accueil > archives > éditos


     Humanitaires de l'ONU: Gaza est au bord du désastre
    Par Akiva Eldar, correspondant de Haaretz
Haaretz
, mardi 4 avril 2006

Les organes humanitaires des Nations-Unies lancent une alerte selon laquelle la Bande de Gaza est au bord d'un désastre humanitaire à cause du manque d'argent et de nourriture.

David Shearer, chef du Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires de l'ONU (BCAH), a dit aux responsables du ministère des affaires étrangères [israélien] que s'il n'y a pas un changement significatif de la situation, Gaza fera face à une crise humanitaire aussi grave que celle du Kosovo.

Un rapport de l'UNRWA (l'agence pour les réfugiés de la Palestine dans le Proche-Orient) prévient du manque de produits alimentaires de base, à cause de la fermeture fréquente du passage de Karni qui empêche les marchandises en provenance d'Egypte d'entrer à Gaza. Ce rapport dit aussi qu'il y a eu une augmentation significative du nombre de personnes affamées depuis que l'aide financière a été stoppée.

Les statistiques de la Banque Mondiale montrent que s'il n'y a pas de changement radical, 75% des Palestiniens se retrouveront sous le seuil de pauvreté dans les deux ans. Le taux actuel est de 56%, à comparer avec 22% en 2000.

Un responsable de la sécurité israélien a déclaré : "Israël a conscience des difficultés et un effort est fait pour trouver des solutions sans violer la décision de ne pas entrer en contact avec le gouvernement du Hamas. La possibilité de transférer des fonds par l'intermédiaire du bureau de la présidence [palestinienne] aux dirigeants régionaux directement assujettis à Abou Mazen est en cours d'examen.

"Dans une telle situation", a-t-il poursuivi, "une certaine quantité de contact sera maintenue avec les services de sécurité palestiniens en créant des canaux entre les Forces de Défense Israéliennes et la sécurité nationale. Israël a conscience du problème humanitaire et ne veut pas qu'une telle crise ne survienne".

Ces deux derniers mois, en protestation contre le gouvernement du Hamas, Israël a bloqué le transfert de quelques 200 millions de NIS [env. 36m €] de recettes fiscales à l'Autorité Palestinienne [AP] et les Etats-Unis ainsi que plusieurs autres pays ont gelé les versements de l'aide financière mensuelle qui s'élève à environ 38 millions d'euros.

Les responsables de l'UNRWA s'inquiètent de ce que les fonctionnaires de l'AP ne reçoivent pas leurs salaires ce mois-ci, à cause de la rétention par Israël des recettes fiscales. Les Nations-Unies estiment que 37% des salariés de la Bande de Gaza - plus de 73.000 personnes - travaillent pour l'AP.

les besoins vitaux

Le commissaire-général de l'UNRWA, Karen Koning Abou Zayd, a déclaré à Haaretz que si les fonctionnaires de l'AP ne reçoivent plus leurs salaires, l'ONU aura bien du mal à faire face aux besoins, même les plus vitaux, des réfugiés.

Abou Zayd s'attend à ce que 25.000 familles viennent s'ajouter sur la liste de distribution de nourriture et a dit qu'il manque à l'UNRWA près de $120 millions (100m €) des $457,9 millions (379,3m €) nécessaires pour financer les besoins de base. Sur les $150 millions (124m €) nécessaires aux projets, comme la construction d'écoles, l'ONU n'a reçu que $14,3 millions (11,8m €), a-t-elle déclaré.

À Gaza, les Palestiniens se retrouvent aussi face à un problème de santé publique. Selon le rapport de l'UNRWA : environ 850.000 volailles sont suspectées d'avoir contracté la grippe aviaire. Les pays donateurs doivent encore transférer la totalité des sommes allouées pour combattre le virus.

Mais la menace n'est pas limitée aux Palestiniens. Un rapport publié le mois dernier par Stratfor, une agence [réputée] de consultants en renseignement qui fournit des estimations sur les questions mondiales, fait remarquer que ce sont dans des endroits comme la Bande de Gaza où la pandémie aviaire a le plus de chance de muter en grippe affectant les êtres humains.

En même temps, le rapport du BCAH établit que si l'Autorité Palestinienne perd ses sources de revenu à cause du boycott des donations et que les barrages restent fermés aux biens palestiniens, le PIB palestinien devrait baisser d'au moins 25%.

Traduit par [JFG-QuestionsCritiques]