Après le temps de la très vive émotion, du nécessaire recueillement et de l’hommage que la Nation se doit de rendre à ses fils tombés au champ d’honneur, le temps de la réflexion doit désormais venir pour que le sacrifice de nos soldats ne soit pas vain et ne s’inscrive pas dans le trop vaste chapitre des pertes et profits de l’Histoire.
Le combat contre le terrorisme est incontournable et personne ne peut faire reproche à la France de s’y engager.
Mais combattre le terrorisme, notamment islamiste, n’est pas seulement une question militaire- sauf frappe chirurgicale- c’est d’abord une affaire politique qui exige une action à l’intérieur de l’idéologie intégriste. Tout combat de l’extérieur de l’idéologie ne fait que renforcer la cause qui se nourrit de ses martyrs victimes des mécréants ! Seuls des musulmans ont la capacité de vaincre l’intégrisme islamiste qui est avant toute chose une dérive de cette religion holistique.
De surcroît en Afghanistan il ne s’agit pas d’une simple question de terrorisme, les talibans au-delà de leur soutien à Al Quaidah sont d’abord des insurgeants opposés au pouvoir central de Kaboul menés par des chefs de guerre jaloux de leur indépendance. Leur combat est d’autant plus déterminé qu’ils ont toujours combattu l’étranger depuis l’aube des temps, or à leur yeux les forces de l’OTAN sont des forces étrangères qui doivent quitter leur pays !
Pour venir à bout de leur action il faudrait des centaines de milliers d’hommes pour pacifier l’Afghanistan, l’Histoire nous l’a enseigné en Algérie, et cette pacification ne serait que de courte durée après le départ inéluctable des forces étrangères.
Ce sont les raisons structurelles de l’échec annoncé des forces de l’OTAN qui jour après jour montent en première ligne et apparaissent jour après jour comme des forces étrangères impies à chasser.
Cette guerre est un piège, cette guerre ne doit pas être celle de la France. La France peut former des militaires afghans pour se battre, elle ne peut se battre à leur place sinon elle sera entraînée dans un implacable engrenage jusqu’à l’échec !
Paris, le 20 août 2008