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Appelez-moi Jackie… Bon ! Carla
— mais cela fait-il de Sarko le nouveau Kennedy ?

Par John Lichfield
The Independent, mercredi 30 juillet 2008

article original : "Call me Jackie... OK Carla - but does that make Sarko the new JFK?"

Cela suffit pour faire tourner la tête d'une fille. Reportage sur l'interview
très révélatrice de Mme Bruni-Sarkozy dans Vanity Fair



Carla Bruni-Sarkozy continue d'emmener la vie publique française
vers de nouveaux territoires étonnants (AFP-Getty Images)

Carla B dit qu'elle aimerait être considérée comme la nouvelle Jackie Kennedy. La première dame de France, qui est toujours italienne et pas encore française, déclare dans une interview, à paraître cette semaine, que son modèle principal est une Américaine, Jackie Kennedy.

Carla déclare aussi qu'elle ne se permettrait jamais d'être photographiée servant de la soupe à son mari au Palais de l'Elysée, comme le fut la première Première Dame de France de l'après guerre, Yvonne de Gaulle.


[N. du T. : En fait, il s'agissait de Germaine Coty,
servant la soupe à son mari au Palais de l'Elysée
comme on peut le voir sur cette photo...]

A la place, pour une photo exclusive prise par Annie Leibovitz pour le magazine Vanity Fair, qui sera dans les kiosques le 1er août, Carla Bruni-Sarkozy est montée sur le toit de l'Elysée, vêtue d'une robe étonnante sans bretelles, de couleur rouge-sang. Elle est représentée, magnifique comme toujours, les cheveux flottant dans la brise parisienne, avec la Tour Eiffel au loin, déscendant nonchalamment et de façon sexy l'escalier du toit du palais, comme si elle se défilait sur un podium ou se trouvait sur la scène d'un concert pop. Il est juste de supposer que Tante Yvonne (de Gaulle) a rarement grimpé sur le toit de l'Elysée. On peut aussi douter qu'elle ait jamais porté une robe rouge-sang sans bretelles.


Carla Bruni-Sarkozy, posant sur le toit du Palais de l'Elysée.
Photographie : Annie Leibovitz.

Carla Bruni-Sarkozy continue d'emmener la vie publique française vers de nouveaux territoires étonnants - certains pourraient dire alarmants. Son troisième album folk-pop, désormais dans sa troisième semaine en tête du hit-parade français, contient des références explicites au sexe et à la drogue, et aurait probablement été interdit en France il y a vingt ans. Cet été, en France, on peut entendre les paroles "Tu es ma came" sur toutes les plages et dans tous les terrains de camping ou [en voiture] dans les bouchons - chantées par la femme du Président.

En fait, il semble que cela ne dérange pas la plupart des gens. La cote de popularité de Carla plane au-dessus de 65%. Est-elle devenue la meilleure arme politique de son mari, comme le prétend l'interview portrait de Vanity Fair ? Pas vraiment. Ou du moins pas encore.

Le Président Sarkozy reste obstinément impopulaire. Le morale des ménages français a chuté le mois dernier à son plus bas niveau depuis plus de vingt ans. Les Français, qui étaient méfiants au début, en sont arrivés à admirer Carla Bruni-Sarkozy - sa beauté, son culot, son assurance, ses bonnes manières. Rien de tout cela ne semble avoir beaucoup aidé son mari. Sa cote de popularité reste scotchée aux alentours de 40%.

On chuchote même - rien de plus - que le Président commencerait à être fatigué de la Carlamania. Il n'est pas homme à aimer partager le feu des projecteurs.

John F. Kennedy a dit ceci de fameux, lors de sa première visite en France en tant que Président des Etats-Unis, qu'il était simplement "l'homme qui était venu à Paris avec Jackie Kennedy". Se souviendra-t-on surtout de Nicolas Sarkozy - l'homme qui est devenu Président au milieu de si grands espoirs et de messages contradictoires, il y a 14 mois - comme l'homme qui a occupé le Palais de l'Elysée avec Carla Bruni ?

Dans une interview pour un long article dans Vanity Fair - partie d'une avalanche de Carlamania dans les kiosques et sur les écrans sur le point de frapper cet été une planète enthousiaste - Carla Bruni-Sarkozy déclare qu'elle n'est toujours pas certaine de vouloir jouer le rôle de Première Dame. Elle envisage une activité caritative ou autour des droits de l'homme, mais elle a été pour l'instant remarquablement inactive dans ces domaines.

Pendant ce temps, dit-elle, oui, elle aimerait se voir comme faisant partie du nouveau couple de rêve à la Kennedy, symbolisant la jeunesse, l'énergie et le changement. "Elle (Jackie) était si jeune et si moderne, et bien sûr, inconsciemment, j'aurais tendance à m'imaginer davantage en Jackie Kennedy qu'en par exemple Mme de Gaulle, qui ressemble beaucoup plus à la femme française classique derrière son époux", a-t-elle dit. "Il y a une photographie de Mme de Gaulle servant de la soupe à son mari. Je sers aussi de la soupe à mon mari quelques fois mais je ne voudrais pas être photographiée de cette façon."

On apprend d'autres choses politiquement intéressantes, sauf, peut-être, la révélation que le Président Sarkozy a été enchanté, plutôt que consterné, lorsque de vieilles photos de nus de sa nouvelle sont apparus sur internet - et dans le Daily Mail. Pour prévenir la colère de son mari, elle dit qu'elle lui a montré quelques-unes de ces photos en lui disant : "Tu dois savoir que ceci sortira." Elle soutient qu'il lui a répondu : "Oh, j'aime celle-ci ! Pourrais-je en avoir un tirage ?"

