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Le chef du bureau politique déclare
que son groupe est incompris de l'Occident

The Associated Press, le 18 février 2006


Le chef politique en exil du Hamas, Khaled Meshal, a déclaré que le monde a une fausse image du Hamas et a appelé le monde à cesser de voir les représentants palestiniens nouvellement élus à travers les yeux d'Israël.

"Nous croyons que la plupart des dirigeants en Europe, en Occident, ont une fausse image du Hamas, parce que cette image ne nous ressemble pas. Elle reflète la manière dont certaines personnes, surtout en Israël, voient le Hamas", a dit Meshal à Associated Press vendredi, entouré de gardes du corps sur un vol commercial d'Ankara à Istanbul.

"Nous voulons que le monde, et surtout les pays occidentaux, nous comprennent, qu'ils comprennent bien le Hamas, qu'ils comprennent la volonté du peuple palestinien".

La victoire du Hamas aux élections législatives le mois dernier a provoqué des menaces de la part des Etats-Unis et de l'UE de supprimer l'aide massive aux Palestiniens à moins que ce groupe — responsable d'un grand nombre d'attaques suicides et désigné comme organisation terroriste par de nombreuses nations occidentales — reconnaisse Israël et renonce à la violence.

Le Premier ministre [israélien] par intérim Ehud Olmert a exclu toute discussion avec le Hamas tant qu'il n'aura pas renoncé à la violence, reconnu le droit d'Israël d'exister et accepté les accords passés entre Israël et les Palestiniens.

"Tout le monde sur la planète dit cela. Je sais, je sais", a dit Meshal, en souriant et en refusant de céder dans l'immédiat à la pression concernant de telles exigences — exprimées aussi par la Turquie.

Le Hamas n'a donné aucune indication qu'il changera son idéologie, mais il a dit qu'il s'en tiendrait à un cessez-le-feu à long terme si Israël fait de même.

Il a déclaré que le monde devait comprendre que l'occupation israélienne était à l'origine du problème.

"La première étape est l'occupation. C'est pourquoi notre peuple souffre. Cette souffrance pousse notre peuple en Palestine à se défendre contre l'occupation et contre l'agression d'Israël", a déclaré Meshal.

"La communauté internationale doit faire pression sur Israël pour qu'il reconnaisse notre droit à obtenir la liberté, pour combattre l'occupation, pour avoir une véritable paix, une légitimité sur notre sol", a déclaré Meshal. "Si la communauté internationale obligeait Israël à faire cela, alors ils pourraient venir vers nous et nous demander de faire notre part. Est-ce clair ou non ?

Meshal a prétendu que la communauté internationale faisait pression sur le Hamas parce qu'il était faible en comparaison avec Israël.

"Il est facile pour ces pays de faire pression sur la partie faible", a argumenté Meshal. "Ce n'est pas juste. Pour cette raison le peuple palestinien refuse cette pression. C'est de l'hypocrisie".

Meshal a déclaré que le Hamas veut la fin de l'occupation des Territoires Palestiniens.

"Vous pouvez être sûrs que notre sentiment est la paix et l'espoir, bons pour tous dans le monde, mais pas avec un camp qui occupe notre terre et agresse notre peuple", a-t-il dit.

Meshal a indiqué que le Hamas continuerait de créer l'instabilité en Israël jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée. "Pas de paix sans nos droits légitimes. Pas de stabilité avec l'occupation. Pas de paix avec l'occupation. Cela est notre droit", a-t-il déclaré.

Meshal a aussi déclaré que le voyage préliminaire en Turquie avait été une réussite à cause de ses implications plus vastes, en dépit du fait que beaucoup de personnes considèrent comme une rebuffade de la part du Premier ministre turc, qui a refusé de rencontrer la délégation du Hamas à Ankara.

"Nous espérons aller dans d'autres pays après la Turquie. Peut-être est-ce la première étape avant l'Europe et l'Occident". Meshal a déclaré que pour la première fois le Hamas avait un mandat pour faire passer son message au monde selon ses propres conditions. "C'est la première fois que le peuple turc a entendu parler de nous par nous-mêmes. C'était le but du voyage", a-t-il déclaré.

"Nous avons besoin que le monde soutienne nos objectifs", a déclaré Meshal. "Nous sommes les victimes".

Traduit de l'anglais par Jean-François Goulon