L’affirmation de Xavier Darcos, ministre de l’éducation nationale, selon laquelle nos enfants doivent être bilingues français/anglais à la fin des études secondaires, est étonnante et traduit une singulière incompréhension du monde actuel.
Personne ne peut nier que l’anglais est effectivement une langue internationale mais la privilégier à ce point constitue une faute sans appel.
- C’est une faute car l’anglais perdra son monopole dans les années qui viennent et la marche vers le multilinguisme est inéluctable avec l’émergence du chinois, de l’espagnol, du russe, de l’arabe.
- C’est une faute politique au moment où l’on développe une stratégie d’influence à l’égard de nos partenaires européens qui cesseront d’enseigner à leurs enfants le français puisque les Français eux-mêmes ignorent superbement les autres langues européennes comme l’allemand, l’italien ou l'espagnol.
- C’est une faute de généraliser l’apprentissage de l’anglais alors même que le poids relatif des Etats-Unis ira décroissant. Ce n’est pas rendre service à nos enfants que de les inciter à ignorer les autres langues : un ingénieur qui maîtrisera correctement une autre langue aura bien davantage de valeur que la multitude de ceux qui parleront l’anglais.Rarement la pensée unique linguistique ne se sera-t-elle autant fourvoyée qu’avec cette prétention. L’avenir est à la diversité linguistique, non à une vision du monde des années soixante largement obsolète.
Jacques Myard