Elections présidentielles 2007
Record d'audience télé pour Ségolène, mais
les Français ne sont toujours pas convaincusPar John Lichfield, correspondant à Paris
The Independent, le 21 février 2007
article original : "Record TV ratings for Ségolène but France is still unconvinced"
La France reste fascinée par Ségolène Royal. Mais il lui reste encore à convaincre qu'elle doit devenir la première femme à accéder à la présidence de la République.
Royal, la candidate socialiste qui se démène, a enregistré un record d'audience, lundi soir, pour son premier débat télévisé en prime-time. Sa représentation a été fluide et compétente, marquant des points pour sa compassion, pour son sourire marathonien et pour avoir saisi les détails impénétrables des systèmes sociaux, éducatifs et de santé du pays.
Mais la réaction de la presse - et dans la rue - suggère qu'elle ait échoué à combler son manque de crédibilité qui a grossi depuis la mi-janvier. Son équipe et ses supporters ont toutefois insisté pour dire que sa marque chaleureuse de politique au détail - forte sur les questions sociales, faible sur les chiffres ou sur sa vision trop condescendante - finirait par prévaloir le 22 avril et le 6 mai.
Un député socialiste, Jean-Marie Le Guen, a déclaré : "Le fait qu'elle ait pulvérisé le record d'audience est très encourageant. Cela montre à quel point les Français comptent sur elle". Lundi soir, presque neuf millions des personnes ont regardé Mme Royal pendant plus de deux heures répondre aux questions d'un panel de 100 électeurs. Son principal rival, Nicolas Sarkozy, l'actuel ministre de l'intérieur et candidat de la droite, a attiré 8,2 millions de téléspectateurs lorsqu'il est passé dans la même émission il y a deux semaines.
Les sondages d'opinion réalisés après le débat, publiés en fin de semaine, seront cruciaux. Si Mme Royal avait échoué à inverser la tendance, son soutien pourrait rapidement décliner au profit des candidats d'extrême gauche et du candidat centriste qui monte, François Bayrou. Déjà, dans un sondage publié juste avant le débat de lundi, les intentions de vote au premier tour pour Mme Royal avaient chuté à 23% et celles de M. Bayrou - coincé à 5% en janvier - avaient grimpé à 16%. Un autre sondage a suggéré que si M. Bayrou atteignait le deuxième tour, il pourrait battre M. Sarkozy. Cela a été immédiatement réfuté à la fois par la gauche et par la droite comme étant un sondage véreux.
Cependant, l'électorat français est d'une humeur capricieuse. M. Bayrou est un politicien favorable à un consensus européen, qui parle franchement sans en dire beaucoup. Il pourrait, pendant un temps, attirer les votes des supporters de Royal et des électeurs de centre-droit, qui craindraient qu'une victoire écrasante de Sarkozy puisse encourager celui-ci à tenter une réforme massive de l'Etat et de l'économie.
Par conséquent, la progression de M. Bayrou lance un signal d'alarme tant dans le camp de Sarkozy que dans celui de la gauche. L'équipe de campagne de Sarkozy craint qu'avec encore deux mois à passer avant le premier tour, il soit dangereux d'être le favori dans les sondages. Il pourrait y avoir une réaction contre Sarkozy de la même manière que l'opinion s'est retournée contre Mme Royal. La réaction de la presse à la performance de Mme Royal, lundi, a été assez positive. Le Monde a dit qu'elle avait donné avec succès l'impression d'être une "candidate maternelle" ou une "maman candidate". A un moment, elle s'est déplacée vers un homme en fauteuil roulant qui avait fondu en larmes alors qu'elle répondait à une question.
Une grande caricature de Plantu en une du journal Le Monde l'a montrée comme une "Petite Sirène", prêchant les vertus du modèle social danois. M. Sarkozy, lui, était représenté comme un requin, dévorant le modèle français.
© 2007 Plantu - Le MondeToutefois, les commentateurs de la presse régionale ont dit que Mme Royal - malgré des références constantes au besoin de copier le modèle social flexible des pays scandinaves - a échoué à faire passer tout sens d'une vision d'avenir pour la France.
Traduction [JFG-QuestionsCritiques]