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Crise des missiles

Les risques sont plus grands dans une nouvelle Guerre Froide

Par Anne Penketh, rédactrice en chef - Diplomatie
The Independent, mercredi 20 août 2008

article original : "The stakes are raised in a new Cold War"

Les Etats-Unis et la Pologne ont fait monter les enchères dans cette nouvelle Guerre Froide, en signant un accord sur une base antimissile qui doit être située dans un pays frontalier de la Russie.

La Secrétaire d'Etat Condoleeza Rice et le ministre polonais des affaires étrangères Radek Sikorski ont signé ce pacte lors d'une courte cérémonie à Varsovie, sous les applaudissements d'un public trié sur le volet.

Les 10 intercepteurs américains de missiles seront déployés à 185 kilomètres de la frontière russe. Mais tout aussi significatif est cette décision étasunienne d'accéder à l'exigence polonaise d'une batterie de missiles Patriot en récompense de l'hébergement du bouclier antimissile. Les missiles Patriot sont destinés à protéger la Pologne contre des missiles à courte portée envoyés par ses voisins - tels que la Russie.

Lorsque cet accord a été annoncé la semaine dernière, la Russie a prévenu la Pologne qu'elle s'exposait à une attaque nucléaire de la part de Moscou pour le fait de stationner des missiles aussi près de son voisin.

La nouvelle de cet accord entre les Polonais et les Américains, après 18 mois de négociations, a fait naître des soupçons à Moscou, alors qu'il s'est produit juste après la guerre des six-jours en Géorgie. La Russie s'est opposée fermement aux plans des Etats-Unis de situer une partie de son bouclier antimissile en Pologne et en République Tchèque, convaincue que la cible véritable est le territoire russe.

Les Etats-Unis ont toujours insisté pour dire que la cible potentielle serait les missiles en provenance d'Iran ou de Corée du Nord. Le Président russe, Dimitri Medvedev, a déclaré que le moment choisi pour passer cet accord montrait que les missiles menaceraient la Russie.

Cependant, avant la cérémonie de signature, Mme Rice a dit que : "C'est un système qui est défensif et qui n'est dirigé contre personne. C'est un accord qui établira un site de défense antimissile… qui nous aidera à répondre aux nouvelles menaces du 21ème siècle, des menaces de missiles à longue portée provenant de pays comme l'Iran ou la Corée du Nord."

Contrairement à la rhétorique façon guerre froide entre Moscou et Washington de ces derniers jours, cette mesure pourrait avoir des conséquences réelles en déclenchant une nouvelle crise des missiles avec la Russie. Il est pourtant difficile à dire si la Russie prendra des mesures concrètes de représailles, mais il est sûr que sa réaction sera furieuse.

La majorité des Polonais avait résisté à cette idée d'accueillir ce site. Mais depuis la guerre de Géorgie, l'opinion publique voit désormais ce bouclier antimissile comme offrant une forme de protection au-delà de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, à laquelle la Pologne appartient désormais. L'ancien Etat du bloc soviétique est aussi membre de l'Union Européenne.

L'Otan a gelé ses relations avec la Russie pour protester du fait que la Russie n'a pas retiré ses troupes immédiatement de la Géorgie au mépris de l'accord de paix appelant à un retrait immédiat. Lors d'une réunion de crise, les ministres des affaires étrangères de l'Otan ont réitéré hier leur soutien à la Géorgie et que l'Ukraine finira par rejoindre l'Otan pour en devenir son 26ème membre. Mais ils ne sont pas mis d'accord sur des sanctions contre Moscou pour son utilisation d'une "force excessive" afin d'écraser la tentative de la Géorgie de récupérer le territoire indépendantiste d'Ossétie du Sud.

Traduction [JFG-QuestionsCritiques]