changement climatique
James Hansen, un scientifique du changement climatique de tout premier plan, lancera aujourd'hui un appel pour que les patrons des grosses compagnies de carburant fossile soient déférés devant la justice pour crimes contre l'humanité et contre la nature. Il les accuse de répandre activement le doute sur le réchauffement planétaire, de la même manière que les compagnies de tabac ont brouillé les liens entre le fait de fumer et le cancer.
Hansen se servira du 20ème anniversaire chargé de symbole du discours novateur qu'il a prononcé devant le Congrès des Etats-Unis - dans lequel il fut parmi les premiers à tirer le signal d'alarme sur la réalité du réchauffement planétaire - pour soutenir que des mesures radicales doivent être prises immédiatement si l'on ne veut pas que la "véritable tempête" du changement climatique irréversible devienne inévitable.
S'exprimant à nouveau devant le Congrès, il accusera les PDG de compagnies, telles qu'ExxonMobil et Peabody Energy, d'être pleinement conscients de la désinformation sur le changement climatique qu'ils répandent.
Dans une interview au Guardian, il a déclaré : "Lorsque vous êtes à ce genre de poste, PDG de l'un des tout premiers acteurs à avoir diffusé la désinformation, jusqu'à affecter, via des organisations, ce qui entre dans les livres de classe, alors je pense que c'est un crime".
Il envisage aussi, au cours des élections de novembre, de prendre pour cible les membres du Congrès qui ont personnellement de mauvais antécédents en matière de changement climatique. Il fera campagne pour que plusieurs d'entre eux perdent leur siège. Le discours que Hansen a prononcé en le 23 juin 1988 devant le Congrès est considéré comme le moment déterminant qui a porté le réchauffement planétaire à l'attention du public. A un moment où la plupart des scientifiques hésitaient encore à se prononcer [publiquement], il avait dit que la preuve de l'impact des gaz à effet de serre était à 99% certaine, ajoutant, "il est temps d'arrêter le bla-bla".
Cet après-midi, il dira à la commission d'enquête de la Chambre sur l'indépendance énergétique et le réchauffement planétaire, qu'il est maintenant certain à 99% que la concentration de CO2 dans l'atmosphère a déjà dépassé le niveau d'alerte.
La concentration actuelle est de 385 parts par million (ppm) et elle augmente chaque année de 2ppm. Hansen, qui est dirige pour la Nasa à new York, l'Institut Goddard aux Etudes Spatiales, dit que 2009 sera une année cruciale, avec un nouveau président des Etats-Unis et des discussions sur la façon de suivre l'accord de Kyoto.
Il veut voir un moratoire sur les nouvelles centrales à charbon, couplé avec la création d'un immense quadrillage de toute l'Amérique de lignes électriques à faible perte enterrées dans le sol afin de donner à l'énergie solaire et éolienne une chance de rivaliser. "Le nouveau président des Etats-Unis devrait prendre une initiative analogue à la décision de Kennedy d'aller sur la lune".
Ses mots les plus durs sont réservés aux intérêts spéciaux qu'il accuse de semer le trouble dans le public sur la nature de la menace du réchauffement planétaire. "Le problème n'est pas la volonté politique, ce sont les chaussures en croco, les lobbyistes. C'est un fait que l'argent s'exprime à Washington et cette démocratie ne fonctionne comme il était prévu qu'elle fonctionne".
Un groupe qui cherche à accroître la pression sur les dirigeants internationaux lance aujourd'hui une campagne appelée "350.org". Il a pris des pages entières de publicité dans des journaux comme le New York Times et le Suédois Falukuriren, appelant à ce que la cible de CO2 soit baissée à 350ppm. La publicité a été soutenue par 150 signataires, dont Hansen.Traduction : JFG/QuestionsCritiques