Israël ne transférera pas
les recettes fiscales de janvier
à l'Autorité PalestiniennePar Aluf Benn, Correspondant de Haaretz
Haaretz, lundi 30 janvier 2006
Israël ne transférera pas les revenus des taxes du mois en cours collectées pour l'Autorité Palestinienne, apprend-on dimanche à Jérusalem d'une source gouvernementale haut placée.
L'Autorité Palestinienne devait recevoir un total de 200 millions de nouveaux shekels israéliens (34,6 millions €) mercredi prochain, au titre du mois de janvier.
La décision d'Israël de ne pas transférer ces fonds à l'Autorité Palestinienne a été prise à la suite de la victoire du Hamas, la semaine dernière, dans les élections parlementaires palestiniennes.
L'Allemagne et les Etats-Unis ont émis des réserves dimanche à propos du versement d'aides financières au nouveau gouvernement dirigé par le Hamas.
Selon cette source haut placée, à Jérusalem, le gouvernement doit encore décider d'un gel permanent de ces transferts d'argent, constitués de recettes de TVA et de droits de douane. On ne s'attend à ce qu'aucune décision définitive ne soit prise cette semaine à ce sujet.
Shaul Mofaz, le ministre de la défense israélien, et l'institution sécuritaire sont favorables aux transferts, parce qu'ils craignent surtout que l'Autorité Palestinienne ne s'effondre et qu'elle ne soit plus capable d'assurer les services quotidiens, ce qui aurait pour conséquence d'obliger Israël à s'occuper de ces problèmes.
D'autres dirigeants israéliens pensent qu'Israël ne devrait pas adopter une position douce, parce que si Israël transfère l'argent à l'Autorité Palestinienne, d'autres gouvernements feront de même.
"Nous n'avons aucune intention de transférer des fonds qui seront utilisés pour le terrorisme", a déclaré le Premier ministre Ehud Olmert, lors d'une conférence de presse en compagnie de la Chancelière Angela Merkel. "Il est hors de question que l'argent, que le gouvernement israélien transfère, passe sous le contrôle d'éléments meurtriers qui sont intéressés par la destruction d'Israël".
"En conséquence, à ce stade, nous étudions la situation et nous suivons les développements", a déclaré Olmert.
Selon une source diplomatique de haut niveau, "Ce qui plaide en faveur des transferts d'argent, c'est qu'il s'agit d'argent palestinien". Elle a poursuivi en disant que le fait de stopper les paiements ne constituerait pas une violation des accords passés avec l'Autorité Palestinienne, pour la bonne raison qu'Israël n'a accepté de transférer ces recettes fiscales qu'à l'ancien ministre des finances de l'A.P., Salem Fayyad. "Etant donné que Fayyad a démissionné, l'accord n'est plus valable", a-t-il déclaré.
Netanyahou a déclaré ce dimanche que l'argent ne devrait pas être transféré. "Alors que le Hamas se soulève et qu'il doit être supprimé, Olmert lui transfère de l'argent. Ce transfert d'argent au Hamas doit être stoppé immédiatement et tous les fonds du Hamas doivent être gelés. Olmert transfère de l'argent au terrorisme, ce qui résultera en la destruction d'Israël".
Le député de la Knesset Silvan Shalom a déclaré : "Si Israël transfère des fonds au Hamas, les Etats-Unis n'auront aucune raison de ne pas en faire de même et cet argent financera une armée palestinienne".
L'Allemagne et Les Etats-Unis restent prudents sur le financement du gouvernement de l'A.P. dirigé par le Hamas
"Une Autorité Palestinienne [avec le Hamas au pouvoir] ne peut être directement soutenue par de l'argent européen", a déclaré dimanche Angela Merkel, lors de sa visite en Israël. Selon des diplomates, Angela Merkel a consulté d'autres dirigeants européens avant son voyage de deux jours ici.
L'année dernière, l'Union Européenne a donné 500 millions d'Euro à l'Autorité Palestinienne, financement vital pour sa survie.
La Secrétaire d'Etat Condoleeza Rice a déclaré qu'elle était persuadée que les Nations-Unies l'Union Européenne, la Russie et autres puissances impliquées au Moyen-Orient étaient "sur la même longueur d'onde" - que les financements ne doivent pas aller au Hamas et aux autres groupes qui appellent à la destruction d'Israël.
À Washington, le chef de la majorité au Sénat, Bill Frist, a déclaré que le Congrès couperait le financement à moins que le Hamas ne change, faisant ainsi écho à l'engagement pris par le Président George W. Bush de retenir les fonds.
Traduit de l'anglais par Jean-François Goulon