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Massacres à Gaza

L’absence de condamnation vaut approbation pour Israël

Par Anne Penketh, rédactrice en chef - Diplomatie
The Independent, lundi 29 décembre 2008

article original : "Anne Penketh: Lack of condemnation as good as approval for Israel"

En l’absence d’une condamnation internationale et du vide du pouvoir aux Etats-Unis pendant encore trois semaines, Israël considèrera qu’il a le feu vert pour poursuivre son objectif stratégique consistant à faire tomber le Hamas dans la Bande de Gaza.

La réaction initiale de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis aura été interprétée en Israël comme faible. Ni Gordon Brown ni le Foreign Office n’ont appelé Israël a cesser ses attaques aériennes, alors que le nombre de morts en Palestine s’est envolé. Mais un porte-parole de Downing Street a appelé les « militants gazaouis » à « cesser immédiatement toutes les attaques à la roquette contre Israël ».

L’expression inquiète de M. Brown a ravivé le souvenir inconfortable de son prédécesseur Tony Blair qui avait rejeté les appels internationaux à un cessez-le-feu de la part d’Israël durant sa guerre de 34 jours contre le Liban en 2006. Ce n’est que hier, après que le Conseil de Sécurité de l’ONU s’est exprimé, que le secrétaire britannique aux affaires étrangères, David Miliband, a appelé à un « arrêt immédiat de toutes les violences ». A Washington, tandis que la Maison-Blanche appelait à la modération, Condoleeza Rice, la Secrétaire d’Etat sortante, a accusé sans équivoque les attaques à la roquette du Hamas d’avoir provoqué les frappes les plus sanglantes sur Gaza de mémoire d’homme.

Israël peut également profiter des divisions dans le monde arabe, où des Etats tels que l’Egypte et la Jordanie partagent sa préoccupation vis-à-vis des extrémistes du Hamas, bien que la « rue » arabe soit unanime dans son soutien aux Palestiniens, comme l’ont montré les manifestations, de Damas à Bagdad.

La déclaration du Conseil de Sécurité, tout en appelant à un « arrêt immédiat de toute violence », n’a mentionné nommément ni Israël ni le Hamas. En ne répartissant pas les responsabilités, cette déclaration a permis aux deux camps en conflit de prétendre à un soutien diplomatique. Le représentant palestinien, Riyad Mansour, a déclaré que celle-ci était clairement destinée à Israël et que les Palestiniens attendraient maintenant de voir si Israël cessait son « agression ». Mais l’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’ONU, Zalmay Khalilzad, a déclaré : « Il est clair que dans ce contexte Israël a le droit de se défendre et rien dans ce communiqué ne devrait être compris autrement. »

Traduction [JFG-QuestionsCritiques]