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Victimes civiles : des associations de droits de l’homme accusent les Israéliens de crimes de guerre

Par Donald Macintyre et Kim Sengupta à Jérusalem
The Independent, jeudi 15 janvier 2009

article original : "Civilian casualties: Human rights groups accuse Israelis of war crimes"


Neuf des principales organisations pour les droits de l’homme du pays ont déclaré qu’Israël est soupçonné de commettre des crimes de guerre et devrait mettre un terme au « risque actuel évident qu’il fait courir aux vies et au bien-être de milliers de civils » à Gaza.

Ces organisations israéliennes ont écrit au gouvernement [israélien], aux chefs des forces armées et au ministre de la justice, condamnant les dommages « sans précédent » causés à une population civile qui se trouve désormais dans une « détresse humanitaire extrême », condamnant « l’utilisation délibérée de la force pour tuer » et une série de ce qu’elles nomment des « violations flagrantes des lois de la guerre ».

Ces condamnations incluent, en dehors du nombre de victimes, le fait qu’avec des points de passage aux frontières fermés, les habitants ne peuvent pas s’échapper de la zone de guerre et vivent dans la « peur et la terreur ». Ces organisations ont cité également les graves problèmes de capacité du système hospitalier de Gaza et l’impossibilité d’évacuer environ 600 blessés et les patients atteints de maladies chroniques. Elles disent que l’armée empêche les équipes de secours d’atteindre les zones isolées qui ont subi des attaques intensives et elles dénoncent le fait que, avec les eaux usées qui se déversent dans de nombreuses rues, plus d’un demi-million de personnes sont dépourvues d’eau potable et 250.000 habitants sont sans électricité depuis 18 jours. Un million d’autres habitants sont sans électricité à tout moment.

Ces agences disent également que 12 personnes des services médicaux ont été tuées et que 17 autres ont été blessées, et qu’il y a eu 15 attaques distinctes contre des installations médicales. Pendant ce temps, Israël a frappé des cibles civiles, considérées comme cibles militaires uniquement parce qu’elles représentent des « symboles du pouvoir » dans la Bande de Gaza contrôlée par le Hamas.

Plusieurs représentants des droits de l’homme se sont donnés la peine de bien faire comprendre qu’ils étaient aussi fermes dans leur condamnation des attaques à la roquette et au mortier par les militants [palestiniens] qui tuent et blessent des civils israéliens. Mais leur lettre dit que les dommages infligés à la population civile de Gaza, qui compte 1 million et demi d’habitants, sont « disproportionnés », et ils appellent le gouvernement à ouvrir des corridors pour permettre aux habitants d’échapper aux combats et aux équipes de secours d’accéder aux blessés.

Interrogé sur la large majorité d’Israéliens qui, selon les sondages, soutiennent la guerre à Gaza, l’avocat israélien de droits de l’homme, Michael Sfard, a déclaré : « nous connaissons une corrosion morale ». Il y a cinq ans, lorsque 15 passants furent tués par la bombe utilisée pour assassiner le dirigeant du Hamas Saleh Shehadeh, « il y a eu un débat très sérieux. Aujourd’hui nous cela est quotidien et personne ne pipe mot. Les [Forces de Défense d’Israël] ont cessé d’exprimer des regrets ».

La lettre écrite par les organisations des droits l’homme dit aussi que les transformateurs, les câbles et autres équipements qu’Israël a autorisés, quatre jours auparavant, à être installés dans la seule centrale électrique de Gaza ont été sérieusement endommagés dans une attaque aérienne dans la nuit de lundi.

Jakob Kellenberg, le président du Comité International de Croix-Rouge (CICR), a déclaré après une visite à Gaza que la trêve quotidienne de trois heures offerte par Israël pour des raisons humanitaires « n’est tout simplement pas assez longue ». Il a ajouté : « Il faut un accès de 24 heures pour les blessés et ceux qui ont faim ». Des responsables du CICR ont dit qu’il est souvent impossible d’organiser des convois d’ambulances à travers les zones de combat dans le temps imparti. M. Kellenberger, qui a visité également la ville frontalière israélienne de Sderot, a déclaré qu’il comprenait « le grand dommage psychologique » causé par les attaques de roquettes. Mais il a dit que les scènes qu’il a vues à l’hôpital Shifa de Gaza étaient « choquantes, vraiment choquantes, cela fait très mal à voir. Le nombre de patients ne cesse d’augmenter ».

Oxfam a dit que le coût des dommages à la centrale électrique étaient estimés à 280.000 livres sterling [environ 300.000 €]. Bien qu’ils représentent moins que la consommation quotidienne, 369.000 litres de fuel industriel – nécessaires pour alimenter la centrale électrique et restaurer l’électricité vitale à l’alimentation en eau et au traitement des eaux usées à Gaza – sont retenus au terminal de Nahal Oz, parce qu’il est trop dangereux de les transporter jusqu’à la centrale électrique.

Gaza : Statistiques au 15 janvier 2009

19 : Nombre de jours depuis le début du conflit.
2.360 : Nombre d’attaques aériennes.
1.013 : Nombre de Palestiniens tués.
670 : Nombre de victimes civiles.
225 : Nombre d’enfants tués.
69 : Nombre de femmes tuées.
4.700 : Nombre de Palestiniens blessés.
10 : Nombre de soldats israéliens tués.
4 : Nombre d’Israéliens tués par leurs propres tirs.
3 : Nombre de civils israéliens touchés par des roquettes tirées depuis Gaza.

Traduction [JFG-QuestionsCritiques]