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   L'ex-homme du Pentagone en prend pour 12 ans
et 10.000 dollars d'amende dans l'affaire AIPAC
    Par Shmuel Rosner, Correspondant de Haaretz à Washington et de l'AP
Haaretz
, samedi 21 janvier 2006

Voir aussi : "Quand Israël espionne les Etats-Unis" par James Petras


Larry Franklin (à gauche) quittant un tribunal fédéral de Virginie après une audition en mai 2005 (AP)

WASHINGTON — L'ex-analyste du Pentagone, Larry A. Franklin, a été condamné vendredi a une peine de 12 années et sept mois de réclusion pour avoir passé des informations classifiées à d'anciens lobbyistes de l'American Israel Public Affairs Commitee (AIPAC). Franklin a aussi été reconnu coupable d'avoir partagé des informations classifiées avec le diplomate israélien Naor Gilon. Il a été aussi condamné à payer une amende de 10.000 dollars.

En condamnant Franklin, le juge fédéral T.S. Ellis III a dit que les faits concernant cette affaire l'ont conduit à penser que Franklin était d'abord motivé par un désir d'aider les Etats-Unis, pas de leur nuire.

Franklin, 59 ans, spécialiste de l'Iran et de l'Irak, a travaillé avec des fonctionnaires du Pentagone de très haut rang, dont l'ancien sous-secrétaire à la défense, Douglas Feith.

Franklin a plaidé coupable en octobre dans un arrangement de plaidoirie avec l'accusation publique [plea bargain], et témoignera dans le procès des anciens lobbyistes de l'AIPAC, Steve Rosen et Keith Weissman, qui doit débuter en avril 2006. La condamnation de Franklin pourrait alors être réduite grâce à sa coopération avec le gouvernement.

Rosen et Weissman, qui font face à des accusations pour avoir révélé des informations confidentielles à Israël furent renvoyés de l'AIPAC en 2004.

Le juge a déclaré que Franklin pensait que le National Security Council ne s'inquiétait pas insuffisamment de la menace que posait une nation du Moyen-Orient, qui n'a pas été spécifiée. Franklin pensait que divulguer des informations pourraient finir par persuader le Security Council de prendre des mesures plus sérieuses, a-t-il dit.

Tandis que le pays du Moyen-Orient en question n'a pas été nommé dans les minutes du procès, des sources et les faits de cette affaire pointent vers l'Iran.

Ellis a déclaré qu'il considérait l'affaire de Franklin différemment d'une affaire impliquant la divulgation d'informations aux Soviétiques en pleine Guerre Froide.

"Mais pas assez différemment pour l'excuser. Pas du tout", a déclaré Ellis.

À un moment, Franklin travaillait pour Douglas Feith, alors No 3 du Pentagone, sur des questions impliquant le Moyen-Orient. Lors d'une comparution devant un tribunal l'année dernière, Franklin a déclaré qu'il était quelquefois interrogé directement par le Secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, et par l'ancien haut-fonctionnaire du Pentagone, Paul Wolfowitz, sur des questions de politique.

C'est pourquoi, selon Franklin, il ramenait parfois des informations classifiées chez lui pour avancer dans son travail. L'une des accusations pour lesquelles il a plaidé coupable était celle de détention illégale d'informations classées défense nationale. Franklin a admis qu'il a rencontré régulièrement Rosen et Weissman entre 2002 et 2004 et qu'il discutait d'informations classifiées, y compris des informations concernant des attaques potentielles contre les troupes américaines en Irak.

Rosen et Weissman auraient partagé par la suite ce qu'ils avaient appris avec des journalistes et des officiels israéliens.

Rosen a été pendant plus de 20 ans un des plus importants lobbyistes de l'AIPAC à Washington et Weissman était le premier expert sur l'Iran dans cette organisation. L'AIPAC les a licenciés en avril 2005 et déclare avoir coopéré avec l'enquête.

Les avocats de l'accusation ont déclaré vendredi devant la cour fédérale du District Est de Virginie qu'ils envisageraient de dégager le tribunal des directives de condamnation fédérale une fois que Franklin aura achevé sa coopération dans l'affaire contre Rosen et Weissman.

Franklin a demandé à pouvoir effectuer sa peine dans une prison de sécurité minimale près de son foyer.

L'ambassadeur d'Israël aux Etats-Unis, Danny Ayalon, a déclaré en réaction : "Il s'agit d'une affaire intérieure américaine. Israël n'a aucun lien avec le procès et, bien sûr, avec son résultat".

Traduit de l'anglais par Jean-François Goulon