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Tous les yeux sont tournés vers la fête du travail

Un Jour Sans les Mexicains?

Par John Ross

CounterPunch, 17 avril 2006


Vicente Fox, le président mexicain en exercice, a longtemps chéri la chimère d'un accord sur l'immigration avec Washington. Mais celle-ci est partie en fumée début avril lorsque les sénateurs républicains ont torpillé une mesure de compromis, qui aurait légalisé des millions de travailleurs sans papiers vivant au nord de la frontière et assuré à des centaines de milliers d'autres chômeurs mexicains des emplois de courte durée aux Etats-Unis.

Mais la proposition de réforme soutenue par les Sénateurs Ted Kennedy (Démocrate, Massachusetts) et John McCain (Républicain, Arizona) aurait aussi pavé la voie à la déportation de masse des 3,4 millions de Mexicains vivant aux Etats-Unis. Le rapatriement le plus grand de toute l'histoire des Amériques !

Depuis le premier jour de sa présidence en 2000 — Fox a été élu la même année que George Bush — le chef de l'état mexicain a fait d'un accord sur l'immigration avec Washington la question déterminante de son mandat. Mais il a été constamment rabroué par son homologue à la Maison Blanche.

Toute cette "enchilada" [NdT : en français on dirait 'cette salade niçoise'], concept forgé par le premier ministre des affaires étrangères de Fox (Jorge Castaneda Jr.) — la légalisation des travailleurs et le programme de travailleurs invités sont dans le même package — a été mis sur la table pendant la première visite d'état de Vicente Fox à Washington en septembre 2001 et cela a suscité un intérêt mitigé dans les cercles proches de Bush. Selon les statistiques compilées par la Pew Hispanic Research Fondation, à cette époque, les chiffres de la légalisation atteignaient les 3 millions — moins de la moitié des Mexicains vivant aujourd'hui aux Etats-Unis.

Mais les attaques terroristes du 11/9, sur New York et Washington, qui se produisirent quelques jours après cette réunion en petit comité avec Bush, firent dérailler le rêve de Fox, alors que la frontière se fermait et que les travailleurs mexicains étaient déclarés terroristes potentiels par les agences de sécurité américaines. Toute cette 'enchilada' est tombée à l'eau.

Ensuite, en 2004, Bush, gardant un œil sur les voix des Latinos dans les élections présidentielles qui se profilaient, repêcha la moitié de cette enchilada de la corbeille et proposa un programme de travailleurs invités afin de répondre au besoin des entreprises américaines de stabiliser la production avec le faible coût du travail mexicain. Aucun programme de légalisation n'y était attaché — Bush a la légalisation en horreur. Selon ses propres mots, elle équivaudrait à une "amnistie" qui récompenserait ceux qui "enfreignent la loi" et conduirait à "l'anarchie".

Bien qu'aucun programme de travailleurs invités n'ait été en fait proposé, cette initiative fut applaudie par Fox. Et Bush prit 44% des voix latinos, soit 14 points au-dessus de son score en 2000. Deux ans plus tard, avec une réaction violente anti-immigration en plein épanouissement, le président américain a ranimé sa proposition sur les travailleurs invités — accompagnée de mesures énergiques de sécurité aux frontières, ainsi que la Chambre des Représentants l'a clairement exprimé dans la loi HB 4437 votée en novembre 2004. Cette loi anti-immigration introduite au Congrès est la plus virulente depuis les lois d'exclusion des étrangers du 19ème siècle.[1] Renommée "Ley-Sensenbrenner" d'après le Républicain nataliste du Wisconsin qui a suivuit cette loi à travers la Chambre, HB 4437 criminaliserait 12 millions de travailleurs sans papiers aux Etats-Unis, dont environ 56% de Mexicains — des peines criminelles pourraient être prononcées si Sensenbrenner devient la loi du pays. Cette loi criminalise aussi toute aide humanitaire fournie aux travailleurs sans papiers, par l'Eglise Catholique et autres agences sociales. Sa transgression serait punie de cinq années d'emprisonnement. La 'Ley-Sensenbrenner' alloue aussi des dizaines de millions de dollars pour la construction de plus de 1.000 km de murs le long de la frontière du Texas, du Nouveau Mexique et de l'Arizona et double la taille de la Patrouille Frontalière Américaine (la "Migra") à 30.000 personnes.

Le spectre de la Ley-Sensenbrenner votée par le Sénat et l'exigence de réformes réelles de l'immigration qui offriraient un passage vers la citoyenneté a précipité une mobilisation jamais vue, tant des Mexicains légaux que des Mexicains sans papiers vivant aux Etats-Unis.

