accueil > archives > élections 2008


US 2008

Obama érode le noyau électoral de Clinton
alors que l'impasse démocrate se débloque

Par Leonard Doyle à Washington
The Independent jeudi 14 février 2008

article original : "Obama erodes Clinton's core vote as Democrat deadlock is broken"

(AP)
Le meeting de victoire d'Obama dans le Wisconsin l'a vu
entouré d'une mer de supporters multiraciaux agitant des
bannières et acclamant ses slogans désormais familiers

Avec huit victoires consécutives, Barack Obama devance sa rivale, Hillary Clinton, dans cette campagne auparavant improbable pour devenir le prochain candidat démocrate à la présidence des Etats-Unis.

Le centre de la campagne se déplace à présent vers le Wisconsin et Hawaï, où M. Obama est né d'un père kenyan et d'une mère blanche, il y a 46 ans. La frénésie médiatique entourant cette course à la Maison-Blanche est telle désormais que rien de moins qu'une défaite cuisante de son opposante dans ces primaires de mardi prochain sera perçue comme un faux pas.

Hier, M. Obama a reçu un autre coup de pouce lorsque le président de la campagne de Bill Clinton en 1992 lui a apporté son soutien. David Wilhem est basé dans le Wisconsin et est un "super-délégué". Son soutien est donc plus que symbolique. Pendant ce temps, M. Obama condamnait et attaquait Mme Clinton et les républicains sur l'économie, en disant : "nous ne sommes pas au bord d'une récession due à des forces que nous ne contrôlons pas", mais que "c'était un échec des dirigeants et un manque d'imagination à Washington - le point culminant de décennies de décisions prises ou remises à plus tard sans tenir compte des réalités d'une économie mondiale".

En écrasant Mme Clinton mardi en Virginie, dans le Maryland et à Washington DC, les fameuses primaires du Potomac, M. Obama a capté un soutien impressionnant de tous les groupes de supporters. En gagnant le soutien des femmes, il a ôté l'un des derniers remparts qui soutenait la campagne de Clinton. M. Obama a remporté 75% des suffrages à Washington DC et près des deux-tiers en Virginie. Dans le Maryland, il a pris environ 60% des voix.

Pendant toute la journée d'hier, les commentateurs politiques ont débordé de louanges pour la campagne d'Obama, faisant remarquer qu'il a exploité l'exigence populaire d'un changement à Washington. Son appel pour un changement global de la façon dont les politiciens de Washington sont financés par les lobbyistes et les initiés et les accords qu'ils passent avec eux a résonné auprès des Américains qui sont confrontés à un chômage croissant, des revenus en chute libre et un avenir économique incertain. Ils soutiennent son exigence d'un changement plus profond que de simplement trouver un remplaçant démocrate au très impopulaire George Bush.

La Sénatrice Clinton a déclaré aux électeurs qu'elle a 35 d'expérience de gouvernement et qu'elle est "apte et prête" à prendre la place de George Bush. Le problème, dit l'expert politique Chris Matthews, "est que personne ne veut d'un remplaçant à George Bush, ils ne veulent plus d'un président qui ressemble à cela".

Dans le discours de victoire de M. Obama, devant 18.000 supporters en liesse à Madison, dans le Wisconsin, il s'est mis en ordre de bataille contre les "Républicains Bush-McCain", agissant comme s'il avait déjà remporté assez de délégués pour être le candidat démocrate en novembre.

Le Sénateur John McCain a aussi remporté haut la main trois primaires contre son opposant Mike Huckabee. Et M. Obama se comporte déjà comme si un affrontement McCain-Obama en novembre était désormais inévitable.

"John McCain est un héros américain", a dit M. Obama à la foule qui l'acclamait, reconnaissant les cinq longues années de torture et d'emprisonnement que son opposant a passées dans une prison nord-vietnamienne. "Nous rendons hommage au service qu'il a rendu à la nation. Mais ses priorités ne répondent pas aux vrais problèmes du peuple américain, parce qu'elles sont liées à la politique du passé qui a échoué".

M. McCain a rapidement riposté, déclarant lors d'un meeting de victoire en Virginie que, plutôt de proposer "des idées sensées et éprouvées qui se fient à la force et au courage d'un peuple libre", M. Obama proposait "non pas une promesse d'espoir, [mais] une platitude".

"Mes amis", a déclaré M. McCain, reprenant à son compte l'un des refrains de campagne de M. Obama, "Je vous promets que je suis gonflé à bloc et prêt à y aller". Mais le défi auquel M. McCain est confronté à 71 ans était évident de la part des supporters âgés dont il était entouré. "Ils donnaient l'impression d'avoir été rassemblés à un hospice pour personnes âgées des environs", a déclaré l'irascible Pat Buchanan, un ancien candidat républicain à la présidentielle devenu expert pour la télé.

En contraste, le meeting de victoire d'Obama dans le Wisconsin l'a vu entouré d'une mer de supporters multiraciaux agitant des bannières et acclamant ses slogans désormais familiers.

Pendant ce temps, Mme Clinton était à El Paso, au Texas, essayant d'étayer son soutien auprès des électeurs hispaniques et ne mentionnant même pas dans son discours la raclée qu'elle venait juste de recevoir dans les primaires du Potomac. Mme Clinton a donné dans son discours tout ce qu'elle avait et celui-ci à été retransmis sur plusieurs chaînes de télévision. Mais son manque d'écoute, combiné avec un ton dictatorial et une tendance à parler d'elle sur un ton monotone, a laissé l'auditoire sans inspiration.

M. Obama dispose d'un immense avantage sur Mme Clinton dans les derniers stades de la course à la nomination. Il a inversé ce qui semblait être une avance à toute épreuve [de Mme Clinton] dans le scrutin national. Il dispose d'un trésor de guerre de dizaines de millions de dollars et il bombarde déjà des Etats comme le Wisconsin, le Texas et l'Ohio de publicités en flou artistique le montrant dans une lumière présidentielle. Bien que Mme Clinton l'ait privé de victoire dans les Etats riches en délégués de Californie, de New York et du New Jersey, il a remporté plus de primaires en tout.

M. Obama est aussi en tête dans le décompte crucial de délégués, qui lui sont acquis pour la conférence de nomination fin août. Une majorité de "super-délégués" triés sur le volet préfèrent toujours Mme Clinton. Mais l'on s'attend à ce que ces militants et politicards se rangent du côté d'Obama "comme des oiseaux sur une ligne électrique", s'il devient clair qu'il a un soutien populaire écrasant au sein du parti.

Il faudra probablement attendre pour cela les prochaines primaires importantes du 4 mars, lorsque le Texas et l'Ohio voteront.

M. Obama dispose à présent de 1.223 délégués, incluant des super-délégués. Mme Clinton en a 1.198 et est passée derrière lui pour la première fois depuis le début de la campagne. Aucun candidat n'est proche des 2.025 délégués nécessaires pour remporter la nomination.

Traduit de l'anglais par [JFG-QuestionsCritiques]