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Réchauffement Planétaire

Il est pratiquement trop tard pour
éviter une catastrophe mondiale

Par Andy McSmith

The Independent, le 30 octobre 2006
article original : "Almost too late' to stop a global catastrophe "

La possibilité d'éviter une catastrophe mondiale est "déjà pratiquement hors de portée". C'est l'alerte que relancera aujourd'hui le rapport très attendu sur le changement climatique de Sir Nicholas Stern. Une perspective terrifiante est que les changements des modèles météorologiques pourraient faire baisser le rendement des économies mondiales d'un montant équivalent à 6.000 milliards de livres [9.000 milliards d'euros] par an d'ici à 2050, pratiquement le rendement total de l'UE !

Avec des températures mondiales en cours d'élévation de deux ou trois degrés en 50 ans, les précipitations pourraient se réduire de façon catastrophique dans quelques-uns des pays les plus pauvres, tandis que d'autres lutteront contre des inondations dues à la fonte des glaciers. La conséquence pourrait être la plus grande migration de réfugiés de toute l'Histoire.

Ces problèmes seront "difficiles, voire impossibles à inverser" à moins que le monde n'agisse rapidement. C'est l'alerte que lancera Sir Nicholas dans son rapport de 700 pages qui, espérons-le, transformera les attitudes dans le monde vis-à-vis du changement climatique. Ce rapport ajoute : "Nos actions pendant les quelques décennies à venir pourraient créer les risques d'un bouleversement majeur de l'activité économique et sociale, plus tard dans ce siècle et le suivant, à une échelle similaire à celles associées aux grandes guerres et à la dépression économique de la première moitié du 20ème siècle".

Mais le Chancelier [ministre des finances britannique] Gordon Brown et le Secrétaire à l'Environnement, David Miliband, insisterons sur le message positif qui accompagne les mises en garde sévère de Sir Nicholas, parce que ce rapport dira aussi que le monde a déjà les moyens d'éviter une catastrophe de cette dimension, bien que cela implique la colossale dépense de 1% du PIB mondial (environ 500 milliards d'euros).

"La deuxième partie de son message est que la technologie existe, que le financement, public et privé, existe et que les mécanismes internationaux existent aussi pour prendre ce problème à bras le corps - donc, je ne pense pas qu'il mettra en avant l'aspect catastrophique. Ce sera un message de défi", a dit M. Miliband.

Combattre le changement climatique pourrait devenir l'une des industries mondiales à la plus forte croissance, générant aux alentours de 400 milliards d'euros d'ici à 2050. Le rapport de Sir Nicholas appelle à une augmentation rapide de la recherche et du développement des technologies à faible émission de carbone et à la "capture de CO2", qui implique de placer ces émissions de carbone dans des stockages souterrains plutôt que de les envoyer dans l'atmosphère.

M. Brown écrira aujourd'hui aux ministres des finances de l'UE exhortant à une expansion majeure du programme d'échange des quotas d'émission de CO2 qui pénalise les entreprises qui contribuent excessivement à la quantité de CO2 dans l'atmosphère. Une des questions qu'il soulèvera sera de savoir si ce programme peut être étendu pour couvrir l'aviation, l'une des sources de CO2 qui se développe le plus rapidement.

Mais la perspective de consommateurs devant payer un droit plus élevé sur le carburant et autres taxes "vertes" a menacé hier de plonger M. Miliband dans une controverse politique, à la suite d'une lettre qu'il a écrite à M. Brown au début du mois et qui a été divulguée dans The Mail on Sunday.

M. Miliband préconise que lorsque les prix des carburants baissent, la taxe [TIPP] monte afin que le coût pour l'automobiliste reste le même. Il a aussi suggéré une taxe plus élevée pour les véhicules comme les 4x4 qui ont une consommation élevée, en passant à une taxe routière que les automobilistes paieraient au kilomètre et que ce système de taxe soit utilisé pour encourager les gens à passer à des produits domestiques économiseurs d'énergie, comme des ampoules électriques et des lave-linge plus efficaces.

M. Miliband a insisté sur le fait que ses idées n'étaient pas destinées à donner au Gouvernement de nouveaux moyens pour collecter de nouveaux impôts. "Nous utilisons les mécanismes dont dispose le gouvernement pour aider à changer les comportements. Ils ne sont pas là pour augmenter fondamentalement les impôts", a-t-il déclaré à la station Radio 4 de la BBC dans le programme The World This Weekend.

Les propositions de M. Miliband ont provoqué une tempête de protestation de la part des entreprises, mais elles ont aussi présenté un dilemme pour le dirigeant conservateur David Cameron, qui a fréquemment appelé à des taxes "vertes" sans donner de détails sur ce qu'elles devraient être.

Hier, il a déclaré que sa politique "peut signifier une taxe sur les voyages aériens", mais il a refusé d'en dire plus. Interviewé sur BBC 1, dans l'émission The Politics Show, il a déclaré: "Je pense que, dans l'ensemble, les taxes vertes doivent augmenter et je pense que nous devons être très prudents à ce que les taxes vertes que nous créerons ne soient pas trop régressives. Je ne veux pas être plus précis que cela".

Le dirigeant Libéral-Démocrate, Sir Menzies Campbell, a accablé de mépris toute suggestion selon laquelle il y a une solution indolore au réchauffement climatique. "Seuls des choix difficiles feront l'affaire", a-t-il déclaré.

Traduction [JFG-QuestionsCritiques]