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Elections présidentielles 2007

Querelle Royal(e) :
Besson quitte la campagne de Ségo
pour cause de politique en 'zigzag'

Par John Lichfield, correspondant à Paris

The Independent, le 16 février 2007
article original : "Royal row: Ségolène aide quits campaign over 'zig-zag' policies"

Hier, la campagne présidentielle de Ségolène Royal, qui essaye de percer, a dérivé un peu plus dans la confusion et les querelles internes au sein du parti.

L'un des principaux conseillers économiques de la candidate socialiste a démissionné en accusant sa campagne "d'amateurisme" et de "désorganisation".

De nouveaux sondages d'opinion suggèrent que le discours décisif de Mme Royal, le week-end dernier - comprenant un "pacte" en 100 points avec les Français - avait échoué à donner un second souffle à sa tentative qui piétine de devenir la première femme à accéder à la Présidence de la République.

Le stratégiste économique en chef du Parti Socialiste, Eric Besson, a claqué la porte, mercredi dernier, lors d'une réunion du parti, après s'être querellé avec François Hollande, le secrétaire du parti et compagnon de Mme Royal. Il a été rapporté que M. Besson a protesté contre les "zigzags dans la stratégie" et les "idioties" de ses autres conseillers, qui voulaient interdire une discussion publique sur le coût des nouveaux programmes sociaux étendus que Mme Royal a annoncés dimanche.

Ajoutant un affront supplémentaire, Mme Royal a été huée par des écoliers lorsqu'elle s'est rendue au centre d'entraînement de l'équipe de France de rugby au sud de Paris. Certains de ses collaborateurs ont suggéré que les enfants n'étaient pas anti-Royal, mais qu'ils étaient simplement contrariés que la pluie les avait empêchés de rejoindre les joueurs sur le terrain. D'autres ont dit que les enfants avaient été encouragés par des professeurs d'extrême gauche.

Globalement, ces deux derniers jours ont été désastreux pour Mme Royal, alors que cette semaine était censée marquer une nouvelle phase plus agressive dans sa course non-conventionnelle à la présidence.

Son discours du week-end dernier concluait l'étape "d'écoute" très critiquée de sa campagne. La réaction populaire a été excellente. Les dirigeants socialistes avaient espéré un "bond" dans les sondages.

Une série d'enquêtes menées depuis le week-end dernier la placent toujours à six ou huit points derrière son principal rival, le candidat de droite Nicolas Sarkozy, dans les intentions de vote pour le second tour des élections qui auront lieu le 22 avril et le 6 mai.

Les espoirs de relancer sa campagne - ou même d'empêcher un effondrement total - reposent désormais sur la performance que Mme Royal fera lundi prochain dans l'émission de deux heures sur TF1 "J'ai une question à vous poser". Le passage de M. Sarkozy il y a deux semaines dans cette même émission a été considérée comme un succès ; Mme Royal ne peut pas se permettre d'y faire un faux pas.

Les dirigeants socialistes essayaient hier de présenter le départ de M. Besson comme un acte de dépit personnel.

Bien qu'il ait refusé de faire des commentaires en public, des amis disent qu'il a été exaspéré par l'échec de Mme Royal à établir des lignes de stratégie et de communication claires au sein de sa campagne.

Avec quelques-uns de ses conseillers, elle a pensé qu'il était tactiquement plus astucieux d'éviter le débat sur le coût de ses promesses, y compris les dépenses supplémentaires pour la création d'emploi, les écoles, la recherche et le logement. D'autres, incluant Eric Besson, pensaient qu'ils avaient autorité pour établir le coût de ses plans à 35 milliards d'euro.

Selon les arguments de M. Besson, il était illogique que Mme Royal insiste sur le poids de la dette nationale dans son discours et qu'elle ne fasse pas face au coût de son propre programme et comment il serait financé.

Derrière cette querelle se trouvent la frustration et la colère de nombreux chefs socialistes à l'encontre de l'échec de Mme Royal de coordonner les impulsions souvent conflictuelles des vieux routiers du Parti Socialiste avec son équipe séparée de campagne, constituée de jeunes, Désirs d'Avenir.

Le danger pour Mme Royal est que le vote socialiste, comme lors de l'élection de 2002, s'éparpille à présent vers les partis d'extrême gauche ou vers le candidat centriste, François Bayrou.

Le dernier sondage CSA pour Le Parisien, place M. Sarkozy à 33% au premier tour, Mme Royal à 26%, Jean-Marie Le Pen à 14% et M. Bayrou à 12%. Seuls, deux candidats iront au second tour...

Le Maire socialiste d'une grande ville de province a déclaré à The Independent : "Sans être trop dur avec Mme Royal, elle ne convainc pas les gens qu'elle a le calibre pour être une femme d'Etat. Prétendre à la présidence n'est pas la même chose que prétendre au poste de Premier ministre".

Traduction [JFG-QuestionsCritiques]