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La Faim du Monde

Crise alimentaire : les pays riches ont la capacité de résoudre le problème

Par Andrew Buncombe à Delhi, The Independent, samedi 12 avril 2008

article original : "Rich countries have ability to solve problem"

Le monde connaît la première mesure la plus importante qu'il pourrait prendre pour soulager la crise alimentaire - et, en fait, il en a parlé aux plus hauts niveaux au cours de ces huit dernières années. Le Round de Doha de l'Organisation Mondiale du Commerce, les pourparlers commerciaux de l'OMC qui ont débuté en 2001, avaient pour objectif de libéraliser les marchés agricoles dysfonctionnels de la planète, avec pour bénéfice principal : des aliments meilleurs marchés pour tous.

Une raison pour laquelle tant de gouvernements des nations émergentes, telles que l'Ukraine, la Syrie et l'Egypte, se détournent des marchés mondiaux et embrassent des accords de troc est parce que ces marchés mondiaux sont atrocement faussés par un maillage de subventions et de barrières douanières, construites par le monde développé pour protéger ses agriculteurs.

La Politique Agricole Commune (PAC), à peine réformée au cours de ces dernières années, garantit que l'agriculture européenne reste essentiellement engagée à protéger le style de vie dans la campagne française. La protection que le gouvernement américain a mise en place sur ses produits laitiers, son sucre, son tabac et ses cacahouètes a créé quelques-unes des barrières douanières les plus redoutables au monde. Le gouvernement japonais a encouragé positivement ses producteurs de riz et de bœuf, ridiculement inefficaces, à vivre dans le passé.

Toutes ces politiques malavisées ont privé le monde en développement, pendant des années, de marchés et de revenus. Bien sûr, des nations comme l'Inde et le Brésil doivent faire quelque chose en échange - elles pourraient libéraliser leurs secteurs de services, ainsi que les gouvernements américain et australien l'exigent bruyamment et ils pourraient revoir aussi leurs propres politiques agricoles.

L'enthousiasme américain, européen et surtout brésilien et indonésien pour les biocarburants pourrait aussi être réexaminé dans le contexte du round de Doha. Dans sa lettre au Premier ministre japonais, qui préside le G8, Gordon Brown avait donc raison de dire que le G8, le FMI et la Banque Mondiale "devraient redoubler d'efforts pour conclure un accord commercial à l'OMC, qui procure aux pays pauvres un meilleur accès aux marchés des pays développés et réduire les subventions dans les pays riches, qui créent des distorsions".

Il a aussi rappelé aux économies avancées qu'elles doivent aider, à travers ce qu'on appelle le "Mécanisme de Marrakech", les nations moins développées à supporter toute dislocation à court-terme occasionnée par la conséquence de la libéralisation du commerce. Le règlement de l'OMC stipule qu'elle doit conférer, dans les accords commerciaux, "un traitement différencié et plus favorable aux économies en développement". Mais un round de Doha réussi pourrait donner un coup de fouet à l'économie mondiale et sortir des millions de personnes de la pauvreté.

Un accord aura-t-il lieu ? Les perspectives ne sont pas positives. Si un accord n'est pas atteint d'ici à cet automne, alors l'arrêt du Round pourrait s'ensuivre. Cela, parce qu'un nouveau président à la Maison-Blanche voudra probablement revoir la position de l'Amérique dans ces négociations et le Round de Doha en restera "congelé … et il sera réduit en bouillie d'ici à 2010".

Traduction [JFG-QuestionsCritiques]