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Opinion

Retour complet dans l'Otan: NON !

par Jacques MYARD,
Député UMP,
Président du Cercle Nation et République
le 18 février 2009


Jacques Myard se félicite du débat qui est engagé à l'Assemblée Nationale sur l'éventualité – qui semble acquise – du retour complet de la France dans l'organisation militaire de l'Alliance Atlantique.

Il constate que malheureusement ces dernières années, l'Otan s'est élargie géographiquement, a élargi ses missions pour devenir une organisation globale sans que cela ait donné lieu à débat au sein du Parlement, ce qu'il a toujours dénoncé.

La question posée aujourd'hui de franchir un nouveau pas en ralliant le Comité des plans suscite à juste titre de multiples interrogations, même si on doit reconnaître que l'Otan actuelle n'a plus rien à voir avec l'Organisation que le Général de Gaulle a quittée en 1966 puisqu'il n'y a plus de troupes prépositionnées, donc intégrées, pour faire face au pacte de Varsovie d'alors.

Il est exact que l'Otan d'aujourd'hui est une organisation à la carte, selon le fameux axiome posé par l'ancien chef du département à la défense américain, D. Rumsfeld, « c'est la mission qui commande la coalition ».

Il n'en demeure pas moins que la « réintégration » complète de la France dans l'appareil de l'Otan, à l'exception du Comité Nucléaire, constitue une double illusion au regard des objectifs recherchés et, avant toutes choses, une faute diplomatique.


Il s'agit d'une double illusion

Tout d'abord:

L'argument officiel est de prétendre que la France sera ainsi capable de peser sur les choix stratégiques de l'Otan, la meilleure preuve étant que nous devrions obtenir le commandement de Norfolk qui est chargé de la transformation militaire de l'Otan et donc de la conception géostratégique de l'Alliance.

Rien n'est moins vrai ! L'Otan est une organisation politico-militaire américaine qui participe à la stratégie d'influence des Etats-Unis. Son logiciel est élaboré exclusivement à Washington. Le fait que des officiers supérieurs et généraux français intègrent la Structure n'y changera rien. L'expérience des Anglais, à ce propos, est révélatrice, eux qui prétendent que coller aux Américains leur donne voix au chapître à la Maisons-Blanche. La réalité démontre tout le contraire, sans mentionner le fait que l'Otan constitue une machine culturelle et linguistique qui impose à tous l'utilisation de l'anglais nord-américain.

Deuxième illusion, l'européanisation de l'Otan ?

Le syllogisme officiel qui est de dire: 1° Nous sommes pour une défense européenne 2° Nos partenaires sont pour et dans l'Otan 3° Rallions l'Otan pour amener nos partenaires sur une défense européenne, est d'une rare naïveté.

Nos partenaires ont clairement indiqué, conformément à l'article 42.7 du traité de Lisbonne, que « les engagements et la coopération dans ce domaine demeurent conformes aux engagements souscrits au sein de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord, qui reste, pour les Etats qui en sont membres, le fondement de leur défense collective et l'instance de sa mise en oeuvre. »

De surcroît, aucun des Etats européens ne souhaite créer de doublons organisationnels, les Américains gardant en fait un droit de veto sur l'utilisation des moyens de l'Otan et laissant aux Européens le soin de monter des opérations de police conformément aux déclarations de Petersberg de 1992 ou dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité des Nations-Unies.

Il est certain que, la France ralliant définitivement l'Otan, il faudra désormais parler au passé de la défense européenne.

C'est, enfin et surtout, une erreur diplomatique.

La France, depuis 1966, a gagné une crédibilité d'indépendance diplomatique. Le ralliement à l'Otan met à mal cette crédibilité et le monde voit se reconstituer une sorte de « bloc euro-atlantique » alors même que l'on veut créer un dialogue euro-méditerranéen et que la France, à juste titre, veut avoir des positions sui generis au Proche et au Moyen-Orient.

Ce projet de décision de rallier l'Otan crée une confusion inopportune et regrettable dans le positionnement de la France sur la scène internationale.

Jacques Myard, pour toutes ces raisons, est fermement opposé au retour complet de la France dans l'appareil militaire de l'Alliance Atlantique, qui n'apporte rien sur le plan militaire, renvoie aux calendes grecques la défense européenne et remet en cause la crédibilité de l'indépendance diplomatique de la France.