Abbas prévoit de porter la garde présidentielle à 10.000 hommes Par Par Ze'ev Schiff, correspondant de Haaretz
Haaretz, 28 mai 2006
Le Président de l'Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas,
saluant ses supporters lors de la conférence au dialogue national,
qui s'est tenu à Ramallah, jeudi 25 mai 2006. (AP)
Le Président de l'Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas a l'intention d'étendre la Garde Présidentielle, placée directement sous son autorité, à des milliers de nouveaux membres, avec pour objectif ultime : une force de 10.000 hommes.
Abbas essaye de créer une force de sécurité indépendante, sous son contrôle total, qui pourrait servir à contrer les diverses milices contrôlées par le Hamas et le Fatah. Une telle force pourrait s'attacher à apporter la sécurité aux frontières et à empêcher le lancement du nord de la Bande de Gaza des fusées Qassam contre Israël.
Actuellement, la première fonction de la Garde Présidentielle est de protéger Abbas.
Jeudi, il a été annoncé qu'Israël autorisait le transfert d'une cargaison d'armes et de munitions pour équiper la Garde Présidentielle. Abbas demande à présent qu'Israël ne s'oppose pas à une aide plus importante qui permettrait d'armer une force bien plus grande. Pour l'instant, Israël n'a pas de décision à ce sujet, mais une acceptation inconditionnelle de cette requête n'est pas impossible.
Cette requête, consistant à étendre et à armer la Garde Présidentielle, qui compte actuellement 1.500 à 2.000 hommes, déployés à Ramallah et à Gaza, a été avancée pour la première fois la veille de la formation du gouvernement dirigé par Ehud Olmert, il y a environ un mois.
Cette requête a été soulevée par la suite lors de rencontres avec un grand nombre de politiciens israéliens importants, dont le député Ephraïm Sneh (travailliste) et le vice-Premier ministre Shimon Peres. En retour, ils ont porté cette requête devant Olmert et le ministre de la défense Amir Peretz.
De récents reportages parus dans la presse ont révélé que le représentant américain pour la coordination de sécurité dans les territoires, le Général Keith Dayton, est en contact étroit avec le bureau du président de l'Autorité Palestinienne et que des mesures étaient prises pour renforcer les forces de sécurité contrôlée par Abbas, en particulier, la Garde Présidentielle.
Il y a deux mois, Abbas a envoyé, avec l'encouragement des Etats-Unis, une unité de 150 membres de sa Garde, pour prendre le contrôle du passage frontalier de Rafah, au sud de la Bande de Gaza.
Les Américains ont exprimé leur satisfaction sur la manière dont les gardes d'Abbas gèrent cette opération à la frontière et espèrent voir des répliques de ce succès à d'autres passages frontaliers entre Israël et la Bande de Gaza.
L'une de ces initiatives est d'établir une Autorité des Frontières Palestiniennes, qui serait contrôlée par Abbas.
Lors de pourparlers avec les Américains sur l'extension de la Garde Présidentielle, Abbas a souligné le besoin d'élargir le mandat de cette force, qui se résume essentiellement en ce moment à la protection de sa personne, de sa résidence et de ses bureaux.
Abbas a suggéré que la Garde Présidentielle soit déployée, si le besoin s'en fait sentir, vers le nord de la Bande de Gaza afin d'empêcher le lancement des fusées Qassam à l'intérieur d'Israël.
Le dirigeant palestinien a estimé que pour que de telles opérations soient efficaces, la garde présidentielle a besoin de s'étendre à environ 10.000 hommes.
Au Ministère de la Défense et dans les diverses agences de défense israélienne on soutient cette nécessité de gonfler les capacités de sécurité d'Abbas, bien que tous ne soient pas d'accord qu'équiper une force importante est dans le meilleur intérêt d'Israël et que certains préviennent que cela est un risque disproportionné pris par Israël.
Par exemple, certains mettent en garde que si l'édification de la Garde Présidentielle échoue, la plupart des armes atterriront entre les mains du Fatah et peut-être aussi entre celles du Hamas.
Ils font remarquer que cela s'est déjà produit par le passé, lorsque Israël a accepté - et cela faisait partie des Accords d'Oslo - l'établissement d'une force de police de 18.000 hommes. Israël a alors accédé à la requête de l'ancien président de l'Autorité Palestinienne, Yasser Arafat, d'étendre cette force, d'abord à 26.000 hommes, puis à 30.000 hommes en armes, alors qu'Arafat soutenait qu'une telle force était nécessaire pour contrer le terrorisme.
Les forces armées de sécurité de l'AP finirent par s'accroître, sans l'accord d'Israël, à 50.000 hommes en armes, et 20.000 autres y furent ajoutés avant les élections de l'AP au début de l'année.
