi et Bush, a-t-il dit, peuvent appeler au téléphone, ce qui est faux. Mais je lui ai dit, "Ecoute, s'il te plaît, ne m'offense pas, ne profite pas de notre amitié pour m'offenser".
Eh bien, maintenant, je ne suis pas celui qui applique ce principe selon lequel vous êtes avec moi ou contre moi ! J'ai de très bons amis qui ne sont pas d'accord avec moi.
Je vous donnerai l'exemple du président de la Colombie, Alvaro Uribe, il est un de mes bons amis, nous nous parlons au téléphone, nous discutons, nous conversons, et le monde sait qu'Alvaro et moi avons des points de vue différents sur l'économie, sur la politique. Alvaro Uribe, bien, il est un président de droite et il a signé un Traité de Libre Echange avec les Etats-Unis et il a permis que les Etats-Unis aient des troupes basées en Colombie ; tout ceci. Malgré tout ceci, regardez, un appel au Président Uribe, rencontrons-nous à la frontière, rencontrons-nous demain, etc.
Nous allons bientôt inaugurer un pipeline gazier qui traverse la frontière entre la Colombie et le Venezuela, un pipeline appartenant à deux Etats, et de nombreux mécanismes de coopération, juste pour vous donner un exemple, et beaucoup de gens dans le monde, beaucoup de gens, pas seulement des présidents et des chefs d'Etat. Je respecte les autres. Je pense qu'il est fondamental que nous puissions vivre en société, que nous devons nous respecter et ne pas nous attaquer les uns les autres, personne ne détient la vérité absolue, seulement les fondamentalistes et les irrationnels.
Bien sûr, il est possible que vous ou d'autres, et je ne les condamnerais pas, ayez une idée différente de moi, victimes de la stratégie à la Goebbels consistant à répéter des mensonges mille et une fois afin que les gens croient que Chavez est un tyran, que celui qui n'est pas avec lui est contre lui, qu'il est un fondamentaliste, un terroriste, qu'il achète tout le monde avec l'argent de son pétrole, qu'il abrite Ben Laden, etc. Certaines personnes peuvent arriver à croire tout cela, victimes des campagnes médiatiques permanentes qui ont lieu chaque jour dans le monde entier sans répit, ce qui fait partie de l'agression impérialiste contre nous.
Quant aux élections au Pérou et au Mexique, je ne vais pas parler des détails, seulement que nous souhaitons le meilleur pour les Péruviens et les Mexicains et pour l'Amérique Latine, que le changement à gauche se poursuive ! Merci.
Il y avait une autre question, oui, une autre question a été posée, pardon, à propos de l'Iran. Nous nous basons sur le respect de la loi internationale, nous ne croyons pas que les Etats-Unis ou quiconque ait le droit d'interdire à une nation de posséder l'énergie nucléaire. Combien de pays dans le monde ont l'énergie nucléaire ? Le Venezuela, malheureusement, ne la possède pas. Il y a environ 40 ans, ils avaient commencé à la développer et ensuite ils stoppèrent ce projet. Le Brésil la développe, l'Argentine aussi et beaucoup d'autres pays dans le monde.
Je suis sûr que les Iraniens ne développent pas la bombe atomique, qu'ils n'utilisent pas l'énergie nucléaire en pensant à la guerre. Les Iraniens, tout comme nous, veulent la paix, nous voulons échanger avec le monde, nous voulons le dialogue des civilisations. Mais, de Washington, nous obtenons le clash des civilisations, la guerre entre les civilisations.
C'est pourquoi, ceci est notre critère et nous demandons que les droits du peuple iranien soit respectés.
Ken Livingstone
Je dois vous dire que nous n'avons plus de temps. Malheureusement, il n'y a plus de temps pour d'autres questions. Maintenant, vous pourrez tous venir à mes conférences de presse que je tiens régulièrement. Peut-être voudrez-vous connaître mon opinion sur George Bush ? Mais, bon, on ne me prête pas autant d'attention, je ne reçois pas autant d'attention que mon ami Hugo.
Assistance
(Applaudissements)