StatcounterUne enquête secrète, menée par l'institution de la défense et qui a duré deux ans, montre qu'il y a eu des constructions illégales endémiques dans des douzaines de colonies. Dans un grand nombre de cas, elles ont eu lieu sur des propriétés privées possédées par les Palestiniens.
L'information, contenue dans cette étude, a été présentée à deux ministres de la défense, Amir Peretz et à son prédécesseur Shaoul Mofaz. Mais elle n'a pas été rendue publique et il a été demandé à nombre de personnes ayant participé à ces investigations de s'engager à ne pas le divulguer.
Selon des sources au sein des services de sécurité, qui connaissent bien cette étude, ce document est de la "dynamite politique et diplomatique".
Lors de conversations avec Haaretz, ces sources ont soutenu que ce rapport n'est pas rendu public afin d'éviter une crise avec le gouvernement des Etats-Unis.
Le Général Baruch Spiegel, assistant du ministre de la défense, a pris sa retraite début octobre. Spiegel était aussi chargé de diverses questions concernant les territoires, dont Dov Weisglass, le chef d'état-major du Premier ministre Ariel Sharon, avait promis par écrit à la secrétaire d'Etat Condoleeza Rice de s'occuper. Ces engagements incluaient la construction des implantations illégales, l'amélioration des conditions de vie des civils palestiniens et une surveillance plus étroite de la conduite des soldats aux barrages routiers de Tsahal.
L'une des tâches de Spiegel était de mettre à jour la base de données des activités de colonisation. Durant les pourparlers avec les officiels américains et les ONG telles que La Paix Maintenant, il est apparu que l'institution de la défense n'a pas mis à jour les informations sur les implantations, qui étaient essentiellement basées sur les données fournies par l'Administration Civile dans les territoires.
Cette absence d'informations actualisées vient du fait que l'institution de la défense préférait ne pas savoir ce qui se passait. Un grand nombre de fonctionnaires clés de l'Administration Civile, à cause de leur allégeance idéologique avec les colons, ont aussi effacé activement les informations de cette base de données.
Spiegel et son équipe ont comparé les données disponibles de l'Administration Civile avec celles des Américains et ils ont effectué des douzaines de survols des territoires, utilisant des avions privés à coût très élevé, afin de compléter la base de données.
Les découvertes de cette étude, disent les sources militaires, montrent une divergence étonnante entre les données de l'Administration Civile et la réalité sur le terrain. Les données de l'enquête de Spiegel ont servi de base au rapport sur les postes avancés illégaux, préparé par le procureur Talya Sasson, et qui a été rendu public en mars 2005.
"Tout le monde parle de 107 postes avancés", a déclaré une source connaissant bien ces données, "mais il s'agit d'une variation faible. Le véritable tableau est constitué des anciennes colonies, celles qui sont 'légales'. Là, les constructions durent depuis des années, en violation flagrante de la loi et des règles de bonne gouvernance".
Il y a trois ans, lors de pourparlers avec les Américains, Israël avait promis que toute nouvelle construction dans les anciennes colonies n'aurait lieu qu'à proximité des quartiers existants. L'idée était que la construction serait limitée aux besoins de croissance naturelle des colonies et qu'un terme serait mis à l'expansion incontrôlée sur les territoires.
En pratique, les données montrent qu'Israël n'a pas respecté ses engagements : nombre de ces nouveaux quartiers ont été systématiquement construits en bordure des zones juridictionnelles des colonies, représentant ainsi un territoire bien plus vaste que ce que prévoyaient les cartes présentées.
Ces données montrent aussi que dans de nombreux cas la construction s'est déroulée sur des terres palestiniennes privées. Sur les plans d'ensemble, le plus souvent, les propriétés palestiniennes ont été incluses dans les futurs plans de construction. Ces derniers incluent des propriétés palestiniennes auxquelles l'Etat avait promis l'accès.
Cependant, en exploitant l'Intifada et en arguant que les colons ne devraient pas être exposés à des risques sur leur sécurité, les fermiers palestiniens se sont vus empêcher d'accéder à leurs propriétés, qui ont été annexées par les colonies israéliennes.
Dans un grand nombre de ces colonies, y compris celles d'Ofra et de Mevo Horon, des maisons ont été construites sur des terres palestiniennes privées.
Voici ce que nos sources ont déclaré : "Les médias parlent beaucoup de ces postes avancés, mais combien d'entre eux sont-ils réellement des colonies de grande taille comme celle de Migron ? Dans la plupart des cas, il n'y a que quelques mobile-homes. L'étude de Spiegel montre la situation réelle dans les colonies elles-mêmes - et cette situation est beaucoup plus sérieuse que ce que nous savions jusqu'à présent".
Un responsable des services de sécurité a exprimé son inquiétude qu'avec le départ en retraite de Spiegel, la base de donnée ne sera pas mise à jour et que ces données seront perdues.
"L'institution [de la défense] n'a pas forcément intérêt à préserver cette information. Cela pourrait causer un embarras diplomatique vis-à-vis des Américains et causer un scandale politique. Il se peut que certains veuillent détruire ces données", a déclaré ce responsable.
D'autres sources pertinentes disent qu'il est nécessaire qu'une source externe et objective, comme le bureau du Contrôleur des Finances de l'Etat, intervienne dans cette affaire.
Voici la déclaration que le bureau du Ministre de la Défense a émise en réponse : "Cette question est examinée en interne et le travail du personnel sera bientôt terminé. Les parties de ce rapport qui peuvent être publiées seront disponibles. Le Ministre de la Défense discutera de cette question avec le Premier-ministre, Ehoud Olmert".
En attendant, la construction s'est intensifiée dans les postes avancés. Des sources provenant du Conseil de la Yesha [le conseil des colons] disent que depuis la Guerre du Liban, "Les jeunes officiers sur le terrain sont en notre faveur et dans de nombreux cas, ils ferment les yeux en ce qui concerne les mobile-homes en place".
Traduit de l'anglais par [JFG-QuestionsCritiques]