Pendant ces deux derniers mois, juillet et août, 251 Palestiniens ont été tués à Gaza et en Cisjordanie, tous par des tirs des Forces de Défense d'Israël. Environ la moitié sont des civils, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées. Plus de Palestiniens que d'Israéliens ont été tués pendant la guerre du Liban, même si les Palestiniens n'ont pas participé à la guerre et n'étaient pas soumis aux tirs des Katyoucha.
Il y a eu un gel total du processus diplomatique entre Israël et l'Autorité Palestinienne. La feuille de route n'a plus été mentionnée depuis longtemps. Il n'y a aucun désengagement et aucun réalignement. Il y a des manœuvres unilatérales et certainement aucune négociation entre les deux camps. Occasionnellement, des fonctionnaires subalternes se rencontrent pour discuter des questions quotidiennes essentielles. Et il y a eu apparemment des contacts indirects sur la libération des prisonniers palestiniens en échange du soldat israélien Gilad Shalit. Mais le seul domaine où Israël et les Palestiniens maintiennent actuellement des relations est le conflit violent : raids ; tueries, pilonnages, attaques terroristes, arrestations, barrages routiers, expropriations. Des morts et des blessés.
Il devrait y avoir une commission d'enquête d'Etat sur ce qui se produit dans les territoires palestiniens. Malgré toute l'importance et tout le choc en Israël sur ce qui s'est passé dans la guerre au Liban, cette guerre ne peut pas être comparée à ce qui se déroule depuis environ 40 ans dans les territoires occupés par Israël au moment de la Guerre des Six Jours. Quelle que soit l'enquête qui sera menée sur la guerre au Liban, elle trouvera au mieux que le Premier ministre a pris, un jour, une mauvaise décision et que le ministre de la défense et le chef d'état-major ont pris, un autre jour, des décisions incorrectes et qu'un général et plusieurs commandants de brigades n'ont pas compris ce qui se passait, une certaine nuit, sur le terrain et que la nourriture et les boissons ne sont pas arrivées à temps. Il n'y a absolument aucune comparaison entre les erreurs de ce type et la faillite fatidique de tous les gouvernements israéliens depuis 1967, eu égard à la Cisjordanie et à Gaza. Elles impliquent des décisions erronées d'ampleur historique.
La commission d'enquête de l'Etat sur les désastres engendrés par le régime israélien dans les territoires devrait inclure des historiens, des psychologues sociaux, des sociologues et des érudits en culture et en religion, et pas nécessairement d'anciens généraux et d'anciens juges de la Cour Suprême. Une telle commission découvrirait probablement qu'il y a un lien très fort entre les guerres au Liban et ce qui s'est passé entre nous et les Palestiniens pendant ces années, et que notre contrôle sur la Cisjordanie et Gaza ont contribué plus qu'un peu à la détérioration dans le Nord.
Au fil du temps, le nombre de ceux qui se souviennent de ce qui s'est passé dans les Territoires Palestiniens après 1967 se réduit progressivement. Qui se souvient, par exemple, qu'à cause de la croyance d'Israël que les dirigeants arabes laissaient exprès les réfugiés dans des situations misérables dans les camps afin de les monter contre Israël, les gouvernements israéliens ont décidé de résoudre le problème des réfugiés à Gaza par la reconstruction ? Pendant un temps, Israël a pris plusieurs mesures dans cette direction. Mais elles se sont avérées détachées de la réalité et furent stoppées. Qui se souvient que le principe de base articulé autour du ministre de la défense d'alors, Moshé Dayan, était de permettre une liberté totale de mouvement pour les Israéliens et les Palestiniens de Dan à Eilat, et que pendant plus de 20 ans, il n'y avait pas un seul checkpoint entre les territoires et l'Etat d'Israël ? Qui se souvient que Dayan a donné aussi l'ordre de réduire la présence israélienne officielle dans les territoires à son strict minimum : pas de drapeaux, pas de patrouilles et, bien sûr, pas d'implantations près des communautés arabes ?
À l'époque, il y avait aussi des attaques, mais sans aucune comparaison avec ce qui a commencé dans les années de l'Intifada. À certaines époques, il y avait moins de cinq personnes des territoires en détention administrative dans des prisons israéliennes. Aujourd'hui, comme nous le savons, il y en a des milliers.
Que s'est-il passé pendant les 20 années qui se sont écoulées depuis lors ? Dans les premiers temps, les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie aimaient-il le régime israélien ? Bien sûr que non ! Alors, comment en sommes-nous arrivés là ? La responsabilité réside-t-elle dans l'entreprise de colonisation, qui a créé un Apartheid flagrant dans les territoires et conduit à des sentiments d'amertume et de privation, la sensation d'avoir été volé ? Ou peut-être que les décisions prise à propos de Jérusalem-Est ont été mal interprétées ? Quel fut le résultat des erreurs dans les Accords d'Oslo ? Et où la clôture de séparation nous mène-t-elle ? Tout ceci est de loin beaucoup plus important que ce qui vient juste de se produire au Liban et c'est cette situation qui devrait être sujette à une commission d'enquête de l'Etat.
Traduit de l'anglais par [JFG-QuestionsCritiques]