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Après le désastre de l'Irak, Bush
tourne son attention vers l'Algérie

Par Leonard Doyle

The Independent le 9 février 2007
article original : "After the disaster of Iraq, Bush turns his attention to Algeria"

La guerre, dit-on, est la façon que Dieu a trouvée pour enseigner la géographie aux Américains. Tandis que l'Irak sombre dans le bourbier, l'attention du Président Bush se tourne vers l'Algérie.

On nous rapporte qu'il est en train de lire l'ouvrage d'Alistair Horne "A Savage War of Peace : Algeria 1954-62" [Une Pacification Sauvage : l'Algérie 1954-62], le compte-rendu de référence de l'expérience française du combat des insurgés musulmans au 20ème siècle. Il raconte en détail comment les Français ont torturé aussi bien les combattants que les non-combattants algériens et comment, malgré leur victoire dans la bataille d'Alger, ils ont fini par perdre la guerre.

Il y a suffisamment de comparaisons alarmantes entre ces deux conflits : des fonctionnaires compromis, des frontières poreuses et une force d'occupation haïe, pour que le Président Bush reste scotché à ce livre monumental.

Horne compare l'abus des prisonniers à Abou Ghraïb et la détention indéfinie des prisonniers à Guantanamo à l'attitude des Français en Algérie. Cela a fini par coûter la guerre à la France, parce que la vague de révulsion du public fut telle lorsque cela fut révélé que l'opinion bascula violemment contre le conflit.

Un autre conte moral à propos de l'Algérie est le chaos sanglant que les Français ont laissé derrière eux lorsqu'ils ont fini par s'en extraire en 1962. Des décennies de guerre civile s'en sont suivies, avec des dizaines de milliers de pertes civiles et des violations des droits de l'homme à très grande échelle par les insurgés islamiques et les forces gouvernementales.

Comme en Algérie, une puissance majeure se retrouve face à une insurrection arabe qui a visé aussi bien les forces occupantes que la police, les fonctionnaires et des civils innocents. Les Américains sont confrontés aux mêmes problèmes que ceux que la France a rencontrés en Algérie dans les années 50. A un moment, la France avait 500.000 soldats en Algérie, beaucoup plus que le nombre de soldats en Irak.

Ainsi que Horne l'a déclaré à la Radio Publique Nationale aux Etats-Unis : "On m'a demandé de lui envoyer et j'ai cru, plutôt imprudemment... il fait 700 pages, je pensais lui simplifier les choses en soulignant un ou deux points... et ceci était en grande partie à l'époque d'Abou Ghraïb. Et je lui ai fait remarquer que toute la question de l'abus et de la torture est que ça ne se fait pas... Les Français ont gagné la Bataille d'Alger - vous avez peut-être vu ce célèbre film - en utilisant la torture, mais ils ont perdu la guerre à cause d'elle."

Traduit de l'anglais par [JFG-QuestionsCritiques]