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L'ONU attaque le rapport des Etats-Unis
sur le nucléaire iranien

Par David Fickling

The Guardian, jeudi 14 septembre 2006
article original : "UN attacks US nuclear report on Iran"

L'observateur de l'Onu sur le nucléaire a fait une attaque cinglante contre le Congrès étasunien à propos de son rapport "scandaleux et malhonnête" sur le programme nucléaire de l'Iran.

L'Agence Internationale à l'Energie Atomique (AIEA) a déclaré que le rapport du Congrès publié le mois dernier contenait "des informations erronées, trompeuses et non corroborées" et qu'il prenait comme une "grave insulte" les affirmations "incorrectes et mensongères" de ce rapport selon lesquelles l'AIEA cachait certains de ses doutes concernant les intentions nucléaires de l'Iran.

Une lettre de l'AIEA à Peter Hoekstra, président de la commission d'enquête des Renseignements de la chambre des représentants, a été divulguée ce jeudi au Washington Post.

Washington a tenu à faire monter la pression sur l'Iran au moment où la Russie, la Chine, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne - les autres négociateurs principaux sur le programme nucléaire iranien - donnent la préférence à une approche plus prudente.

Bien que ces six pays veuillent que l'Iran cesse l'enrichissement d'uranium, la Russie et la Chine ont donné à entendre qu'elles s'opposaient à toute action militaire contre Téhéran.

Il y a eu des préoccupations internationales sur le programme nucléaire de l'Iran depuis qu'il a annoncé au début de l'année avoir réussi à enrichir de l'uranium. L'uranium doit être enrichi pour être utilisé dans les centrales nucléaires, mais un enrichissement plus poussé peut produire de la matière propre à être utilisée dans des bombes atomiques.

L'Iran insiste sur le fait que son programme nucléaire n'est destiné qu'à un but pacifique de générer de l'énergie, mais des diplomates soupçonnent que cela est utilisé pour couvrir le développement d'armes atomiques.

Il a été rapporté que le rapport du Congrès étasunien a été écrit par un membre républicain du personnel de la commission des Renseignements de la chambre, qui est connu pour ses positions pures et dures vis-à-vis de l'Iran et qui a basé les conclusions du rapport sur des documents publiés plutôt que sur des renseignements émanant des services secrets.

La lettre de l'AIEA critique en particulier un passage du rapport prétendant que la centrale de Natanz au centre de l'Iran enrichissait l'uranium à un niveau de qualité militaire. Cette affirmation a été contredite par le dernier rapport de l'AIEA sur l'Iran, communiqué à des diplomates fin août et montrant que jusqu'à présent l'enrichissement n'avait atteint que des niveaux faibles.

Mais la réaction la plus forte a concerné la réécriture dans ce rapport d'un article publié dans le quotidien allemand Die Welt concernant le départ de l'AIEA de l'ancien inspecteur Chris Charlier.

Ce rapport prétendait que M. Charlier avait été démis par le directeur de l'AIEA, Mohammed El Baradei, à la demande du négociateur nucléaire en chef de l'Iran, Ali Larijani, et qu'il y avait une "politique tacite de l'AIEA interdisant à ses fonctionnaires de dire toute la vérité sur le programme nucléaire iranien".

Cette lettre a dénoncé ces affirmations comme étant "scandaleuses et malhonnêtes". Elle rappelle que les règles fondatrices de l'AIEA établissent que les inspecteurs ne peuvent être envoyés dans un pays qu'avec l'accord du gouvernement de ce pays.



Traduction : JFG/QuestionsCritiques