Des 'menaces' contre le ministre des affaires étrangères
vénézuélien provoquent une guerre des mots avec les Etats-UnisPar Rupert Cornwell à Washington
publié dans The Independent, le 25 septembre 2006,
article original : " 'Threats' to Venezuelan minister provoke war of words with US' '
Une nouvelle tension a éclaté entre Caracas et Washington après que Nicolas Maduro, le ministre vénézuélien des affaires étrangères, a accusé la police de l'aéroport international JFK de New York de l'avoir illégalement retenu et de l'avoir traité grossièrement tandis qu'il essayait de prendre l'avion, ce week-end, pour rentrer chez lui.
Le Département d'Etat a déclaré hier que cet incident avait été "regrettable" et qu'il s'était excusé. Mais cela n'a pas apaisé M. Maduro. "Nous avons été détenus pendant une heure et demie et menacé par la police d'être frappés", a-t-il déclaré. "Nous tenons le gouvernement étasunien pour responsable", a-t-il déclaré, rejetant les excuses comme insuffisantes.
Cette nouvelle prise de bec entre Caracas et Washington a couronné une semaine incendiaire dans laquelle le Président du Venezuela, Hugo Chavez, a décrit le Président George Bush comme "le diable " de la tribune de l'Assemblée Générale de l'ONU, avant de dire à des passants dans une rue de Harlem que le dirigeant étasunien était "un malade" et "un alcoolique".
Selon le ministre des affaires étrangères, les autorités aéroportuaires, à un moment, lui ont ordonné, ainsi qu'à d'autres membres de sa délégation, d'écarter les bras et les jambes pour être fouillés, mais ils ont platement refusé. "Ils ont essayé de nous menotter", a-t-il dit, mais "il aurait fallu qu'ils nous sortent morts de l'aéroport s'il avait essayé de nous toucher".
Comme on pouvait s'y attendre, la version américaine de ces événements était quelque peu différente. Un porte-parole du Département de la Sécurité Intérieure, qui supervise le filtrage de la sécurité aéroportuaire aux Etats-Unis, a réfuté que M. Maduro avait été maltraité.
Le ministre des affaires étrangères, a déclaré le porte-parole, a été choisi pour subir un "filtrage secondaire" - une procédure de sécurité additionnelle, mais il n'a pas dit pourquoi. M. Maduro "a commencé à exprimer sa frustration... juste après être passé à travers le magnétomètre [le portique de détection de métaux]", et la police "l'a affronté lorsque la situation a tourné au grabuge". À cause de ce délai, M. Maduro a raté son avion. Il est donc retourné à la mission du Venezuela auprès de l'Onu et a appelé à une conférence de presse.
M. Maduro a dit que le gouvernement vénézuélien s'était plaint auprès de Kofi Annan, le secrétaire-général de l'Onu, et avait consulté des avocats. Cette détention est une "violation flagrante de la loi internationale" et de l'immunité diplomatique de M. Maduro. Cela a été "une tentative délibérée pour nous provoquer". M. Chavez a déclaré à la télévision vénézuélienne que le Ministre des Affaires Etrangères avait été retenu parce que les autorités étasuniennes avait établi le lien entre lui et le coup d'Etat manqué de 1992, mené par le futur président.
L'affaire Maduro laisse les relations avec Washington à leur pire niveau depuis 2002, lorsque les Etats-Unis avaient instantanément reconnu [officiellement] les organisateurs du coup d'Etat, qui avait brièvement renversé M. Chavez, avant les manifestations de rue massives qui l'ont remis rapidement au pouvoir.
© 2006 Independent News and Media Limited / Traduction [JFG-QuestionsCritiques]