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Révision du traité européen :
La Pologne menace de rester sur sa position

Par John Lichfield, à Paris

The Independent, le 13 juin 2007
article original : "Poland threatens to dig in over revised EU treaty"


La Pologne a prévenu hier qu'elle bloquerait toute tentative d'imposer, la semaine prochaine à Bruxelles, une version de remplacement "à la-va-vite" de la constitution européenne qui a capoté.

Jaroslaw Kaczynski, le Premier ministre polonais, a déclaré qu'il voulait entamer de nouveaux pourparlers approfondis sur les droits de vote. Cette question fut l'une des plus farouchement disputées lors des négociations sur le projet "constitutionnel" […].

Un peu plus tôt, le président de la Commission Européenne, Jose Manuel Barroso, a dit que les symboles d' "Etat", comme le drapeau et l'hymne, pourraient être mis de côté afin de permettre à un accord large de voir le jour, la semaine prochaine, au sommet de Bruxelles. Mais la principale menace à un accord rapide semble, à présent, venir de Varsovie.

Le Premier ministre polonais a déclaré qu'il voulait que l'UE reprenne les négociations de zéro sur le poids relatif des droits de votes des 27 membres au Conseil des Ministres.

"Tout le monde nous presse à nouveau", a dit M. Kaczynski au journal Le Monde. "Ils disent : 'Dépêchez-vous de signer ! Le champagne est prêt.' Nous voulons calmer le jeu." Le Président français, Nicolas Sarkozy, s'envolera pour Varsovie demain pour persuader M. Kaczynski de la nécessité d'un progrès urgent pour rationaliser la prise de décision au niveau européen. M. Sarkozy a uni ses forces à celles d'Angela Merkel, la Chancelière allemande, dont le pays détient la présidence tournante de l'UE [jusqu'au 30 juin 2007], pour essayer de faire passer un accord en force lorsque les dirigeants européens se rencontreront, jeudi et vendredi en huit, à Bruxelles.

La semaine dernière, le nouveau président français a aussi déclaré qu'il avait l'intention de se rendre à Londres "dans les prochains jours", pour discuter, avec Tony Blair et Gordon Brown, du traité européen raccourci proposé. A Paris, hier, les sources officielles ont dit qu'elles n'étaient pas informées d'une telle visite. Il semble que la Pologne ressorte comme un obstacle plus immédiat.

La plupart des pays européens sont d'accord, en principe, sur le fait que des efforts devraient être entrepris pour sauver des parties-clés du projet constitutionnel, bloqué par les électeurs français et néerlandais en 2005. Beaucoup sont d'avis que le traité de remplacement devrait être plus court et plus clair et qu'il ne devrait plus être appelé "constitution". A la place, il devrait se concentrer sur les réformes des institutions déjà négociées par les gouvernements.

Les réformes que l'on garderait incluent un nouveau président permanent de l'UE, un ministre européen des affaires étrangères, plus de votes à la majorité et une formule complexe pour une "majorité double" des Etats-membres qui prennent les décisions au conseil des ministres.

Pour la Pologne, cette "majorité double", basée à la fois sur la population et les votes, donne trop de pouvoir aux Etats-membres les plus grands. D'autres obstacles persistent : par exemple, La Grande-Bretagne s'oppose à la charte des droits "fondamentaux", notamment sociaux, alors que l'Allemagne et la plupart des 17 autres pays qui ont ratifié la constitution, insistent pour que cette charte soit incluse.

M. Barroso a déclaré que des "renoncements particuliers" pourraient être une solution. Il n'a pas parlé spécifiquement de cette charte, mais il a suggéré que la Grande-Bretagne et l'Irlande puissent se voir proposer des dérogations qui préserveraient leur droit national de veto sur les affaires intérieures et de justice.

Traduction [JFG-QuestionsCritiques]