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Economie

Sarkozy rattrapé par la réalité économique après son offensive de charme royale

Par John Lichfield, à Paris

The Independent, samedi 29 mars 2008
article original : "Economic reality bites as Sarkozy returns from royal charm offensive"

Après la parade royale arrive une grande benne pleine de réalités économiques sinistres. En rentrant hier de sa brillante et optimiste visite d'Etat en Grande-Bretagne, le Président Nicolas Sarkozy a trouvé la plupart des indicateurs de l'économie française en train de virer au rouge.

La croissance, cette année, sera plus lente qu'espérée. La confiance des consommateurs est tombée au niveau le plus bas jamais enregistré. Le déficit budgétaire de l'année dernière a fait voler en éclat l'objectif promis aux partenaires de la France dans la zone euro.

Seule, la baisse continue du chômage, expliquée en partie par les facteurs démographiques, atténue un peu la morosité économique, représentée hier par une série de statistiques officielles. Dix mois après avoir accédé à la présidence pour transformer l'économie française, le Président Sarkozy se retrouve emprisonné dans un carcan budgétaire et économique. Il a promis qu'il n'y aurait pas de "programme d'austérité", mais les chiffres publiés hier suggèrent une dépense publique française hors de contrôle.

Par conséquent, il se retrouve face à un choix impossible alors qu'il va prendre en juillet prochain la présidence de l'Union : réduire sévèrement sa dépense publique ou revenir sur ses engagements pris avec la zone euro de réduire son déficit public à zéro d'ici à 2012. Le gouvernement a aussi reconnu officiellement hier que la croissance pourrait chuter cette année aussi bas que 1,7 %, à comparer avec les 2,25 % sur lesquelles les prévisions de dépenses avaient été établies.

Des prévisions indépendantes ont placé la croissance française en 2008 aussi bas que 1,4%. Ces prédictions pessimistes ont été renforcées hier par les statistiques officielles des prévisions de dépense des ménages de février, qui sont tombées à leur plus bas niveau depuis que cette mesure statistique a été crée en 1987 (-36%).

"La confiance des consommateurs est tombée au plus bas et ne montre aucun signe de se reprendre", a déclaré Marc Touati, un économiste qui travaille pour Global Equities.

Toute la stratégie politique du Président Sarkozy a été basée sur l'injection de confiance dans l'économie, avec une série, l'été dernier, de réductions d'impôts, surtout pour les riches. Ces réductions ont augmenté la dépense publique française mais la confiance des consommateurs s'est effondrée. Les économistes disent que cela ne peut être qu'en partie attribué aux craintes d'une récession mondiale découlant de la crise bancaire aux Etats-Unis. Les chiffres de la confiance et de l'investissement dans l'économie française vont dans le mauvais sens depuis des semaines.

Il y a déjà des prédictions selon lesquelles le Président Sarkozy et son Premier Ministre, François Fillon, pourraient devoir abandonner ou réduire sévèrement les augmentations qu'ils ont promises dans la dépense sociale pour les plus démunis.

Le Ministre du Budget, Eric Woerth, a mis hier le mauvais chiffre du déficit pour 2007 - 2,7% du PIB au lieu des 2,4% promis - sur le compte de folles dépenses de la part des collectivités locales. Cependant, des économistes indépendants ont fait remarquer que les coûts administratif du gouvernement national avaient aussi augmenté (de 3,6% ou 12Mds€).

Même des politiciens du propre parti du Président Sarkozy ont fait remarquer que la performance budgétaire et économique de la France ne pouvait être entièrement expliquée par le refroidissement de l'économie mondiale. "La France est le seul pays de la zone euro dont l'augmentation du déficit atteint de tels montants," a dit Gilles Carrez, le porte-parole de l'UMP à l'Assemblée pour les questions budgétaires.

Dans le discours qu'il a prononcé mercredi dernier devant le Parlement britannique, le Président Sarkozy a promis qu'il pousserait son programme de réforme économique, quelles que soient les difficultés.

Traduction [JFG-QuestionsCritiques]