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Présidentielles 2007

Les espoirs et les craintes concernant Sarkozy

The Independent le 15 janvier 2007
article original : "Hopes and fears about M. Sarkozy"

Nicolas Sarkozy a achevé la première étape de son ambition présidentielle en remportant la nomination de son parti, l'UMP. En théorie, ceci l'oppose à la candidate du Parti Socialiste, Ségolène Royal, dans un duel pour l'Elysée entre le centre gauche et le centre droit. Cependant, la campagne électorale qui se profile ne sera probablement pas, en pratique, aussi simple qu'elle le paraît, pour l'instant, sur le papier.

La première complication pour M. Sarkozy est son soutien décevant. Dans l'élection d'hier, il a à peine remporté 70% des votes des membres de son parti, bien qu'il fût le seul candidat en lice. Il savait déjà qu'il ne disposait ni du soutien du Président Chirac, ni de celui de son protégé, Dominique de Villepin. Ce qu'il sait désormais est qu'environ un tiers de son parti n'est pas particulièrement enthousiaste sur sa candidature.

Cela pourrait ouvrir la voie à ce qu'un gaulliste plus traditionnel entre en lice. Malgré son âge, M. Chirac n'a pas encore totalement renoncé et d'autres pourraient à présent s'enhardir à entrer dans la compétition en tant qu'indépendants. Une division des votes de droite donnerait à Madame Royal une chance encore meilleure de devenir la première présidente de la France. Toutefois, cela donnerait aux électeurs français une échappatoire pour retourner au conservatisme.

Quant à l'aspect le mieux accueilli, dans cette compétition entre M. Sarkozy et Mme Royal, ils ont tous deux, de façon assez similaire, rompu avec la politique conventionnelle de leur parti et généré une excitation à part entière. Ils sont tous deux des tacticiens astucieux et des ambitieux déclarés. Tous deux sont des combattants, ayant remporté leurs nominations contre de puissants intérêts établis. Et l'un ou l'autre - par leur politique et leur style - contribuerait à la modernisation de la politique française, et donc de la France.

Cependant, en s'aliénant des pans entiers de leurs électorats naturels et en louvoyant vers le centre, tant Mme Royal que M. Sarkozy prennent des risques. Pour Mme Royal, la menace vient moins de l'extrême gauche que de l'apathie de la base socialiste. Pour M. Sarkozy, toutefois, le temps pourrait venir où il devra protéger ses arrières du Front National. Serait-il alors tenté de jouer la carte raciale, malgré sa promesse sur l'inclusion ?

On peut aussi douter qu'un président français modernisateur renforce nécessairement l'influence de ces pays, tels la Grande-Bretagne, qui plaident pour des limites plus approximatives de l'Union Européenne. Le consensus français sur l'UE, même après le rejet de la constitution, est en faveur d'une Europe forte et unie. Ni une présidente Royal, ni un Président Sarkozy ne garantit au Premier Ministre britannique, en comparaison eurosceptique, une vie plus confortable dans l'UE. De notre point de vue, cela pourrait ne pas être une mauvaise chose.

Traduit de l'anglais par [JFG-QuestionsCritiques]