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   Hypocrisie à Jérusalem
    Par Haaretz Editorial, Haaretz, 31 mai 2006

Il est difficile de comprendre la logique qui se trouve derrière la décision du ministre de l'intérieur d'expulser les parlementaires palestiniens appartenant au Hamas qui vivent à Jérusalem-Est, sauf s'ils démissionnent dans les trente jours de leurs postes au sein de l'Autorité Palestinienne. Cette décision, qui a été prise pendant le gouvernement intérimaire dirigé par Ehud Olmert, ravive des souvenirs oubliés lorsque Olmert était le maire de Jérusalem. À cette époque, avant le "big bang" au sein du Likoud, des ordres de démolir des maisons à Jérusalem-Est furent émis et la porte était grande ouverte aux organisations juives qui construisent dans les quartiers arabes. Tout ceci travaillait dans le but de saper les Accords d'Oslo et le plan de Clinton, qui proposaient de laisser les quartiers arabes de Jérusalem aux Arabes et les quartiers juifs aux Juifs. Olmert ferma aussi la Maison de l'Orient à un moment où le Fatah, pas le Hamas, contrôlait l'AP.

Le Parti Kadima fut d'abord créé pour faire avancer l'agenda opposé, la séparation d'avec les Palestiniens, en même temps que l'établissement d'un Etat palestinien indépendant. Le gouvernement de Sharon autorisa à la fois les habitants de Jérusalem-Est et le Hamas à se présenter aux élections de l'AP ; il autorisa aussi les habitants de Jérusalem-Est à voter dans ces élections, comme le demandaient les Accords d'Oslo.

Il y avait ceux qui pensaient que le Hamas ne devait pas être autorisé à se présenter aux élections, parce que c'est une organisation terroriste. Mais en fin de compte, cette position ne fut pas adoptée. Ceux qui approuvaient la participation du Hamas auraient pu prévoir qu'un candidat du Hamas de Jérusalem-Est pouvait être élu. Les quatre candidats à l'expulsion (dont trois sont des ministres de l'AP) ont agi conformément aux règles établies par Israël et la communauté internationale, qui a supervisé ces élections. Ils ne sont pas accusés d'être personnellement impliqués dans la terreur. Ils n'avaient pas caché leur affiliation au Hamas, qui était un parti légitime dans ces élections. Des milliers d'habitants de Jérusalem-Est ont voté pour eux et les considèrent comme leurs représentants élus. Il est toujours possible de prétendre que des "élections démocratiques" dans lesquelles une organisation terroriste participe sont par définition non-démocratiques, mais un tel argument ne peut pas être soulevé après les faits.

Jérusalem est apparemment unie et beaucoup de chansons célèbrent cette ville. Mais en pratique, Jérusalem-Est reste un corps étranger qui inclut des résidents permanents, des personnes qui ont été annexées par Israël, mais qui, à la satisfaction des deux côtés, n'ont jamais été faits citoyens. L'Etat a toujours voulu les quartiers arabes de Jérusalem, mais pas leurs 230.000 habitants. La clôture qui est en construction à travers la ville annexe une grande portion de ses habitants non désirés, d'une manière qui contrevient à la fois à leur affiliation politique naturelle et aux intérêts démographiques d'Israël. La seule raison qui pourrait éventuellement être avancée pour poursuivre la situation actuelle est que se séparer de l'immobilier de Jérusalem-Est est trop douloureux.

Israël a du mal à formuler une position logique et cohérente en ce qui concerne Jérusalem-Est et, par conséquent, ce sont des mesures incohérentes et hypocrites qui ont été prises. La décision de permettre aux habitants de Jérusalem-Est de participer aux élections de l'AP fait partie de cette même dualité. Les habitants de Jérusalem-Est vivent ici, votent pour l'AP et sont citoyens de Jordanie. Au lieu de renvoyer les parlementaires palestiniens de la partie Est de la ville, il serait meilleur de retirer Jérusalem-Est de l'Etat d'Israël et de le transférer à l'Autorité Palestinienne.

Traduit de l'anglais par [JFG-QuestionsCritiques]