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Italie

Berlusconi invoque Mussolini en menaçant de marcher sur Rome

Par Peter Popham à Rome

The Independent, mardi 29 janvier 2008
article original : "Berlusconi invokes Mussolini in threat to march on Rome"


Berlusconi lors d'un meeting politique à Naples (Reuters)

Silvio Berlusconi a rencontré le Président Giorgio Napolitano ce matin pour expliquer pourquoi il a menacé de jeter "des millions de personnes dans les rues de Rome" si une élection générale n'est pas programmée immédiatement.

Cette réunion est arrivée le dernier jour des discussions menées par M. Napolitano avec toutes les forces politiques italiennes principales. Il essaye d'élaborer un accord sur la façon d'échapper à la crise la plus épineuse à laquelle l'Italie est confrontée depuis l'implosion de la Première République en plein scandale de pots-de-vin généralisés, il y a 15 ans.

L'Italie n'a plus de gouvernail depuis que le Premier ministre de centre-gauche, Romano Prodi, a perdu le vote de confiance au Sénat jeudi dernier. Sa coalition querelleuse de neuf partis, qui incluait des Communistes, des Verts et des Catholiques ardents, s'est effondrée après 20 mois au pouvoir et après la défection du Ministre de la Justice, qui a démissionné lorsque lui-même et sa femme ont été accusés de corruption. Dans un visible accès de dépit, l'ex-ministre, Clemente Mastella, a sorti son mini-parti de la coalition et la défection de ses trois sénateurs a suffit pour faire tomber le gouvernement.

Le centre-gauche accuse les règles électorales introduites par Berlusconi, qui favorisent les petits partis comme celui de M. Mastella, de la fragilité de la coalition et ils ont exigé sur un ton plaintif que de nouvelles règles soient votées avant la prochaine élection. Ceci donnerait aussi le temps au Parti Démocratique, récemment mis sur les rails et conçu pour être la force centriste dominante capable de se battre contre Forza Italia, le parti de Berlusconi, de se préparer au combat.

Ils veulent que le Président nomme un gouvernement "technique" pour gérer le pays jusque pendant une année, afin de voter ces [nouvelles règles électorales] et d'autres réformes essentielles. Il est connu que M. Napolitano préfère cette dernière solution. Mais Berlusconi, dont la coalition de droite a une avance d'environ 15% dans les sondages, insiste sur le fait que les élections doivent être programmées immédiatement.

Dimanche dernier, il a prévenu que si elles n'avaient pas lieu, des "millions" de ses supporters manifesteraient dans Rome. Ses opposants étaient furieux contre cette remarque, accusant M. Berlusconi d'essayer d'intimider le chef de l'Etat, en évoquant la "Marche sur Rome" des casseurs du Parti Fasciste qui catapulta Benito Mussolini au pouvoir en 1921, au beau milieu d'une impasse parlementaire similaire.

Hier, le dirigeant libertaire chevronné, Marco Pannella, dont le Parti Radical, certes petit mais influent, faisait partie de la coalition de Berlusconi la fois précédente, a déclaré : "A la veille de sa visite au Palais Quirinal, Berlusconi annonce que si le Président n'exécute pas ses souhaits, des millions de personnes marcheront sur Rome. Il est alarmant que nous soyons tous silencieux là-dessus". On dit que cette menace aurait "irrité" M. Napolitano.

Le porte-parole de M. Berlusconi, Paolo Bonaiuti, a déclaré : "La presse a fait un gros scandale avec cela, mais la simple vérité est que le peuple veut des élections pour les sortir de cette crise. Ils veulent du changement. Nous sommes submergés de lettres, de télécopies, de courriels et de textos nous disant que les gens sont prêts à descendre dans la rue et à manifester".

Traduction [JFG-QuestionsCritiques]