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Proche Orient: sortir de la crise

Par Dominique Strauss-Kahn,
le 18 juillet 2006


La tension monte au Proche Orient et il me semble utile de tenter d’analyser la situation.

Malgré la symétrie apparente, la situation sur les deux fronts (Gaza et le Liban) n’est pas la même. Gaza reste un morceau libéré d’un Etat qui n’est pas encore souverain et dont une partie du territoire reste occupée. Le Liban, lui, est un Etat souverain dont la frontière avec Israël a été précisée au mètre près par l’ONU. Aussi, du point de vue du droit international, l’intervention du Hezbollah est une agression à partir d’un Etat vers un autre. Le Liban ne peut être un Etat souverain qui condamne la violation de son territoire et ne pas contrôler ce même territoire ce que lui enjoint la communauté internationale sous la forme de la résolution 1559.

Bien entendu, le problème n’est pas simplement un problème de droit international. La question est celle du rapport de force au Liban, autour du Liban et au-delà du Liban. Les libanais veulent vivre en paix et le Hezbollah qui est en perte de vitesse depuis le relatif retrait syrien consécutif à l’assassinat d’Hariri ne peut survivre que dans une situation de conflit. La normalisation progressive de la vie libanaise finirait par lui être fatal.

En même temps, le Hezbollah est un instrument dans les mains de Téhéran (souvent via Damas) qui fournit l’argent et les armes et qui décide des moindres initiatives. Dans la crise actuelle, nul doute que l’Iran trouve un moyen de relâcher la pression qui s’exerce sur ses ambitions nucléaires.

Je suis surpris et inquiet de ce que le Conseil de sécurité se soit pour le moment contenté de blâmer le Hezbollah. Il faut maintenant proposer une voie pour sortir de la crise.

Les principes doivent en être les suivants.

1. Libération des otages détenus par le Hezbollah. Instauration d’un cessez le feu.

2. Israël doit montrer de la retenue parce que le Liban ne peut pas évoluer sous la pression.

3. La résolution 1559 sur le désarmement des milices armées au Liban doit être appliquée.

Il appartient aux autorités libanaises de faire le point sur la participation du Hezbollah au gouvernement libanais.

4. Les différentes nations du G8 et l’Union européenne doivent transmettre ce message aux différentes parties prenantes.

La situation au Liban ne peut faire oublier celle de Gaza même si elle est de nature différente. Israël doit être invité à cesser son action militaire et le Hamas doit reprendre le processus de reconnaissance d’Israël qui a été entamé et assurer la libération du soldat prisonnier.

dsk