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Gordon Brown s’envole pour discuter avec Obama de la crise économique

Par David Randall et Jane Merrick
The Independent dimanche 22 février 2009

article original : "Brown flies to meet President Obama for economy crisis talks"

Un mini-sommet est annoncé alors que George Soros déclare
que « le système financier mondial s’est désintégré »


Gordon Brown s’envolera pour Washington la semaine prochaine pour sa première rencontre avec Barack Obama, depuis que ce dernier est devenu président. Il discutera de la crise économique dont la gravité a été soulignée hier, lorsque le célèbre gourou économique, George Soros, a déclaré dans un discours que le système financier mondial s’était « effectivement désintégré », avec une turbulence plus sévère que lors de la Grande Dépression.

La visite de M. Brown, le 3 mars, préparera le terrain pour la réunion du G-20 en avril, qui se tiendra à Londres et qui est destinée à élaborer des mesures concrètes pour le rétablissement de l’économie mondiale. M. Soros, dont les mots et les actions ont déplacé des marchés entiers par le passé, a déclaré aux participants du dîner de conférence à l’Université de Columbia : « Nous avons été les témoins de l’effondrement du système financier. Il a été placé sous respiration artificielle et il se trouve toujours sous respiration artificielle ».

Ses mots sont plus forts que ses précédentes déclarations : il y a un mois, à Davos, il avait dit que le système financier était simplement « dysfonctionnel ». A présent, il compare la situation actuelle à la disparition de l’Union Soviétique et il a ajouté : « Il n’y a aucun signe que nous ayons atteint le fond. » Un autre orateur, Paul Volcker, ancien président de la FED et à présent conseiller du Président Obama, a dit que bien qu’il sentait que le capitalisme pouvait survivre, « Je n’ai pas de certitude quant au capitalisme financier. »

L’annonce par Washington de cette visite met un terme à la spéculation de savoir si M. Brown serait coiffé sur poteau par le président français Nicolas Sarkozy ou par la chancelière allemande Angela Merkel pour une audience avec l’homme politique le plus populaire au monde. M. Brown rencontrera la Chancelière Angela Merkel à Berlin aujourd’hui, tandis qu’il continue les préparations pour le sommet du G-20 d’avril à Londres.

Un élan se construit actuellement pour qu’autre chose que des lamentations et des belles paroles sortent du sommet de Londres. Le Président Sarkozy a déclaré hier : « Je ne m’associerais pas avec une position qui n’apporte pas une réponse ambitieuse à cette crise profonde. » Le Premier ministre italien, Silvio Berlusconi, a déjà appelé ce sommet à faire des propositions « concrètes et fortes » pour combattre la crise financière.

Pour guider M. Brown et, espère-t-il, les autres dirigeants qui participeront à cette réunion, un document de 74 pages, qu’il a dévoilé la semaine dernière et qui s’intitule « La Route vers le Sommet de Londres : le Plan vers le Rétablissement ». Celui-ci appelle à huit « engagements concrets » qui doivent être acceptés lors de cette réunion. Ils incluent un passage en revue des mesures prises à ce jour pour stimuler la demande ; une augmentation des ressources du FMI afin de prêter plus d’argent ; une action immédiate pour garantir que les banques soient correctement capitalisées ; une renonciation internationale au protectionnisme ; une réforme de la régulation financière ; et une réforme des institutions financières internationales.

Dans son discours prononcé à New York, M. Volcker a délivré des jugements inimaginables il y a encore quelques mois. Il a commencé par dire que le système financier que nous avons connu ne reviendrait jamais. « Trop de faiblesses et de défauts ont été exposés », a-t-il déclaré. Il a ajouté que les banques sont passées d’un système basé sur la relation avec les clients à une « sorte de marché très impersonnel où tout peut être négocié », souvent à distance, avec des prêts emballés, re-conditionnés et revendus, souvent plusieurs fois par jour.

M. Volcker a insisté sur le fait que les banques devraient avoir l’interdiction de soutenir les fonds spéculatifs et d’investissement privé, de s’engager dans toute activité à haut risque et que les mesures d’incitation devraient être complètement révisées. Il a déclaré qu’il n’a trouvé aucune preuve que les sommes énormes réalisées par les banquiers « parvenaient aux personnes ordinaires ».

Une économique américaine plus distributive a dû attendre l’avènement de Barack Obama et, hier, le président a déclaré que les Américains commenceraient à toucher les bénéfices de l’ensemble de mesures d’encouragement de 787 milliards de dollars, d’ici à quelques semaines. « Jamais auparavant dans notre histoire une réduction d’impôt n’a pris effet aussi vite ou est allé vers autant d’Américains qui travaillent dur », a-t-il dit. Il a ajouté que dans six semaines, une famille moyenne commencerait à ramener à la maison au moins 65 dollars (50€) de plus chaque mois, une partie des plans qui, insiste-t-il, bénéficieront à 95% des familles de travailleurs.

Et hier, le budget que le président Obama est en train de finaliser commençait à être divulgué. Il veut réduire le déficit fédéral par deux d’ici à la fin de son premier mandat, essentiellement en réduisant les dépenses liées à la guerre d’Irak, en accroissant les impôts sur les Américains les plus riches et en dégraissant le gouvernement. La proposition d’Obama pour l’année fiscale 2010 qui débutera le 1er octobre prochain prévoit que les 1,3 trillons de dollars dont il a hérité seraient coupés en deux et ramenés à 633 milliards de dollars d’ici à 2013. Il avait promis de mettre fin à la guerre d’Irak en retirant la plupart des troupes de combat dans les 16 mois après sa prise de fonction. Il a également déclaré qu’il laisserait les réductions d’impôt de Bush expirer pour ceux qui gagnent plus de 250.000 dollars par an, augmentant effectivement les impôts sur ces personnes.

Traduit de l'anglais par [JFG-QuestionsCritiques]