Le Président Sarkozy a épousé Carla Bruni en février, quatre mois après son divorce de sa deuxième femme. Tellement de choses se sont produites depuis qu'il est utile de prendre le temps de rappeler juste à quel point cette situation est peu ordinaire. Le Président de droite est marié à une chanteuse pop de gauche et il veut restaurer le catholicisme au cœur de la vie française, tandis que Carla Bruni, l'ancienne petite-amie de Mick Jagger, chante le sexe et la drogue.

Carla Bruni était assez célèbre avant de rencontrer Nicolas Sarkozy. Elle était une aristocrate italienne devenue top-modèle et s'est ensuite convertie en chanteuse pop avec un certain succès. Cependant, elle était juste l'une des nombreuses beautés célèbres de deuxième rang. La Carlamania a commencé - ou explosé - lorsqu'elle a accompagné son nouveau mari en visite d'Etat à Londres en mars. Mélangez la beauté, la royauté et le pouvoir, à l'ère de la célébrité - et vrooooom !

Mme Bruni-Sarkozy raconte à Maureen Orth, de Vanity Fair, de manière peu sincère, qu'elle fut "surprise" par la fureur des médias qui a entouré leur histoire d'amour. Elle insiste sur le fait qu'elle a eu le coup de foudre (pour la première fois de sa vie) pour le Président Sarkozy, lors d'un dîner en novembre. Elle rejète les soupçons qu'elle aurait toujours été une aventurière à la recherche d'une nouvelle aventure.

Cette relation rend toujours perplexes un grand nombre d'amis et d'alliés du Président Sarkozy. Cette semaine, lors du dernier conseil des ministres avant la pause estivale, Carla est entrée en coup de vent et a remis à chaque ministre un exemplaire dédicacé de son album. On dit que certains d'entre eux auraient été touchés. D'autres auraient été indignés par le manque de convenance. "C'était comme si on leur remettait un cadeau de fin d'année scolaire", a déclaré hier un parlementaire du parti de centre-droit de M. Sarkozy. Dans d'autres interviews récentes, Carla Bruni-Sarkozy a déclaré que son mari est un révolutionnaire incompris, un homme doté de "six cerveaux" qui "ne ressemble pas du tout" aux conservateurs ennuyeux et bourgeois de son parti. Elle dit aussi qu'elle reste elle-même une "gauchiste viscérale" qui désapprouve, par exemple, la politique dure de son mari sur l'immigration.

Il est difficile d'imaginer Jackie Kennedy entrer en désaccord avec la politique de JFK. La comparaison - bien qu'elle soit suggérée par Carla Bruni - est fausse à bien des égards. Carla Bruni-Sarkozy a beaucoup plus d'assurance dans ses entreprises que Jackie Kennedy. La Première Dame de France est quelqu'un qui a vécu sous le feu des médias toute sa vie et elle sait comment le tourner à son avantage, tant dans les photographies que dans les interviews.

Beaucoup de supporters conservateurs du Président Sarkozy ont été gagnés par son aisance, son intelligence et sa beauté. D'autres continuent de se méfier d'elle. La voir dans une robe rouge sur le toit de l'Elysée ne calmera pas leur inquiétude.

Peut-être que la meilleure clé pour comprendre le caractère de Carla Bruni-Sarkozy se trouve dans les paroles de "Déranger les pierres", une chanson agréable sur son album autrement ennuyeux. "Je veux déranger les pierres", chante-t-elle. "Je veux caresser l'impossible".

Le club des premières dames, séparé par quelques décennies

Carla Bruni-Sarkozy

Née : Carla Bruni Tedeschi, le 23 décembre 1967 à Turin, en Italie.

Alias: Carla Bruni

Taille : 1m75

Créateurs : Dior, Armani

Nu important : Une photographie prise en 1993 a été vendu aux enchères pour 45.000 livres sterling [env. 60.000€] en avril dernier après la visite d'Etat des Sarkozy à Londres.



Mariée à Nicolas Sarkozy

Enfants : Un fils

Elle a dit : "Je suis occasionnellement monogame, mais je préfère la polygamie et la polyandrie. L'amour dure longtemps, mais le désir brûlant, deux à trois semaines".

Ils ont dit : "S'il te plaît, Mick, pas celle-ci. Je crois que je suis amoureux". Eric Clapton en voyant la réaction de Mick Jagger lorsque ce dernier a rencontré le mannequin Bruni de 21 ans.

Jacqueline Kennedy Onassis

Née: Jacqueline Bouvier, le 28 juillet 1929 à New York

Alias : Jackie O

Taille : 1m70

Créateurs : Cassini, Halston

Nu important : Prise en photo se dorant nue au soleil en 1975. Le magazine Hustler, avec un reportage photo de cinq pages, se vendit à plus de trois millions d'exemplaires.

Mariée à John F Kennedy, puis Aristote Onassis

Enfants : une fille et un garçon

Elle a dit : "Il y a deux sortes de femmes, celles qui veulent le pouvoir et celles qui veulent le pouvoir au lit".

Ils ont dit : "Je suis l'homme qui a accompagné Jacqueline Kennedy à Paris - et j'ai aimé." Président John F Kennedy, 1961

Traduction [JFG-QuestionsCritiques]