À la manière d'un géant qui se réveillerait après une longue hibernation, ce sont près de 2 millions de Mexicains et des douzaines d'autres groupes d'immigrés qui sont descendus dans les rues des villes américaines en mars et en avril pour contester ces exigences. La mobilisation a commencé à Chicago, cité construite sur le travail immigré, lorsqu'un demi-million de personnes, essentiellement des Mexicains, y sont descendus dans la rue le 10 mars dernier. Deux semaines plus tard, 500.000 ont défilé à Los Angeles. Bien que ces deux villes connaissent les plus grandes populations mexicaines des Etats-Unis, cette campagne a fait boule de neige et s'est poursuivie dans des douzaines de villes plus petites : 500.000 personnes ont défilé à Dallas le 9 avril — la plus grande manifestation politique dans l'histoire du Texas. Le lendemain, 300.000 ont défilé à Phœnix, en Arizona. Même à Salt Lake City, qui n'est pourtant pas connue comme étant une destination pour les travailleurs mexicains, a rassemblé 50.000 personnes.

À New York, les Mexicains, la minorité ethnique qui progresse le plus vite dans ce melting-pot métropolitain, ont été rejoints par des contingents importants de Latinos, d'Africains, de Chinois, d'Arabes et même d'Irlandais. 100.000 personnes se sont rassemblées le 10 avril dans la capitale des Etats-Unis, au monument de Washington invoquant le souvenir de la marche de Martin Luther King sur Washington en 1963. "Un nouveau mouvement de défense des droits civiques est né", a claironné à la ronde le Sénateur Kennedy. "Aqui estamos y no nos vamos!" (Nous sommes ici et nous ne partirons pas!) Criaient les manifestants, "No One Is Illegal!" (Personne n'est hors-la-loi!) et "Si se puedes!" (Oui, vous le pouvez!) (Cri de bataille du martyr chicano César Chavez, dont le 15ème anniversaire de sa mort a coïncidé avec les mobilisations). Au début, les manifestants ont déroulé un océan de drapeaux mexicains rouge, blanc, vert.

Pratiquement du jour au lendemain, cette explosion imprévue d'indignation et de résistance est passé du stade de l'éventail des ressources à un mouvement national (et binational). Les organisations politiques latinos de la vieille garde, comme La Raza Council, La MAPA (Mexican American Political Association), la ligue des électeurs latinos (la LULAC), le MALDEF (une sorte de NAACP américano-mexicain) et la Mexican Hermanidad (le bastion de feu Bert Corona) ont été rejoints par des alliés politiques inattendus dans des clubs de service régionaux qui sont devenus une force motrice parmi les Mexicains vivant aux Etats-Unis. Avec les travailleurs mexicains qui envoient désormais entre 16 et 20 milliards de dollars [entre 13 et 16 Mds €] dans leur pays chaque année, ces clubs des états nourriciers comme Zacatecas, Michoacán, Guanajuato et Jalisco ont un poids politique croissant des deux côtés de la frontière.

Dans les zones des grandes villes où se trouvent des populations mexicaine et américano-mexicaine importantes, des disc jockeys très populaires comme "El Mandril", "El Cucuy" et "Piolin" à Los Angeles et à Chicago ont été entraînés à bord et se sont portés volontaires pour faire passer le message. Des élèves adolescents (et pré-ados) de San José en Californie à El Paso au Texas ont abandonné leurs classes et ont défilé d'école en école pour créer un soutien aux rassemblements. L'Eglise catholique a fourni la légitimité religieuse aux mobilisations — le Cardinal de Los Angeles, Roger Mahoney, a envoyé des milliers de prêtres menottés à Washington pour le premier jour des audiences du Sénat afin de protester de manière crûe contre les peines anti bon-samaritain de la "loi" Sensenbrenner.

Des syndicats importants de travailleurs et de chefs d'entreprise se sont rassemblés dans cette coalition impromptue. Des syndicats comme le Service Employees International et le Restaurant Workers, comptant beaucoup de membres mexicain (les deux venant juste de verrouiller l'AFL-CIO [American Federation of Labor-Congress of Industrial Organizations]) ont fourni des dizaines de milliers de manifestants. De l'autre côté du registre, la Chambre de Commerce des Etats-Unis a approuvé [le principe] des travailleurs invités et les efforts de légalisation qui assureraient aux entreprises une offre abondante de travail exploitable.

Les mobilisations de printemps ont constitué ce qui est appelé au Mexique une "coyuntura", littéralement une "venue collective", mais peut-être mieux traduit par un "moment singulier". Et pourtant, le large spectre de ce mouvement et ces manifestations les plus massives depuis le début de la guerre américaine contre l'Irak ne semblent vraiment pas avoir eu un impact sur le Congrès où le Sénat échoue lamentablement à saisir la balle au bond. Une version édulcorée du compromis Kennedy-McCain n'a même pas rallié 40 voix à vote ouvert, et les Républicains, sous la houlette du leader de la majorité, le Dr Bill Frist (principal rival de McCain à la succession de Bush en 2008), a introduit tant d'amendements, véritables pilules empoisonnées, que le produit final proposé aurait été impossible à distinguer de la "Ley Sensenbrenner". Jésus Christ est intervenu juste à ce moment-là et le Congrès est rentré à la maison pour les deux semaines de congés de Pâques.

