Pour les Etats-Unis et Israël : Rien d'urgent Par Shmuel Rosner, correspondant en chef de Haaretz aux Etats-Unis
Rosner's blog, vendredi 22 juillet 2006
WASHINGTON —
La différence entre l'archéologie et la diplomatie, a dit un jour Thomas Pickering, est qu'en archéologie vous découvrez l'inconnu et en diplomatie vous couvrez ce qui est connu. Pickering connaît très bien l'arène israélienne, ayant servi comme ambassadeur auprès d'Israël dans les années 80 et comme ambassadeur auprès des Nations-Unies dans les années 90.
Ce sont les deux arènes sur lesquelles l'attention mondiale se concentre aujourd'hui. En Israël, la phase de découverte en est au mieux aux bunkers, aux lance-roquettes et à l'implication iranienne et syrienne. À New York, plusieurs heures plus tard, les diplomates peinent à la tâche de dissimuler. Les querelles qui éclatent entre les Etats-Unis et les autres membres de la communauté internationale se dévoilent progressivement.
Pickering était à deux doigts d'être nommé Secrétaire d'Etat lorsque les fonctions de Warren Christopher prirent fin en 1977. Mais en fin de compte, c'est un autre ambassadeur américain auprès des Nations-Unies qui fut choisi - Madeleine Albright - que l'on a pu entendre grommeler cette semaine avec constance : "Je pense toujours que nous n'avons vraiment pas besoin de nous impliquer plus", mais, "Vous ne vous contentez pas de voter une résolution et ensuite d'espérer qu'elle sera appliquée d'une manière ou d'une autre".
Et c'est précisément cette peur qui accompagnait l'héritière de son héritier au Département d'Etat, Condoleeza Rice, alors qu'elle se rendait hier à des réunions avec le Secrétaire Général Kofi Annan et les représentants du Conseil de Sécurité. Rice ne veut pas de résolutions porteuses d'un bénéfice à court-terme mais un échec inhérent à long-terme. Donc, comme dans la parodie célèbre de Kaveret, elle s'est rendue hier à l'ONU pour passer le temps, mais seulement pour trouver du temps pour encore plus de temps.
Quelques heures avant son arrivée à ces réunions, l'ambassadeur d'Israël à Washington, Danny Ayalon, rencontrait l'ambassadeur américain à l'ONU, John Bolton, héritier d'Albright et de Pickering. Bolton, lui aussi, semble ne pas être pressé du tout. Dans les discussions qui ont commencé hier et qui se poursuivront sur les prochains jours, les représentants étasuniens chercheront à comprendre dans quelle direction les Français se dirigent au Conseil de Sécurité, quel type de cessez-le-feu ils veulent, ce que ferait la force internationale qu'ils proposent et quelles seront les nouvelles règles du jeu qu'ils proposent pour le sud-Liban.
Clarifier cela prendra du temps. Dans tous les cas, les Américains ont du mal à comprendre ce que leurs alliés français veulent. Après tout, disent-ils, un Liban débarrassé du Hezbollah est un intérêt partagé par les Etats-Unis, Israël et la France, comme par les pays arabes qui craignent l'escalade. Certains Américains soupçonnent que la France veut le beurre et l'argent du beurre, être bien vue par les Arabes et bénéficier tout de même de l'entêtement des Américains.
Rice a semblé bien déterminée, hier : Le temps d'un accord n'est pas arrivé. L'agenda surchargé de la semaine prochaine servira de prétexte pour retarder les négociations et ce qui se disait à Jérusalem, hier, était que tant que Rice n'est pas revenue du Forum Régional Asiatique, qui se tient à Kuala Lumpur - dans une semaine environ - Israël peut poursuivre son opération comme elle a été prévue.
Traduit de l'anglais par [JFG-QuestionsCritiques]