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Zimbabwe

Le filet planétaire se resserre sur le gang de Mugabe

par Daniel Howden
The Independent, jeudi 10 juillet 2008

article original : "Global net closes on Mugabe's gang"



Happyton Bonyongwe (à gauche), chef des services secrets, le chef de l'armée
Constantine Chiwenga et Robert Mugabe, début juillet (AFP/Getty Images)

La nuit dernière, tandis que les Nations-Unies identifiaient les individus aux postes-clés accusés de la crise actuelle au Zimbabwe, le filet se resserrait autour des principaux personnages du régime de Mugabe.

Un projet de résolution a cité Robert Mugabe et 13 de ses acolytes comme étant les principaux coupables derrière la campagne de violence, dans laquelle des quantités de supporters de l'opposition ont été violés et assassinés et où les espoirs de sauvetage démocratique pour cette nation d'Afrique du sud ont été ruinés.

Les hommes cités par l'ONU incluent des généraux, comme le chef de l'armée, Constantine Chiwenga, auquel il est attribué d'avoir persuadé M. Mugabe de lancer une campagne militaire contre le leader de l'opposition plutôt que de négocier un ensemble de mesures de sortie à la suite de sa défaite au premier tour des élections en mars.

Les espoirs d'une réponse sévère de la part de l'ONU étaient en jeu la nuit dernière, malgré l'accord apparent des dirigeants du G8 sur une pression pour des sanctions ciblées. Une bataille rangée a cours depuis mardi au Conseil de Sécurité de l'ONU, tandis que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne cherchaient à forcer la confrontation sur le Zimbabwe. L'Afrique du Sud est restée en tête de file au conseil des 15 nations contre des mesures comprenant un embargo international sur les armes, ainsi que des interdictions de voyager et le gel des actifs de chacun des 14 individus cités.

Il n'était pas bien clair si Londres et Washington disposaient des voix pour remporter cette bataille, alors qu'un diplomate britannique proche de cette initiative déclarait que c'était "quitte ou double si nous les attrapons". Le Président russe, Dimitri Medvedev, est venu ajouter à cette incertitude, en faisant la moitié du chemin, au Japon, pour répondre aux exigences occidentales, en signant la déclaration du G8 promettant de punir les coupables au Zimbabwe, mais il s'est ensuite retenu de soutenir les sanctions onusiennes.

Dans un coup de théâtre improbable, le pays ouest-africain du Burkina Faso s'est retrouvé sur la sellette diplomatique. Le deuxième pays le plus pauvre du monde, qui a une voix à l'ONU en tant que membre temporaire du conseil, a résisté jusqu'à présent à la pression pour soutenir les sanctions. Le ministre des affaires étrangères du Zimbabwe, Simbarashe Mumbengegwi, était hier au Burkina Faso pour faire pression contre un vote [de sanction] à l'ONU.

Le premier cercle de M. Mugabe, cité dans le projet de résolution, a amassé des fortunes individuelles tout en supervisant à l'effondrement le plus rapide jamais enregistré d'une économie en temps de paix. Ce projet de résolution les accuse de "saper le processus démocratique" et d'avoir "ordonné, planifié ou participé à" la campagne de terreur politique qui a fait plus de 100 morts, déplacé 200.000 personnes et fait de ce pays un paria international.

L'Afrique du Sud a soutenu qu'une action punitive saperait la médiation, mais cette approche a été rejetée par le Mouvement pour le Changement Démocratique (MDC) d'opposition zimbabwéenne. "Ce ne sont pas des sanctions contre le Zimbabwe", a déclaré Ian Makoni, un responsable du MDC. "Elles sont contre des individus coupables de crimes contre l'humanité".

L'Afrique du Sud a aussi tenté de bloquer les efforts destinés à nommer un envoyé spécial de l'ONU au Zimbabwe, craignant que cela ébranle son président, Thabo Mbeki, et son rôle en tant que médiateur régional. Il a été férocement critiqué pour l'échec visible de sa "diplomatie douce" et le MDC, qui l'accuse de protéger le régime de Mugabe, a ouvertement appelé à son remplacement en tant que médiateur.

Le gouvernement du Zimbabwe a riposté à la pression croissante avec un accès de rhétorique anti-coloniale contre l'Ouest qui prépare des sanctions.

M. Mumbengegwi a déclaré : "Le Zimbabwe a eu des élections libres et honnêtes… Nous ne pouvons pas recevoir d'instructions de nos anciens maîtres coloniaux. Nous sommes un pays indépendant et nous ne redeviendrons absolument jamais une colonie."

