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Opinion

Le retour de la France dans l’OTAN : l’abandon

par Jacques MYARD,
Député UMP,
Président du Cercle Nation et République
publié le 17 mars 2009


La France, par la voix du Président de la République et un vote contraint à l’Assemblée Nationale, s’apprête à réintégrer complètement les structures de l’OTAN - en dehors, il est vrai, du Comité Nucléaire.


Cette décision appelle des critiques en sept points.

1- Sur le plan militaire

Il est exact que l’OTAN a évolué et qu’elle n’est plus la structure intégrée qu’elle fut au moment où le Général De Gaulle décida de la quitter. Il est exact que nous resterons libres ou non de participer à des opérations menées par l’OTAN dans le cadre des décisions du Conseil de Sécurité, conformément à la maxime attribuée à [Donald] Rumsfeld « c’est la mission qui commande la coalition ». Par rapport à la situation d’aujourd’hui, la France participe déjà à des opérations de l’OTAN et à de nombreux comités de l’organisation. Il n’y aura donc aucun changement notable de la situation proprement militaire.

2- Sur le plan de l’influence

La France gagnera-t-elle en influence en envoyant à l'OTAN quelque 800 officiers supérieurs et généraux contre une centaine actuellement et en prenant, si cela se confirme, le commandement de la planification de Norfolk, voire celui de Lisbonne ? En dehors d’un déroulement heureux de carrière des officiers français, il est illusoire de croire que nous serons capables d’influencer cette machine qui demeure une machine à concepts politico- militaires nord-américains. Depuis 50 ans, les Anglais prétendent qu’ils influencent la politique américaine dans ce domaine. Rien n’est moins vrai.

3- Sur le plan de l’armement

La France est le seul pays européen capable de développer pratiquement toute la gamme des armements, à condition d’avoir la volonté de les financer, alors que nos partenaires européens ont finance la recherche du développement des matériels américains, comme c’est notamment le cas dans l’avion du combat futur ACF. Le risque est donc grand qu’au nom d’économies, on fasse pression sur le France pour adopter des matériels nord-américains au nom de l’interopérabilité et de la comptabilité.

4- Le rôle de l’OTAN ?

Nous sommes entrés de plain-pied dans l’ère des puissances relatives. Il ne s’agit plus de combattre blocs à blocs mais de contrer des menaces transnationales multiples comme le terrorisme. Est-il, dès lors, opportun de reconstituer un bloc euro-atlantique, un Occident croisé pour porter le fer sur toute la planète ?

5- Que reste-t-il de la défense européenne ? Il nous est dit: »

a) Nous sommes pour la Défense européenne

b) Nos partenaires européens sont dans l’OTAN et pour l’OTAN

c) Nous rallions l’OTAN pour rallier nos partenaires à la Défense européenne. Sic !

Ce syllogisme ne manque pas de sel et se révèle totalement illusoire puisque tous nos partenaires ont clairement indiqué dans le Traité de Lisbonne – article 42-7 – que leurs engagements, en matière de sécurité, « demeurent conformes aux engagements souscrits au sein de l’OTAN, qui reste, pour les Etats qui en sont membres, le fondement de leur défense collective et l’instance de leur mise en œuvre ». cela réduit à néant totue idée de défense européenne.

6- Sur le plan diplomatique

La France bénéficie, depuis plus de 50 ans maintenant, d’une indépendance de jugement et d’un regard sui generis apprécié sur toute la planète. Il n’est pas exagéré de dire qu’il y a attente de France partout dans le monde. Rallier l’OTAN donne un très mauvais signal à tous les Etats et à tous les peuples qui ne se reconnaissent pas dans une vision euro- atlantique manifeste. C’est une faute, à un moment où les défis mondiaux vont aller grandissant.

7- L’OTAN, une machine culturelle nord- américaine

Au-delà de la fonction proprement militaire, l’OTAN concourt directement à la stratégie d’influence des Etats-Unis sur le plan linguistique et sur le plan culturel. La Le sabir nord-américain tient lieu de langue de travail exclusive et, par mimétisme, il est édifiant de constater que, par exemple, la force de gendarmerie « européenne » entre l’Italie, l’Espagne et la France n’emploie que l’anglais comme langue de travail. Tout cela, en raison de l’osmose de nos partenaires avec la machine OTAN auquel nous acquiesçons.


Pour toutes ces raisons, je ne peux soutenir une décision qui a toutes les caractéristiques d’un abandon.