Bien que le débat puisse reprendre en mai, il semble que pour l'instant la "coyuntura", réclamant une réforme ayant du sens, se soit éteinte et qu'elle ne sera pas ressuscitée avant le résultat des élections du Congrès en novembre. Toute loi qui sortirait du Sénat devrait se réconcilier avec Sensenbrenner, qui a obtenu une majorité à la Chambre de plus de 100 voix. En fin de course, George Bush se réserve le droit d'apposer son veto sur toute loi qui ne lui plairait pas. Et il n'aime pas la "légalisation" !

"Aujourd'hui nous manifestons et demain nous voterons" est un cri populaire que l'on entend ce printemps dans les rues de l'Amérique du Nord. Mais on peut douter que ceux qui ont manifesté auront leur mot à dire sur la direction des futures élections américaines ou qu'ils pourront les influencer. Beaucoup de ceux qui y ont participé (à la fois les légaux et les illégaux) ne sont pas citoyens américains et ne votent pas dans les élections américaines. Et quant à ceux qui pourraient être qualifiés, sous les propositions les plus libérales, à la citoyenneté, le droit de vote, au bout de la ligne, est dans 16 ans et, à ce moment-là, beaucoup des députés et sénateurs sortants seront décédés.

Néanmoins, la disparition apparente de la loi de compromis du Sénat a une contrepartie pour les Mexicains vivant aux Etats-Unis. Selon ses attendus, chaudement salués par Vicente Fox ("une victoire pour ceux d'entre nous qui pensons que l'immigration est un enrichissement"), 7 millions de travailleurs sans papiers, dont 4 millions de Mexicains, qui ont résidé aux Etats-Unis pendant cinq ans ou plus pourraient être placés sur le chemin de la citoyenneté en payant des amendes de $2.000 et autres arriérés d'impôt pour chaque membre de leur famille. Cette somme sera prohibitive pour un grand nombre d' "indocumentados" [de sans papiers] et ils choisiront donc de continuer à vivre sans papiers dans les recoins sombres des Etats-Unis.

2,4 millions d'autres Mexicains, sur un total de 4 millions de travailleurs sans papiers, qui sont passé au nord depuis deux à cinq ans serait obliger de quitter les Etats-Unis pour reposer leurs candidatures en tant que travailleurs invités, sans l'assurance de pouvoir y ré-entrer. Enfin, 900.000 Mexicains (sur un total de 2 millions) qui résident aux Etats-Unis depuis moins deux ans seraient forcés de retourner au Mexique sans possibilité de recours. Le nombre total de Mexicains qui devraient être rapatriés — 3,4 millions — constitueraient une migration de retour aux proportions bibliques. Ce serait la plus grande déportation forcée dans l'histoire des Amériques !

Comment ce rapatriement forcé serait géré dépasse l'entendement. Est-ce que la police et l'armée nettoieraient les faubourgs de Los Angeles comme elles le firent en 1931 et forcèrent des familles à quitter leur maison ? Est-ce que des camps de détention seraient créés dans des coins isolés comme les Etats-Unis l'infligèrent aux Japonais en 1941 ?

De plus, la déportation de millions de travailleurs au chômage foutrait en l'air l'économie mexicaine et cela accroîtrait les tensions sociales jusqu'au point d'explosion. La frontière, soupape de sécurité pour la jeunesse mexicaine frustrée, ressemblerait rapidement à l'Irak.

Bien que ce scénario soit très inquiétant, du côté Nord de la frontière le zèle de l'anti-immigration est à son comble. Un animateur de talk show de l'Arizona, Brian James, a placé la barre encore plus haute en appelant ses auditeurs à converger vers la frontière un jour par semaine et à s'y rendre munis d'armes puissantes (il a même donné son avis sur le calibre des munitions) et tirer pour tuer ceux qui traversent la frontière. Un restaurant mexicain à San Diego a été incendié par engin explosif et les mots "Fuck Mex !" [On encule les Mexicains !] ont été bombés sur ses murs. Le premier maire américano-mexicain de Los Angeles, Antonio Villaraigoza a reçu des douzaines de menaces de mort. Des indépendantistes des groupes d'autodéfense et des femmes (dont une Allemande récemment naturalisée) ont campé à l'extérieur du ranch Douglas Arizona de Roger Barnett, dont la "brigade de secours" conduit des "safaris humains" payants contre les immigrés sans papiers et a fait griller des drapeaux mexicains pour contrer les mobilisations pro-immigrés du 10 avril.

