élections présidentielles 2007
Les électeurs flottants et Bayrou ajoutent
du suspense à la course présidentiellePar Anne Penketh, à Paris
The Independent, le 20 avril 2007
article original : "Floating voters and Bayrou add suspense to race for president"
La France a donné une signification supplémentaire au terme d'électeur flottant, avec un nombre étourdissant d'électeurs (17 millions) qui mettent toujours en balance les quatre principaux candidats présidentiels dans l'optique du scrutin de dimanche.
Les électeurs "indécis" représentent plus d'un tiers de l'électorat et, selon les équipes de campagne des différents partis, ils pourraient continuer de se tourmenter jusqu'aux isoloirs.
Dans ce qui a été annoncé comme le vote le plus important depuis une génération, ils sont venus par milliers aux derniers rassemblements de la campagne, qui se termine aujourd'hui.
17.000 personnes auraient rempli Bercy, mercredi soir à Paris, pour entendre le candidat centriste, François Bayrou, parler de sa "révolution orange" pour dépasser la vielle division gauche/droite du monde politique français très polarisé.
Les sondages qui lui attribuent régulièrement environ 19% des intentions de vote ont injecté du suspense dans une campagne qui avait semblé, ces derniers mois, être une course à deux entre Ségolène Royal et le candidat conservateur, Nicolas Sarkozy. Ce dernier, favori des sondages, a obtenu l'approbation du Président Jacques Chirac, du bout des lèvres, le mois dernier. M. Sarkozy est toujours donné comme le probable vainqueur du deuxième tour qui aura lieu le 6 mai.
Jusqu'à ce que M. Bayrou relance le débat, la seule incertitude - de taille - était le pourcentage de voix pour le dirigeant d'extrême droite, Jean Marie Le Pen. Les estimations le concernant sont généralement sous-estimées et il pourrait une nouvelle fois secouer le pays en gagnant sa place au second tour, comme il l'a fait lors de l'élection présidentielle de 2002.
"Tout est ouvert," a déclaré Mme Royal hier sur RTL avant de se rendre à un rassemblement électoral à Toulouse, s'attendant à attirer 20.000 personnes, qui avait le Premier ministre espagnol, José Zapatero, comme invité d'honneur.
L'un de ses proches assistants de campagne, le Sénateur de Paris David Assouline, a déclaré à The Independent qu'il n'était pas inquiet du nombre élevé d'électeurs indécis. "Les gens veulent un véritable changement dans leurs vies," a-t-il dit. "Ils observent tous les candidats - c'est une nouvelle génération de candidats et ils veulent mieux les connaître."
L'on pense que les électeurs les plus volatiles sont du côté des supporters de M. Bayrou, disent les experts en sondage. L'ancien ministre de l'éducation dirige le parti de centre-droit, l'UDF, qui s'est traditionnellement allié à l'UMP de M. Sarkozy, lui-même ancien ministre de l'intérieur. Des dirigeants de l'UDF de premier plan - tels que l'ancien président Valéry Giscard d'Estaing et l'ancienne ministre Simone Veil - se sont officiellement déclarés pour M. Sarkozy, dont les supporters accusent M. Bayrou d'être un traître à son parti. De leur côté, les Socialistes disent qu'il est un "imposteur"
M. Sarkozy, s'exprimant lors d'un rassemblement électoral dans une banlieue parisienne, auquel participaient 7.000 fidèles militants, a déclaré : "Je l'ai toujours connu à droite, mais à présent il est à gauche. J'espère qu'il a demandé la permission à ses électeurs."
Juste 39% des supporters de M. Bayrou disent qu'ils ont pris la ferme décision de vraiment voter pour lui, tandis que 19% d'entre eux disent qu'ils pourraient se porter sur Mme Royal et 16% sur M. Sarkozy.
"En termes de volumes et d'incertitude, l'électorat de M. Bayrou est le plus flottant," déclare Emmanuel Rivière de la Sofres. [Plus d'] un million de personnes - y compris beaucoup de jeunes électeurs - voteront pour la première fois [dimanche prochain] dans cette élection. Ceci est en partie dû aux efforts de Mme Royal, qui a mené une campagne "participative" avant d'asséner un coup fatal aux poids lourds de son parti pour gagner la nomination socialiste.
Le Parti Socialiste espère clairement bénéficier de ce qui est attendu comme une participation élevée - à l'opposé de la performance désastreuse de 2002 lorsque ses supporters sont restés chez eux au premier tour, persuadés que Lionel Jospin gagnerait facilement. Au lieu de cela, il a été défait par M. Le Pen.
Mais il se pourrait que les jeunes, dont certains ont voté avec leurs pieds en déménageant au Royaume-Uni, préfèrent M. Sarkozy, qui a promis des réductions d'impôt dans sa "rupture" avec le passé très racoleuse.
Aussi, les instituts de sondage n'excluent pas la possibilité d'une défiance des électeurs français par un vote "protestataire". La dernière fois, cela a profité à M. Le Pen. Cette fois-ci, cela pourrait profiter à M. Bayrou.
Traduction [JFG-QuestionsCritiques]