Ceux qui sont opposés au transfert des armes soutiennent qu'il y a beaucoup d'armes dans l'Autorité Palestinienne et que l'aide doit être "modérée".
L'autorisation pour le transfert initial des armes de la Jordanie et de l'Egypte a été donnée par Olmert et Peretz la veille du départ du Premier ministre, la semaine dernière, pour Washington.
Des sources au sein de la sécurité ont dit que ces armes étaient à l'usage exclusif de la Garde Présidentielle, pour répondre spécifiquement aux besoin de protection d'Abbas.
Selon le Sunday Times : Abbas prépare un coup d'Etat contre le Hamas
Les forces de sécurité palestiniennes, loyales au Président Mahmoud Abbas préparent une offensive contre l'aile militaire du Hamas, faisant monter le spectre d'une guerre civile dans les territoires entre factions, a rapporté le Sunday Times.
"Le temps du Hamas est compté", a dit au quotidien londonien un responsable de la sécurité du Fatah. "Nous choisirons le meilleur moment et le meilleur endroit pour la confrontation militaire. Mais seulement après que le Hamas n'aura plus de milices". "La guerre civile est inévitable", a dit cet officiel.
Il a aussi accusé le Hamas de comploter pour chasser Abbas du pouvoir, citant des données provenant des services de renseignements. "Je lis tous les jours les rapports des services des renseignements sur le Hamas et je sais très bien que ces personnes préparent le renversement de notre président par la force", a-t-il dit au journal.
Samedi, les factions palestiniennes ont reporté les pourparlers sur le "document des prisonniers", à la suite d'un désaccord au sein du Hamas sur les propositions qui appellent à un Etat palestinien aux côtés d'Israël sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem pour capitale.
Toujours samedi, le Hamas a rejeté le délai de 10 jours fixé par Abbas pour l'acceptation de ce document, que l'AP appelle le "Document de Réconciliation Nationale".
Samedi, le Hamas a annoncé qu'il était opposé à l'adoption en entier de ce document et à la manière dont il était formulé. Cependant, le Premier ministre de l'Autorité Palestinienne et dirigeant du Hamas, Ismail Haniyeh, a dit que la possibilité existe que de larges segments de ce document servent de base à un dialogue entre le Hamas et le Fatah.
Ce document a été élaboré début mai par des dirigeants du Hamas et du Fatah emprisonnés. Jeudi, Abbas a proposé que ce document serve de base à dialogue entre le Hamas et le Fatah et il a posé un ultimatum au Hamas, disant que si aucun accord n'est atteint d'ici 10 jours, il procéderait à un référendum national.
Le porte-parole du Hamas, Sami Abou-Zouhri, a déclaré que les dirigeants discutaient toujours du lieu [de ce dialogue]. Il a dit que la rencontre n'avait pas encore débuté parce que "la formation du comité [de négociation] n'été pas encore finalisée".
"Certaines factions veulent que le dialogue se tienne à Gaza parce que leurs représentants s'y trouvent", a ajouté Abou Zouhri. Vendredi, la direction du Hamas à Damas a rejeté la menace d'Abbas d'appeler à un référendum sur ce plan. "Le Hamas ne se soumettra pas au chantage et ne fera pas de compromis sur ses principes", a déclaré Mohamed Nazzal, membre de la direction en exil du mouvement.
Dans une déclaration émise à Gaza, le Hamas a dit qu' "il n'y a pas de base légale ou constitutionnelle pour un référendum dans l'Autorité Palestinienne" et a accusé Abbas "d'essayer de saper les résultats finaux du dialogue avant qu'il ne se tienne".
Haniyeh a adopté une position plus réservée, suggérant que la décision sur ce document doive être prise par les différents groupes palestiniens, et non par le gouvernement.
"Le gouvernement n'est pas une partie directe dans ce dialogue entre le Hamas et le Fatah. Bien sûr, j'aimerais que ce soit un succès, mais ce sont les organisations qui doivent parvenir à ces accords. Le gouvernement étudie la question du référendum au niveau constitutionnel et légal, de même qu'il étudie les implications politiques qui surgiraient d'un référendum", a-t-il déclaré.
Le chef du Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP), Ahmed Jibril, a déclaré vendredi que si le référendum devait avoir lieu, les Palestiniens en exil devraient être autorisés à voter.
Jibril a déclaré que le référendum était un sujet d'inquiétude pour tous les Palestiniens. "Si nous voulons un référendum qui représente tous les Palestiniens, alors il devrait couvrir la nation et la diaspora", a dit Jibril dans une déclaration faxée à Associated Press Son appel a peu de chance d'être entendu alors que les Palestiniens à l'étranger n'ont jamais pris part aux élections législatives ou présidentielles, tenues dans les Territoires Palestiniens.
Traduit de l'anglais par [JFG-QuestionsCritiques]