Le drapeau mexicain est pile en pleine ligne de mire de ce retour de bâton. Pour le présentateur de Fox News, Brett Hume, avoir vu flotter tous ces drapeaux sur les écrans de télévision dans tous les Etats-Unis fut un "spectacle repoussant". Ce sentiment est relayé par le porte-parole anti-mexicain de CNN, Lou Dobbs. Pour calmer cette contre-offensive, les organisateurs de la manifestation ont commencé à placer la bannière à rayure et à étoiles dans les mains des manifestants mexicains. Mais, au même moment, de l'autre côté de la frontière, les Mexicains qui marchaient en solidarité avec leur "paisanos" [compatriotes] en agitant le drapeau mexicain brûlèrent dans ces manifestations le drapeau américain, devant l'ambassade et les consulats [des Etats-Unis].

Malgré l'enterrement de la loi sénatoriale qui aurait légalisé des millions de sans-papiers et son remplacement probable par quelque chose qui semblable à 'Sensenbrenner', les Mexicains ne s'en iront pas — et s'ils s'en allaient, ce ne serait que pour une journée, celle du 1er mai, alors qu'un boycott national, basé sur le film populaire "Un Jour Sans les Mexicains" (à présent renommé "Un Jour Sans Immigrés"), est fixé. Les Mexicains et leurs alliés dans tous les Etats-Unis sont priés de ne pas aller travailler, aller à l'école ou faire leurs courses.

Le 1er mai est bien sûr la fête internationale des travailleurs ! Si les Mexicains étaient renvoyés chez eux, avec la forte concentration de Mexicains qui travaillent dans le bâtiment, l'agriculture, l'emballage de la viande, les hôtels (700.000 selon les chiffres du secteur), les restaurants (600.000), comme gardiens d'immeubles et autres services, l'impact serait fort aux Etats-Unis : aucune côte de porc ne serait emballée et aucune maison n'aurait de toit. "Qui s'occupera de nos enfants ?" Demandait une pancarte dans la manif de New York.

Se préparant à des manifestations massives le 1er mai, à Houston, Detroit, Seattle et dans une demi-douzaine d'autres villes, les industries ont déjà licencié des centaines de travailleurs mexicains qui ont participé aux manifs précédentes. Les syndicats, toujours à l'affût d'organiser les désorganisés, contestent ces licenciements.

La voix des Mexicains et de tous les immigrés sera-t-elle entendue dans les institutions du pouvoir aux Etats-Unis ? Le Congrès et la Maison Blanche sont connus pour ne pas écouter la colère des électeurs. Lorsque 12 millions de personnes dans le monde entier — dont 2 millions dans les rues des Etats-Unis — ont défilé pour empêcher une guerre qui n'avait pas encore commencé le 15 février 2003, George Bush a bouché ses oreilles. Aujourd'hui, 150.000 Irakiens et 2.400 soldats américains ont trouvé la mort.

Traduit de l'anglais [JFG-QuestionsCritiques]

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Note

[1] À la fin du 19ème siècle, les natalistes américains devinrent de plus en plus hostiles envers les immigrés asiatiques. Ces immigrés, notamment les Chinois, venaient souvent aux Etats-Unis avec en poche un contrat passé avec un employeur américain qui finançait le voyage. En 1882, le Congrès vota la loi d'exclusion des Chinois [Chinese Exclusion Act], suspendant toute entrée supplémentaire aux Etats-Unis pour la plupart des immigrés chinois. Les Lois sur les Contrats de Travail avec des Travailleurs Etrangers [Alien Contract Labor Laws] de 1885, 1887, 1888 et 1891 empêchaient les immigrés de se rendre aux Etats-Unis pour travailler sous contrats passés avant leur arrivée avec des employeurs américains. Les acteurs, artistes et chanteurs professionnels, les professeurs, éducateurs, ministres et le personnel domestique, ainsi que certaines catégories de travailleurs qualifiés n'étaient pas visés par ces restrictions.

Des lois d'immigration additionnelles furent votées en 1875, 1882 et 1892. Une de ces lois permettait de procéder à un examen physique de l'immigré à son arrivée. Une autre autorisait l'exclusion des repris de justice, des polygames, des prostituées, des personnes souffrant de "maladie répugnante ou contagieuse" et de ceux qui risquaient de devenir dépendants de l'aide financière publique. En 1891, le Congrès créa le Service d'Immigration et de Naturalisation (l'INS) pour faire appliquer les lois fédérales relatives à l'admission, l'exclusion et la déportation des étrangers et pour la naturalisation des étrangers résidant régulièrement aux Etats-Unis. En 1892, l'INS ouvrit un centre de filtrage à Ellis Island, dans le port de New York. Environ 12 millions d'immigrés entrèrent aux Etats-Unis en passant par le centre de Ellis Island, qui resta ouvert jusqu'en 1854.