Cités et déshonorés : les 13 acolytes identifiés par l'ONU

HAPPYTON BONYONGWE

Chef de l'agence d'espionnage, le CIO. Bien qu'il soit largement considéré comme ayant une influence de modération sur les excès de ses collègues, son travail l'a placé sur la ligne de front contre les opposants de Mugabe. Ses hommes ont été responsables de l'enlèvement et du meurtre de supporters de l'opposition.

CONSTANTINE CHIWENGA

Le chef des Forces de Défense du Zimbabwe. Il a juré de monter un coup d'Etat officiel si jamais Mugabe devait remettre le pouvoir à Morgan Tsvangirai. Sa femme, Jocelyn, a mené les invasions des propriétés agricoles et avait déclaré à l'époque : "J'ai hâte de répandre le sang des blancs". Elle dirige une société qui vend des équipements militaires à l'armée.

EMMERSON MNANGAGWA

Ministre et lieutenant de Mugabe, en lequel il a le plus confiance. Il a organisé le meurtre de dizaines de milliers de personnes lors des massacres du Matabeleland des années 80. Cité dans le rapport de l'ONU pour avoir pillé les liquidités du Congo qui se trouvaient dans la United Merchant Bank.

PERENCE SHIRI

Chef de l'armée de l'air. Parent de Mugabe, Shiri était responsable d'une unité d'entraînement nord-coréenne qui a effectué les véritables tueries du Matabeleland. Il entraîne les fameuses milices de Mugabe et il est connu pour conduire personnellement les séances de torture.

AUGUSTIN CHIHURI

Chef de la police. On lui attribue la conversion des forces de police du Zimbabwe en bras armé du parti au pouvoir. Il a dirigé le nettoyage des bidonvilles urbains qui a fait un million de sans-abri en 2006. Il a ordonné à la police de ne pas arrêter des membres du Zanu-PF [le parti de Mugabe] et, à la place, d'arrêter les officiels du MDC qui déposent des plaintes pour violence.

PARADZAI ZIMONDI

Directeur des prisons. Il a dit aux membres des agences de sécurité, qui ne soutenaient pas Mugabe, qu'ils seraient considérés comme des traîtres et seraient récompensés par la mort. Il s'est aussi assuré que les officiers pénitentiaires ont bien voté pour Mugabe.

GIDEON GONO

Chef de la Banque de Réserve. Proche ami de Mugabe, avec lequel il part fréquemment en vacances en Malaisie, Gono est aussi le banquier personnel de Mugabe et l'homme qui sait où les millions volés sont planqués. Il a financé la campagne actuelle de terreur politique.

PATRICK CHINAMASA

Ministre de la justice. Décrit par ses pairs dans la profession juridique comme le juriste le plus compétent du Zimbabwe. Chinamasa a chassé les juges indépendants et bourré les bancs de la justice avec les petits copains de Mugabe. Il est en charge des escadrons de la mort, actuellement en pleine folie meurtrière dans sa province d'origine du Manicaland.

DIDYMUS MUTASA

Ministre de la Sûreté de l'Etat. Il a déclaré de façon infâme qu'il préfèrerait voir mourir six millions de personnes qui soutiennent l'opposition et rester avec seulement ceux qui soutiennent Mugabe. Il est conjointement responsable de l'agence d'espionnage, le CIO.

GEORGE CHARAMBA

Porte-parole de Mugabe. Il a supervisé la purge des journalistes dans les médias d'Etat qui critiquaient le régime et il a fait appliquer des lois draconiennes contre les médias indépendants.

SYDNEY SEKERAMAYI

Ministre de la Défense. Il a voyagé dans le monde entier, principalement en Asie, pour s'approvisionner en armes, qui ont été utilisées dans le siège de terreur contre l'opposition. Il a organisé l'entraînement par l'armée et la police des milices violentes du parti de Mugabe.

JOSEPH MADE

Ministre de la mécanisation agricole. On lui attribue la destruction du secteur agricole commercial du Zimbabwe. Il dit qu'il préfèrerait voir la dernière exploitation agricole du Zimbabwe entre les mains de noirs, même s'ils sont incapables de la faire tourner.

DAVID PARIRENYATWA

Ministre de la Santé dans le pays qui a l'espérance de vie la plus courte du monde. Cité par l'OMS pour ne pas fournir une eau potable adéquate.

Traduction [JFG-QuestionsCritiques]