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EDITORIAL
     Le Contrôle des Diamants
   
Lundi 29 novembre 2004; Washington Post, Page A18

DÉBUT 2003, un effort impressionnant pour gouverner la mondialisation s'est mis en branle : Le commerce international du diamant, qui a alimenté des guerres civiles et le crime international, est maintenant assujetti à un système de régulation soutenu par les Nations Unies et connu sous le nom du Processus de Kimberley. Une alliance improbable de gouvernements, de l'industrie du diamant et d'organisations non-gouvernementales constructives se sont ralliés derrière deux idées simples : Les diamants fraîchement extraits devraient être scellés dans des conteneurs enregistrés qui certifient le pays d'origine et les importateurs de diamants ne devraient pas accepter des pierres non enregistrées qui pourraient profiter aux insurgés ou aux criminels. Les diamants provenant de régions en guerre ont alimenté les guérillas au Libéria, au Congo, en Angola et en Sierra Leone ; on pense qu'ils représentent une part des réseaux financiers terroristes.

En fonction depuis presque deux ans, le Processus de Kimberley a prouvé son utilité. Ce système consistant a enregistrer les diamants a été mis en application pour que les pays importateurs puissent avoir une certaine assurance que les pierres précieuses connues pour être le symbole de l'amour ne financent pas des bains de sang. Un processus volontaire de contrôle par les professionnels a été mis en place pour éprouver la rigueur de chaque pays à certifier seulement les diamants légaux. Les pays publient des statistiques sur le commerce du diamant, rendant ainsi plus facile de repérer les trafiquants. Lorsque l'on a découvert que la République du Congo exportait des stocks importants de diamants alors qu'elle ne possède que quelques mines, son rôle dans la délivrance de faux certificats à des marchands illicites a été mis en lumière. Le résultat fut que 43 pays représentant 98% du commerce mondial de diamants annoncèrent un embargo sur les diamants de la République du Congo.

Malgré ce progrès, le Processus de Kimberley reste fragile. Le bon départ qu'il a pris est en partie dû à l'Afrique du Sud et au Canada qui ont présidé avec force pendant les premières années . Cependant, l'année prochaine, la présidence revient à la Russie, un régulateur qui est moins manifestement impliqué. Le président russe, Vladimir Poutine, doit encore signer une loi destinée à déclassifier les statistiques sur le commerce des diamants en Russie, un délai qui laisse un trou béant dans l'initiative de traquer les mouvements internationaux de diamants. La Russie prétend qu'elle soutient les contrôles sévères appliqués par la profession, mais elle devra réussir à faire pression sur les pays peu enthousiastes et à se soumettre elle-même à ces contrôles. Le Japon, la Chine, la Thaïlande, la Namibie et les Etats-Unis ont jusqu'à présent refusé de fixer des dates permettant aux contrôleurs de leur rendre visite.

Lors de la réunion annuelle du Processus de Kimberley, le mois dernier, les Russes ont accepté de publier leurs statistiques avant de prendre la présidence. Les Etats-Unis devraient jouer leur rôle en s'assurant que les Russes tiennent leur engagement, et ils devrait accepter aussi de reconnaître les erreurs dans leurs propres statistiques. Lors de la réunion du mois dernier, un conflit technique s'est focalisé sur le fait que les données des Etats-Unis sont collectées d'une manière incompatible avec les données des autres pays, rendant difficile de dresser un tableau global des flux de diamants. Les Etats-Unis devraient aussi soutenir les pays d'Afrique qui cherchent à réduire les niches de leurs propres systèmes d'enregistrement. Il est difficile de créer des procédures efficaces et incorruptibles dans les pays pauvres et le Processus de Kimberley ne peut être qu'aussi bon que les responsables qui le gère.


Traduit de l'américain par Jean-François Goulon