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Elections présidentielles 2007

Bayrou fait allusion à un soutien pour Royal

Par John Lichfield

The Independent, le 26 avril 2007
article original : "Bayrou hints at poll support for Royal"


(Photo : Horacio Villalobos/Keystone)

Jamais un candidat battu n'a semblé si heureux ou ne s'est reconnu comme étant si important. L'homme politique centriste François Bayrou a refusé hier de soutenir l'un ou l'autre des candidats encore en lice pour la présidence française et a annoncé qu'il créait un nouveau parti pour casser le moule gauche/droite "non démocratique" de la politique française.

Toutefois, M. Bayrou - lors d'une conférence de presse dans laquelle il a savouré et pesé chaque mot - a accepté la proposition de la candidate socialiste, Ségolène Royal, de le rencontrer pour un débat public avant le second tour qui aura lieu dimanche en huit. Mme Royal l'a ensuite invité à la rejoindre, vendredi, à un "forum" avec la presse régionale.

M. Bayrou, qui est arrivé troisième au premier tour dimanche dernier avec 18,5% des suffrages, se retrouve en position capitale pour influencer l'issue du second tour le 6 mai.

Hier, il a refusé d'exercer cette influence directement mais il a été proche de faire allusion à une préférence personnelle pour Mme Royal ou, du moins, à un plus grand dégoût personnel pour le candidat de droite, Nicolas Sarkozy.

Il a critiqué les deux candidats restants. Il a rejeté comme étant "impossible dans la situation présente" la suggestion de Mme Royal selon laquelle il pourrait entrer dans un gouvernement "arc-en-ciel" de gauche et du centre si elle devenait présidente.

Cependant, M. Bayrou a réservé ses attaques les plus dures et les plus personnelles pour l'ancien ministre de l'intérieur. Il a comparé M. Sarkozy au Premier ministre italien défait, Silvio Berlusconi. Il a dit que M. Sarkozy a le "goût de l'intimidation et de la menace". Si ce dernier est élu, ses liens avec les magnats des médias et des affaires "concentreraient le pouvoir" en France comme il "n'a jamais été concentré auparavant".

Bien que M. Bayrou ait aussi critiqué les propositions de Mme Royal pour des nouvelles formes d'interventions gouvernementales et de dépenses, il a aussi mentionné les "points de convergence" entre les programmes socialiste et centriste. M. Bayrou a dit qu'il pourrait annoncer sa préférence après sa rencontre avec Mme Royal ou après le débat télévisé officiel entre les candidats restants mercredi prochain. "Je dois vous dire que telles que sont les choses, je ne sais pas ce que je ferai," a déclaré M. Bayrou. "Je commence à savoir ce que je ne ferai pas. J'imagine que si vous comprenez mes mots vous commencerez à comprendre ce que je veux dire."

Dans ce contexte, cela a semblé être une allusion claire au fait qu'il ne considèrerait jamais de voter pour M. Sarkozy.

En fin de compte, cependant, M. Bayrou a semblé être plus concerné par son propre avenir politique que par l'issue de l'élection présidentielle.

Il a annoncé qu'il créait un nouveau parti "démocratique" - dont le nom restait à décider - à partir de son parti actuel, l'Union pour la Démocratie Française (UDF).

Ses intentions semblent être d'abandonner les nombreux députés de l'UDF qui penchent vers Sarkozy avant que ce soient eux qui l'abandonnent. M. Bayrou a déclaré que ce nouveau parti présenterait un candidat dans chaque circonscription aux élections législatives, qui suivent l'élection présidentielle en juin.

Ce nouveau parti abandonnera l'ancienne alliance avec l'UMP de Sarkozy, dans laquelle les candidats de l'un des deux partis se désistent en faveur de celui mieux placé pour le second tour. M. Bayrou a déclaré que ce nouveau parti serait dédié à la construction d'une démocratie sociale et d'un système politique en France "véritablement" démocratique, avec un parlement plus fort, une justice et autres institutions impartiales et une presse libre.

Ses détracteurs au sein de son propre parti suggèrent que son véritable objectif soit de construire une logistique pour disputer - et, cette fois, gagner - la prochaine présidentielle de 2012.

Que feront les électeurs de Bayrou ? Selon un sondage, ils sont deux fois plus nombreux à pencher vers Royal. Ce n'est pas tout à fait assez pour donner la victoire à Mme Royal le 6 mai - mais ce n'est pas loin.

Hier, un sondage a montré que la course est serrée, 51% pour Sarkozy et 49% pour Royal. Le sondage quotidien Ipsos-Dell a montré que l'écart se réduit mais qu'il est toujours en faveur de Sarkozy, qui est à 53,5%, alors que Royal est à 46,5%.

Traduction [JFG-QuestionsCritiques]