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Une résolution sur-mesure pour Israël

Satisfait par le projet de résolution, Israël garde le silence

Par Aluf Benn, correspondant de Haaretz
6 août 2006


Israël s'est retenu d'émettre une réponse officielle samedi au projet de résolution, présenté par les Etats-Unis et la France au Conseil de Sécurité des Nations-Unies, et qui appelle à l'arrêt complet de la violence entre Israël et le Hezbollah. Ce silence n'est pas un hasard.

La version finale de cette résolution n'a pas encore été approuvée et elle pourrait changer. Une démonstration de l'enthousiasme israélien pour ce projet pourrait influencer certains membres du Conseil de Sécurité, qui pourrait exiger un changement de formulation qui pourrait en retour affecter Israël.

À un niveau moins officiel, des sources diplomatiques à Jérusalem ont exprimé leur satisfaction sur ce projet et ont fait remarquer qu'Israël avait été très impliqué dans sa formulation. Le chef d'état-major du Premier ministre Ehoud Olmert, Yoram Turbowicz, a conduit des pourparlers avec les Américains et les Français, de Jérusalem ; Tal Becker, un conseiller de la ministre des affaires étrangères, Tzipi Livni, s'est envolé pour New York afin de prendre part aux pourparlers qui ont été conduits à l'ONU.

Pourquoi ces sources [diplomatiques] à Jérusalem sont-elles si contentes ? D'abord, parce que le Hezbollah est tenu pour responsable de cette explosion de violence. Deuxièmement, à cause de l'attitude asymétrique concernant les deux camps de ce conflit. Le Hezbollah y est appelé à libérer immédiatement les deux soldats israéliens capturés, tandis que la libération des prisonniers libanais est mentionnée avec moins d'urgence. Ce projet appelle les FDI à cesser leurs attaques, mais établit qu'Israël a le droit de se défendre, pendant que le Hezbollah est appelé à cessez-le-feu. L'exigence israélienne d'imposer un embargo sur les armes aux forces non-gouvernementales du Liban a été acceptée, de même que l'exigence de démilitariser la zone au sud du fleuve Litani. Des sources à Jérusalem ont aussi été satisfaites de l'appel au déploiement d'une force internationale. Les détails concernant cette force seront décidés à l'occasion d'une résolution séparée du Conseil de Sécurité. Des sources à Jérusalem étaient moins heureuses de la référence indirecte au tracé des frontières internationales du Liban, suggérant par-là le retrait d'Israël des Fermes Chabaa.

L'obstacle dans ce projet est que le cessez-le-feu doit être immédiat, signifiant que les FDI peuvent maintenir les positions qui sont les siennes au sud-Liban. Ceci peut être vu comme une réussite israélienne, puisque ces positions pourraient être utilisées comme monnaie d'échange territorial qui empêchera le Hezbollah de retourner vers la frontière jusqu'au déploiement de la force internationale.

Mais on peut se demander si un long séjour au Liban et le rétablissement d'une zone de sécurité travaillera à l'avantage d'Israël ou à son désavantage, si cela accorde au Hezbollah la justification pour opérer "contre l'occupation" plutôt que de désarmer. Ces sources ont exprimé leurs doutes quant à savoir si un tel cessez-le-feu peut durer. Un autre problème, pour Israël, est que ce projet essaye de contenter les deux parties et accorde aux Libanais l'espoir de la libération des prisonniers et la récupération des Fermes de Chabaa, et ainsi diffère de la proposition du G8, émises dans les premiers jours des combats.

Israël a fait une concession majeure dans les discussions qui ont précédé la formulation de ce projet et a accepté que durant la phase initiale, la force internationale soit définie comme un renforcement de la FINUL au Liban, après qu'il a été assuré que la supervision viendrait de l'armée française. Initialement, le Premier ministre Ehoud Olmert, s'est opposé au renforcement de la FINUL, soutenant que cette force était inefficace et a exigé une nouvelle force avec mandat du Conseil de Sécurité. Il a changé d'avis après avoir réalisé que le gouvernement libanais a le droit de veto sur le déploiement de troupes étrangères sur son sol. Beyrouth est revenu sur son précédent soutien pour une force internationale à la suite de la frappe israélienne sur Cana, la semaine dernière, dans laquelle des douzaines de civils ont été tués.

Traduit de l'anglais par [JFG-QuestionsCritiques]