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Norman Finkelstein a été expulsé d'Israël, où il est désormais interdit de séjour

Par Toni O'Loughlin à Jérusalem
The Guardian, lundi 26 mai 2008

article original : "US academic deported and banned for criticising Israel"

Norman Finkelstein, l'universitaire américain juif controversé et féroce critique d'Israël, a été expulsé de ce pays et il est interdit de séjour en Israël pour 10 ans, a-t-on appris hier.

Finkelstein, le fils d'un survivant de l'Holocauste qui a accusé Israël de se servir du génocide nazi contre les Juifs pour justifier ses actions contre les Palestiniens, a été détenu par les services de sécurité israéliens, le Shin Bet, lorsqu'il a atterri à l'aéroport Ben Gourion vendredi dernier.

Le Shin Bet l'a interrogé pendant environ 24 heures sur ses contacts avec la milice islamique libanaise, le Hezbollah, lorsqu'il a voyagé au Liban en début d'année et exprimé sa solidarité avec ce groupe qui a livré une guerre contre Israël en 2006. Il a été aussi accusé d'avoir des contacts avec al-Qaïda. Mais Finkelstein a rejeté ces accusations, disant qu'il s'était rendu en Israël pour visiter un vieil ami.

"J'ai fait de mon mieux pour fournir des réponses absolument franches et complètes à toutes les questions que l'on m'a posées", a-t-il déclaré à un journal israélien lors d'un échange de courriels.

"Je suis persuadé que je n'ai rien à cacher. A part mes opinions politiques et le travail universitaire que je soutiens, il n'y a pas grand chose à dire sur moi : hélas, aucune mission suicide ou rendez-vous secret avec des organisations terroristes. J'ai toujours soutenu une solution à deux Etats basée sur les frontières de 1967. Je ne suis pas un ennemi d'Israël".

Finkelstein est l'un des quelques universitaires qu'Israël a rejetés, dans cette division qui est de plus en plus farouche dans les cercles académiques, entre ceux qui soutiennent et ceux qui critiquent la façon dont Israël traite les Palestiniens.

L'année dernière, le "nouvel historien" le plus controversé d'Israël, Ilan Pappe, a quitté son emploi en tant que professeur associé en science politique à l'Université d'Haïfa, après avoir soutenu le boycott universitaire international des institutions israéliennes, ce qui a poussé le président de l'université à lui demander de démissionner.

L'année dernière, Finkelstein s'est vu aussi refuser sa titularisation à l'Université DePaul de Chicago pour avoir attaqué plusieurs supporters ardents d'Israël et des universitaires comme le professeur de droit d'Harvard, Alan Dershowitz.

L'association pour les Droits Civiques en Israël a déclaré que l'arrestation de Finkelstein et son expulsion étaient une atteinte à la liberté d'expression.

"Cette décision, consistant à empêcher quelqu'un d'exprimer ses opinions en l'arrêtant et en l'expulsant est typique d'un régime totalitaire", a déclaré l'avocat de cette association, Oded Peler.

"Un Etat démocratique, où la liberté d'expression est le principe le plus élevé, ne fait pas taire la critique ou les idées, juste parce qu'elles sont désagréables à entendre par les autorités. [Un Etat démocratique] affronte ces idées dans un débat public."

Finkelstein a déclaré qu'il avait été détenu dans une cellule et qu'il avait connu "quelques moments déplaisants avec les gardiens" et qu'il a fini par emprunter le téléphone mobile d'un autre détenu pour appeler un ami qui à son tour a appelé un avocat.

Bien qu'il ait le droit de faire appel contre l'ensemble de cette interdiction, Finkelstein a dit qu'il ne la contesterait pas.

Traduction : JFG/QuestionsCritiques